Qu’est-ce que l’art ? Nul besoin de tourner autour du pot : une définition unanime n’existe pas. Il y a autant de réponses à cette question qu’il y a d’individus. «Quel chef d’œuvre !», « Que c’est laid ! »,  « Comment peut-on appeler ça de l’art ? », « Cette peinture est truffée de symboles », « C’était un génie ! ». Des réactions épidermiques aux analyses académiques, l’art nous touche à des degrés différents parce que nous avons, chacun, une histoire singulière remplie d’expériences uniques, de faits de vie individuels et de ressentis. Mettez cent personnes devant La Grande Vague de Hokusai et vous aurez cent individualités qui réagissent différemment à l’œuvre. Écrire cela est une banalité qui a son importance quand il s’agit d’art puisque nos différences montrent à quel point il n’y a pas qu’une seule et unique porte d’entrée pour regarder une œuvre. 😉

L’article qui suit n’a pas la prétention d’égaler celui de spécialistes mais de donner une vue généraliste depuis les débuts de l’art jusqu’à nos jours. Il m’a fallu faire des choix quant au contenu, vous ne retrouverez pas Léonard de Vinci à qui j’avais déjà dédié un article ni de Jérôme Bosch ou Rembrandt mais d’autres artistes qui ont aussi influencé leur époque et qui continuent de trouver un certain écho de nos jours.


L’art préhistorique

Il faut remonter le temps afin de trouver les premières traces d’art préhistorique. La plus ancienne serait la représentation d’une scène de chasse sur la paroi d’une grotte sur l’île des Célèbes (Indonésie). D’après les techniques de datation, cette peinture rupestre aurait été réalisée il y a 44 000 ans. Même si des milliers d’années ont altéré cette œuvre, on peut déjà distinguer clairement des mains sur la gauche ainsi que des cochons sauvages.

Première œuvre d’art pictural sur l’île de Sulawesi (Indonésie)

Un autre exemple d’art préhistorique se trouve en France. Il s’agit des peintures de la grotte de Lascaux. Elles auraient été réalisées Il y a plus de 21 000 ans et montrent à quel point l’Homme de l’époque glaciaire avait déjà un sens aigu de la représentation puisque les animaux que l’on peut voir à Lascaux sont non seulement facilement reconnaissables mais certains sont aussi en couleur. Alors pourquoi les hommes ont-ils dessiné des animaux sur les parfois? L’hypothèse la plus vraisemblable est que les chasseurs de cette époque conférait un pouvoir magique à la peinture. Dessiner leurs proies dans un endroit sacré leur permettait d’attirer, du moins le croyaient-ils, la chance et l’abondance quand ils devaient chasser. La symbolique de l’animal chez certains peuples primitifs est d’autant plus forte qu’ils pensaient que tel ou tel animal était une personnification fabuleuse de leur propre tribu. Cela explique nombre d’évocations animalières que l’on retrouve dans les masques, les danses et autres rites. Nous aurions tort d’être condescendant envers ces peuples qui ont tout simplement inventé le symbole. Au fond, qu’y a-t-il de tellement différent entre une peinture rupestre et une fresque de street-art si ce n’est la technique ? 🎨

Une partie de la grotte de Lascaux avec les peintures rupestres au niveau du plafond (Adibu456 – CC BY-ND 2.0)

Le site officiel de l’archéologie française vous permet une immersion virtuelle dans cette grotte: https://archeologie.culture.fr/lascaux/fr/visiter-grotte-lascaux/salle-taureaux

L’art égyptien

Vers l’an 3000 avant notre ère est apparue une civilisation qui continue de passionner les férus d’Histoire et d’Art. Que cela soit au travers de leurs bâtiments, de leurs statues emblématiques ou de leurs peintures, les égyptiens ont tous une uniformité autoritaire. Peu importe le support utilisé, nous savons presque instantanément qu’il s’agit d’art égyptien. Nous retrouvons dans chaque œuvre une régularité dans le mouvement et une série de lois qui étaient enseignées à chaque artiste : Le teint des hommes devait être peint de manière plus sombre que celui des femmes, la représentation des dieux était strictement codifiée. En outre, chaque artiste devait respecté les règles calligraphiques symbolisées par des hiéroglyphes. L’art égyptien a une telle identité que l’on peut aisément avancer qu’il s’agit du premier style réellement construit en tant que tel. À notre époque on appellerait cela … une charte graphique !

Reproduction du Livre des morts (1285 avant notre ère) où l’on voit l’ordonnancement des hiéroglyphes, des postures, des dieux ainsi que de l’utilisation stricte des couleurs.

