Il faut parfois fermer les yeux. Se retrouver en pleine cécité au milieu de l’orage. Immobile. Laisser passer le tumulte qui obstrue notre sérénité pour, enfin, recouvrir notre vue dépouillée de toute œillère.
Il n’y a jamais de meilleur moment pour s’arrêter un instant et prêter attention au monde. Tout n’est pas si mal quoi qu’on en dise, il suffit parfois de ne rien faire d’autre que de s’émerveiller des richesses que l’on a sous le nez. Celles de la nature, par exemple, qui nous rappelle à chaque minute que nous faisons partie d’elle tout en se fichant bien mal de nos petits problèmes égocentrés. Nos yeux doivent aussi nous servir à rendre compte des traces laissées par l’Homme au fil des siècles. Et quoi de plus visible pour chacun d’entre nous que l’architecture qui nous entoure. C’est ainsi que le livre « comment regarder l’architecture (1) nous propose quelques pistes pour mieux comprendre le bâti.
Un aperçu de l’Histoire architecturale
Cette ouvrage de 381 pages se présente sous forme de fiches techniques et s’ouvre sur un bref historique du métier d’architecte. Nous y apprenons d’entrée de jeu l’origine du mot: du grec architékton, qui signifie littéralement la personne qui dirige un chantier. Ou encore celle du rôle de parlier, c’est-à-dire un contremaître du Moyen Âge qui transmettait oralement les ordres du maître-maçon aux maçons. Chaque fiche est est agrémentée d’illustrations et d’explications condensées.
La partie concernant la géométrie descriptive est une des plus intéressante du guide puisqu’elle aborde des thèmes transversaux comme la représentation des volumes, la perspective et les points de fuites parmi de nombreux exemples. Le plus interpellant, selon moi, est celui pris avec la peinture de Francesco Di Giorgio: La Cité idéale.

Le livre prend le pari d’être le plus exhaustif possible en détaillant des bâtiments connus à travers le prisme d’une thématique particulière, l’opéra de Sydney se voit ainsi détaillé pour son ingénierie unique de l’époque (1956), un zoom est effectué sur les arcs intérieurs de la cathédrale de Wells (1338) ou une description des matériaux synthétiques utilisés pour le parement du stade de l’Allianz Arena de Munich (2006). Chaque thématique architecturale est passée à la loupe et cette condensation d’informations peut tourner à l’overdose pour le lecteur qui ne s’y attend pas. Les index par thèmes, noms d’architectes ou réalisations permettront d’éviter cet écueil.
Shigeru Ban
Un autre exemple abordé dans ce guide est celui de la fenêtre. Cela peut sembler anodin mais cet élément d’architecture a un rôle spécifique dans chacun des édifices: vitraux d’églises, fenêtres à croisillons, en saillie (ou bow window), façade entièrement vitrée ou encore les baies. C’est sur ces dernières que je m’arrête un instant car Francesca Prina illustre cela par la Picture Window House, située à Shizuoka au Japon, et réalisée par l’architecte Shigeru Ban.

Enfin, la dernière partie du livre donne une visibilité à dix-huit chefs-d’œuvre architecturaux mondiaux et vient clôturer des centaines d’explications qui s’adressent autant aux néophytes qu’aux personnes plus averties. Il s’agit du genre d’ouvrage à ouvrir de temps à autre pour y relever des informations utiles sur les bâtiments qui nous entourent.
A nous d’ouvrir nos yeux, d’être curieux et de regarder l’architecture avec un œil plus avisé.
N.B. Pour celles et ceux qui sont intéressés par le Picture Window House, j’ajoute ici un lien vers le dossier Steeldoc 03/04.
(1) PRINA F., Comment regarder l’architecture, Éditions Hazan, 2009.
(2) Ibid., P.16.
(3) Ibid., P.195.
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