L’art grec (ou héllénistique)

Une des premières révolutions modernes de l’art intervient dans la Grèce antique. Les artistes grecs avaient, certes, hérité du savoir-faire égyptien mais ils ont commencé à faire travailler leur imagination individuelle en se détachant du carcan égyptien. Une des activités artistiques où cette évolution est clairement visible est la sculpture. L’artiste grec étudie avec précision l’anatomie du corps et arrive peu à peu à la traduire au niveau artistique. Le visage est de plus en plus ressemblant, le torse se bombe, les pieds deviennent réalistes, certains trouvent même le moyen de rehausser le coin des lèvres de leurs sculptures afin d’esquisser un sourire et donc, pour la première fois, d’apporter de l’émotion dans l’art.

Au fil des siècles les statues atteignent des niveaux de perfection jamais égalés. Le corps des sculptures grecques est idéalisé, il représente le sublime et permet aux citoyens de l’époque de viser un modèle de réussite absolu.

Sculpture en marbre représentant le mythe de Laocoon et de ses fils attaqués par des serpents – art grec (vers 40 avant notre ère).

Une autre invention que l’on doit à la civilisation grecque fut la création de trois styles architecturaux qui déterminaient les proportions, les formes et la décoration de toute partie construite en élévation. Loin d’être uniquement une ornementation de colonnes ces trois styles remplissaient un rôle structurel pour les édifices. Le style dorique fut le premier à voir le jour, on le reconnait aisément à ses colonnes simples mais massives telles celles du Parthénon. Le second est le style ionique qui s’inspire du dorique tout en l’affinant et en le décorant sur sa partie supérieure. Enfin le style corinthien a encore été un peu plus loin puisqu’il faisait la part belle à une décoration recherchée tout en volutes sur le thème du végétal.

Les trois ordres architecturaux de l’architecture grecque de l’hôtel d’Assézat (Frédéric Neupont, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons)

L’art romain

L’Histoire du monde a des ressorts qui se répètent presque inlassablement. Ainsi quand une civilisation tend à disparaître c’est parce qu’elle se fait bousculer par une autre. Ainsi disparu peu à peu la Grèce antique sous la domination romaine. Les fioritures idéalisées de l’art grec ont laissé la place à une recherche de réalisme et cela se voit sur les bustes des empereurs romains qui étaient une authentique représentation de ce qu’était le vrai visage des célèbres monarques. Il y avait dans la civilisation romaine une appétence pour le réel que l’on ne retrouve pas dans la Grèce antique. Il n’y a pas de hasard si l’aménagement de l’espace (route, ponts, aqueducs, amphithéâtres, etc.) pris une dimension résolument moderne depuis Rome.

Buste de Vespasien (1er siècle de notre ère) où l’on peut remarquer que les romains aimaient tirer le portrait de leurs empereurs … sans aucune flatterie.

L’art islamique

L’Orient, et plus spécialement l’Islam, a donné lieu à une créativité artistique différente. À l’origine il était interdit de représenter l’être humain en image, et cette interdiction était d’autant plus forte quand il s’agissait de Dieu (Allah), une règle qui est toujours d’applications de nos jours. Cette loi iconoclaste n’a pourtant pas enterré l’instinct créatif de l’Homme, ainsi qui ne connait pas l’arabesque ? Ce motif oriental représenté sous forme de mosaïque et qui décore de nombreux palais dont celui de l’Alhambra. Ce travail subtil sur les lignes courbes, que l’on retrouve aussi sur les tapis d’orient, laisse à penser que la dentelle (créée des siècles plus tard) trouve son origine du côté de l’arabesque. 😉

Arabesques du palais de l’Alhambra à Grenade (Espagne).

L’art chinois

Encore un peu plus en Orient se trouve une autre civilisation qui travailla l’art sous la perspective de la courbe. Il s’agit de la Chine. Depuis leur travail du bronze jusqu’aux estampes, il est rare d’y trouver une ligne stricte et droite. Pourquoi ? Parce que la culture asiatique avait un rapport étroit avec la nature et que dans cette dernière tout est sinueux. De chaque partie d’un être vivant jusqu’aux paysages, la courbure était partout. Cette observation se retrouve sur ce dessin daté du XIIème siècle où l’on peut remarquer cet attrait pour le mouvement arrondi.

Détail d’une œuvre chinoise (encre et couleurs sur soie) extraite d’un rouleau impérial portant le nom de « Conseils de la monitrice aux dames du Palais ». British Museum.

L’art médiéval

Revenons en Europe où l’art, pendant la période médiévale, prit une nouvelle direction. En effet, le christianisme était bien installé sur le Vieux Continent et les représentations religieuses fleurissaient un peu partout. C’est à travers celles-ci que l’on a pu se rendre compte que l’artiste médiéval s’émancipait du carcan de ses prédécesseurs égyptiens, grecs ou romains. L’artiste du Moyen Âge apportait une touche réellement personnelle à l’œuvre qu’il créait. Il n’est pas rare de voir des sujets similaires traités de manière fort différente dans la peinture de cette époque comme on peut le voir dans les deux tableaux ci-dessous qui représentent la même scène de Saint-Mathieu et tout deux peint à quelques années d’intervalle.

La peinture de gauche respecte à la lettre le modèle imaginé de Saint-Matthieu tandis que celle de droite s’attache au ressenti d’un homme extrêmement concentré sur sa tâche d’écriture. L’œuvre de gauche est exposée au musée d’Histoire de l’art de Vienne tandis que celle de droite est issue de la bibliothèque municipale d’Epernay.

L’art gothique

À l’opposé de l’Orient qui a longtemps ancré l’art dans la permanence sans y apporter de bouleversement majeur, l’art en Occident a toujours été chamboulé par de nouvelles techniques, de nouveaux styles et de nouvelles idées. Un des plus célèbres est sans doute l’art gothique. Il fut une avancée majeure en matière d’architecture puisque la construction des voutes à l’aide de d’arcs croisés en diagonale allait devenir la norme et permettre d’alléger le poids qui reposait sur les murs porteurs. Les façades des grands édifices de l’époque allaient enfin pouvoir s’ouvrir pour y faire pénétrer la lumière à l’aide de larges vitraux. Il s’agit là d’un changement radical dans la manière de concevoir les bâtiments car c’est grâce aux découvertes liées à l’art gothique que d’autres révolutions architecturales pourront avoir lieu plus tard. Après tout, nos serres actuelles respectent les mêmes principes techniques que ceux de l’art gothique.

Cathédrale Notre-Dame d’Amiens classée au patrimoine mondial de l’UNESCO (© Raimond Spekking – CC BY-SA 4.0)

La Renaissance

Difficile de résumer ce courant artistique tant il est riche en découvertes et en artistes qui ont marqué l’Histoire de l’Art mais en fait pourquoi ce nom de Renaissance ? Au XVème siècle quand on voulait faire l’éloge d’un artiste on disait que ces œuvres étaient dignes des grands maîtres anciens. Ainsi, faire référence au passé glorieux était un gage de qualité artistique et c’est sur ce socle que s’est bâti cette énergie créatrice afin de retrouver le prestige d’antan. Le moins que l’on puisse dire est que les artistes de la Renaissance ne se sont pas seulement inspiré d’œuvres du passé puisqu’ils les ont transformés pour faire une production inédite. Les artistes aspiraient tellement à une renaissance dans les arts qu’ils se sont tournés vers la nature, les sciences et l’étude de l’Antiquité afin d’atteindre leur but.

Deux écoles furent au premier plan de cette révolution artistique : les peintres flamands et les italiens. Pour les premiers ce qui importait était le rendu d’une réalité, la représentation de belles matières, des fleurs, des bijoux ou encore des tissus. Un des maîtres en la matière fut Jan Van Eyck à qui l’on doit l’invention de la peinture à l’huile et la réalisation de ce tableau où tout est pensé afin de saisir l’instant. Van Eyck poussa son travail de réalisme jusqu’à peindre le reflet du miroir en arrière plan.

Scène représentant le marchand italien Giovanni Arnolfini et sa femme venu aux Pays-Bas pour affaires. (Jean Van Eyck – 1434 – huile sur bois – National Gallery de Londres)

Du côté italien, les points communs des artistes de la Renaissance étaient les contours audacieux des sujets représentés en peinture, une perspective nette tout en exprimant la beauté du corps humain. Le point de départ de ce mouvement, comme ce fut souvent le cas dans l’Histoire de l’art prend racine en architecture avec Brunelleschi qui dépassa les techniques de l’art gothique en réussissant à construire des voûtes immenses comme ce fut le cas pour la cathédrale de Florence. Il apporta une beauté nouvelle et inédite pour les édifices qui allait faire autorité durant cette époque. Du côté de la sculpture, il y eut Donatello qui créa des statues réalistes comme celle du Saint-Georges. Solidement ancré sur sa base, son visage semble guetter l’approche du monstre et la posture de son corps est prête au combat. Il y a une impression de vie et de mouvement qui se dégage de cette sculpture sans pour autant nuire à la clarté du contour, ce qui était un fait nouveau dans le travail de la pierre.

Sculpture en marbre de Saint-Georges réalisée par Donatello vers 1415-1416 (Rufus46, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)

Au niveau de la peinture, un des artistes illustrant le mieux la Renaissance est Sandro Botticelli qui réalisa un des tableaux les plus connus de l’Histoire est La Naissance de Vénus où l’on peut admirer la déesse sortie de la mer, de bout sur une coquille. Elle est poussée vers le rivage par deux divinités du vent, sous une pluie de rose tandis qu’une nymphe l’accueille avec un manteau. L’harmonie de ce tableau est parfaite puisque le peintre s’est inspiré des techniques de ses prédécesseurs pour mieux s’en détacher et créer une œuvre où la grâce est omniprésente, l’utilisation de l’espace entièrement équilibré et l’imaginaire épatant. Botticelli ira même par prendre une forme de liberté audacieuse pour arriver à ses fins. Il suffit de regarder l’étrange longueur du cou de Vénus, ses épaules tombantes ou la surprenante proportion de son bras gauche pour se rendre compte que ce qui comptait pour le peintre italien était avant tout de susciter des émotions.

La Naissance de Vénus peint par Sandro Botticelli vers 1485 (peinture exposée à la galerie des Offices – Florence)

L’art baroque

S’il y a bien un mouvement artistique que l’on pourrait qualifier de généreux, c’est le baroque. Les œuvres de cette période ont un supplément de lumière, de figures, de mouvements et d’espace au point de frôler l’exubérance. La richesse des compositions baroques avait pour but de surprendre le spectateur et nombre d’artistes utilisaient l’allégorie afin d’étonner leur audience. Ils pouvaient, par exemple, faire passer un message tout utilisant les codes de la mythologie. Ce fut le cas de Pierre-Paul Rubens avec son tableau Allégorie sur les bénédictions de la paix qui aurait été offert à Charles 1er alors que ce dernier était prêt à entrer en guerre avec l’Espagne. On y voit les bienfaits de la paix incarnée par Minerve, la déesse de la sagesse alors que la Mars et la furie de la guerre sont repoussés à l’arrière plan. Il saute aux yeux que cette composition comporte moult détails ainsi que l’utilisation de couleurs éclatantes mais aucun de ses sujets n’a de formes idéales. Rubens n’avait que faire de la beauté antique, ses personnages sont représentés tels qu’il les voyait dans son esprit.

Pierre-Paul Rubens, Allégorie de la bénédiction de la paix, huile sur toile de 1629. Actuellement exposé à la galerie nationale de Londres.

Le romantisme

Cette période artistique s’étend de la fin du 18ème siècle jusqu’aux années 1850 et apporte, à nouveau, une rupture dans la création artistique. Avant le Romantisme, les sujets abordés étaient souvent répétitifs : la mythologie, les scènes en rapport avec la Bible ou les héros d’autrefois représentaient la plupart des œuvres de l’Histoire de la peinture. La tradition vola en éclats et les artistes se mirent à peindre des sujets d’actualité. Les artistes se détachèrent du poids du passé afin d’entrer dans l’ère d’une certaine liberté. Ainsi n’importe quel sujet qui suscitait l’intérêt du peintre pouvait maintenant se retrouver sur une toile. Un des peintres les plus représentatifs de ce mouvement est certainement l’espagnol Francisco Goya, à qui l’on doit cette gravure hallucinante. Elle nous montre un géant assis sur l’horizon. Sa taille démesurée est soulignée par l’échelle minuscule du paysage où les maisons sont réduites à des tâches infimes. Cette œuvre fantastique montre que les artistes pouvaient désormais exprimer une intériorité vraiment personnelle.

Le Géant ou le Colosse. Gravure à l’eau-forte réalisée par Francisco Goya en 1814.

L’impressionnisme

Monet, Manet, Van Gogh, Renoir, Cézanne, … qui ne connait pas ces superstars de la peinture qui sont devenus autant de noms de marque, assurant le succès pour n’importe quelle exposition temporaire. Les impressionnistes ont fait un travail considérable sur la perception des couleurs. Ils se sont aperçus que n’importe quel élément que nous regardions pouvait avoir d’innombrables coloris différents. Un des exemples les plus connus est certainement la série des peintures de la cathédrale de Rouen effectuées par Monet. On y voit le même monument peint à des moments différents de la journée. Le bâtiment pouvait autant rougeoyer que devenir diaphane. L’artiste français a prouvé que la lumière pouvait avoir d’incroyables effets sur la nature et les objets. Ce travail sur la conception de la couleur est devenue le symbole de tous les peintres impressionnistes.

À gauche le portique Ouest de la Cathédrale de Rouen peint à la fin d’une journée ensoleillée. À droite le même angle de vue mais peint lors d’une matinée brumeuse (Claude Monet – 1893/1894)

Du cubisme à l’art abstrait

Les débuts du XXème siècle virent l’art pictural se transformer à nouveau. Braque et Picasso tentèrent de représenter le réel à l’aide de formes géométriques sans pour autant nuire à la compréhension d’une peinture. L’œuvre de Picasso sobrement intitulée Violon et Raisons démontre que le spectateur n’a nul besoin de voir une imitation de la réalité mais juste d’en comprendre les codes. Même si le violon est destructuré, on peut aisément reconnaitre le manche, le chevalet, les ouïes ainsi que la forme caractéristique de cet instrument de musique. Le cubisme avait pourtant une limite : Il fallait que les motifs représentés soient familiers (une bouteille, une guitare, un visage) et donc, connus de tous.

Violon et raisins. Huile sur toile réalisée par Pablo Picasso en 1912 et exposée au MoMA de New-York

Cet éclatement dans la représentation des objets allaient donner à une succession d’abstractions de plus en plus poussées. On peut notamment penser à Kandinsky, Pollock et Mondrian mais aussi à Kasimir Malevitch qui poussa le concept en rejetant tout élément figuratif dans ses peintures. En réalisant un travail sur l’équilibre qu’il peut y avoir entre les constructions géométriques et les couleurs primaires, l’artiste dépouille ses œuvres à l’extrême. Peut-être était-ce une provocation contre le bon goût, les normes sociales de l’époque et les conventions artistiques? En tout cas, il préfigure une question qui ne cessera plus d’être posée : Qu’est-ce que l’art ?

Cercle noir sur fond blanc. Dessiné en 1915 et peint en 1924 par Kasimir Malevitch. Exposé au musée russe de Saint-Pétersbourg.

L’art informel

Enfin, cet article aurait pu se terminer par des mouvements tels que le Surréalisme ou le Pop art mais mon regard s’arrêtera sur un artiste qui est lié à l’art abstrait et qui est l’un des fondateurs de la peinture informelle. Ce courant naît sous l’occupation pendant la deuxième guerre mondiale où les artistes sont contraints de ne plus représenter la réalité de manière explicite. Ils sautent sur l’occasion pour s’éloigner des éléments qui ont fait le succès du cubisme : les formes, les proportions, l’équilibre, etc. Ils créent des œuvres basées sur la spontanéité dans le geste mais utilisent la couleur comme une matière à travailler telle une pâte. L’un des artistes les plus représentatifs de ce mouvement est Pierre Soulages (1919-2022), à qui l’on doit les œuvres Outrenoir. Elles semblent rappeler l’art primitif tout en s’inscrivant dans notre époque.

Les œuvres de Soulages n’étant pas dans le domaine public, il ne m’est pas possible d’afficher une photo mais vous pouvez évidemment vous rendre sur le site officiel afin de voir un aperçu … même si la photographie n’est pas encore capable de rendre possible l’effet de la matière sur nos cinq sens. 😉

À bientôt


8 réponses à « Une brève Histoire de l’art »

  1. Article très intéressant, mais je constate qu’une fois de plus, l’art est réduit à l’art visuel. (Ne prends surtout pas cette remarque contre toi, TOUS les critiques d’art visuel semblent croire que l’art se résume à cela.)
    Serait-ce donc que la musique n’est pas un art ?

    LES MUSES AIMENT LES ARTS


    Bonne journée, Petites Analyses.

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    1. Merci pour ton commentaire et pour le lien. 😉

      N’y vois pas un rejet de ma part mais tout simplement … mon ignorance quant à l’histoire de la musique, du cinéma ou encore des arts de la scène.

      Peut-être faut il voir dans ce déséquilibre, deux facteurs historiques. C’est-à-dire que les arts visuels ont chaque fois laissé une trace visible de ce qu’était le monde à un moment donné et puis surtout que l’Église ait tranché, favorablement la question des représentations religieuses pour en faire un art « plus » sacré que les autres.

      Aimé par 1 personne

  2. je salue l’effort, souris pour le mot « brève » , l’histoire de l’art ce n’est pas l’art, je me rassure. Bon dimanche 😉

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  3. Magnifique !!!

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  4. Fleuves de lectures, cascades d’écritures, je comprends ton manque de temps, Johan
    « Une brève histoire de l’art », un choix, le tien, et quelques synthèses dignes de ce nom, et dans tout ça ta passion, ta curiosité.
    De ma part, chapeau !

    Aimé par 1 personne

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