Vous retrouverez sur cette page deux résumés du roman Le Comte de Monte-Cristo écrit par Alexandre Dumas. Le premier est un résumé court tandis que le deuxième est un résumé détaillé par chapitre. Ces résumés suivent l’ordre des volumes originaux lors des premières publications du roman !
🎁 En bonus : Le podcast du résumé ainsi que l’analyse complète du roman !
- 📄 Résumé court
- 📑 Résumé par chapitre
- Chapitre 1 : Marseille – L’arrivée
- Chapitre 2 : Père et fils
- Chapitre 3 : Les catalans
- Chapitre 4 : Le complot
- Chapitre 5 : Le repas des fiançailles
- Chapitre 6 : Le substitut du procureur
- Chapitre 7 : L’interrogatoire
- Chapitre 8 : Le château d’If
- Chapitre 9 : Le soir des fiançailles
- Chapitre 10 : Le petit cabinet des Tuileries
- Chapitre 11 : L’ogre a couru
- Chapitre 12 : Le père et le fils
- Chapitre 13 : Les Cents-Jours
- Chapitre 14 : Le prisonnier furieux et le prisonnier fou
- Chapitre 15 : Numéro 34 et numéro 27
- Chapitre 16 : Un savant italien
- Chapitre 17 : La chambre de l’abbé
- Chapitre 18 : Le trésor
- Chapitre 19 : Le troisième accès
- Chapitre 20 : Le cimetière du château d’If
- Chapitre 21 : L’île de Tiboulen
- Chapitre 22 : Les contrebandiers
- Chapitre 23 : L’île de Monte-Cristo
- Chapitre 24 – Éblouissement
- Chapitre 25 – L’inconnu
- Chapitre 26 – L’auberge du Pont du Gard
- Chapitre 27 – Le récit
- Chapitre 28 – Les registres des prisons
- Chapitre 29 – La maison Morrel
- Chapitre 30 – Le 5 septembre
- Chapitre 31 – Italie. Simbad le marin
- Chapitre 32 – Réveil
- Chapitre 33 – Bandits romains
- Chapitre 34 – Apparition
- Chapitre 35 – La mazzolata
- Chapitre 36 – Le carnaval de Rome
- Chapitre 37 – Les catacombes de Saint-Sébastien
- Chapitre 38 – Le rendez-vous
- Chapitre 39 – Les convives
- Chapitre 40 – Le déjeuner
- Chapitre 41 – La présentation
- Chapitre 42 – Monsieur Bertuccio
- Chapitre 43 – La maison d’Auteuil
- Chapitre 44 – La vendetta
- Chapitre 45 – La pluie de sang
- Chapitre 46 – Le crédit illimité
- Chapitre 47 – L’attelage gris pommelé
- Chapitre 48 – Idéologie
- Chapitre 49 – Haydée
- Chapitre 50 – La famille Morrel
- Chapitre 51 – Pyrame et Thisbé
- Chapitre 52 – Toxicologie
- Chapitre 53 – Robert le Diable
- Chapitre 54 – La hausse et la baisse
- Chapitre 55 – La major Calvacanti
- Chapitre 56 – Andrea Cavalcanti
- Chapitre 57 – L’enclos à la luzerne
- Chapitre 58 – M. Noirtier de Villefort
- Chapitre 59 – Le testament
- Chapitre 79 – La limonade.
- Chapitre 80 – L’accusation.
- Chapitre 81 – La chambre du boulanger retiré.
- Chapitre 82 – L’effraction.
- Chapitre 83 – La main de Dieu.
- Chapitre 84 – Beauchamp.
- Chapitre 85 – Le voyage.
- Chapitre 86 – Le jugement.
- Chapitre 87 – La provocation.
- Chapitre 88 – L’insulte.
- Chapitre 89 – La nuit.
- Chapitre 90 – La rencontre.
- Chapitre 91 – La mère et le fils.
- Chapitre 92 – Le suicide.
- Chapitre 93 – Valentine.
- Chapitre 94 – L’aveu.
- Chapitre 95 – Le père et la fille.
- Chapitre 96 – Le contrat.
- Chapitre 97 – La route de Belgique.
- Chapitre 98 – L’auberge de la Cloche et de la Bouteille.
- Chapitre 99 – La loi.
- Chapitre 100 – L’apparition
- Chapitre 101 – Locuste
- Chapitre 102 – Valentine
- Chapitre 103 – Maximilien
- Chapitre 104 – La signature Danglars
- Chapitre 105 – Le cimetière du Père‑Lachaise
- Chapitre 106 – Le passé
- Chapitre 107 – La Fosse-aux-Lions
- Chapitre 108 – Le juge
- Chapitre 109 – Les Assises
- Chapitre 110 – L’acte d’accusation
- Chapitre 111 – Expiation
- Chapitre 112 – Le départ
- Chapitre 113 – Le passé
- Chapitre 114 – Peppino
- Chapitre 115 – La carte de Luigi Vampa
- Chapitre 116 – Le pardon
- Chapitre 117 – Le 5 octobre
📄 Résumé court
Le roman débute en 1815 dans le port de Marseille. Un jeune marin de dix-neuf ans nommé Edmond Dantès revient triomphalement sur le navire Le Pharaon après la mort de son capitaine en mer. En dépit de ce drame, c’est Dantès qui a mené le navire à bon port. L’armateur Pierre Morrel le reçoit avec admiration et lui promet bientôt le commandement du Pharaon. Le jeune marin est sur le point de se marier avec Mercédès, une belle Catalane. Son cœur est léger : il rêve d’aider son vieux père pauvre et de commencer une nouvelle vie auprès de Mercédès. Toutefois, son ascension rapide éveille des jalousies autour de lui. Danglars, le comptable du navire, convoite lui aussi la place de capitaine et noircit Edmond dans son esprit. Fernand Mondego, cousin de Mercédès, ne supporte pas de voir le succès de Dantès alors qu’il aime en secret Mercédès. Danglars et Fernand décident de passer à l’acte. Ils montent une fausse dénonciation contre Edmond, l’accusant anonymement d’être un conspirateur bonapartiste. Caderousse, le voisin de Dantès, témoin des intrigues, reste muet par lâcheté. Ainsi, tandis qu’Edmond se prépare à épouser Mercédès dans la joie, la police débarque le jour même de ses noces. On l’arrête brutalement sous les yeux de son père et de sa fiancée.
Edmond Dantès est alors conduit devant le substitut du procureur, Gérard de Villefort. Le jeune officier tente d’expliquer sa mission : il portait une lettre du capitaine Leclère pour Noirtier, le père de Villefort, fervent bonapartiste. Mais Villefort réalise aussitôt qu’il ne peut laisser éclater ce fait : cela compromettrait sa carrière. Pour sauver sa propre vie politique, il détruit la lettre et fait condamner Dantès sans procès à la réclusion perpétuelle au château d’If, prison isolée en mer. C’est ainsi qu’au matin de son mariage Edmond se retrouve privé de sa liberté. Dans les yeux de Mercédès, bientôt, naît le désespoir : elle ne sait rien du complot qui a brisé sa destinée.
L’existence d’Édmond au château d’If devient un véritable calvaire. Les murs épais le coupent du monde. Il passe ses journées à repenser à Mercédès et à son père, ruminant sa peine en silence. Les années passent en solitude totale, la faim le tourmente, le froid le glace. Edmond perd peu à peu l’espoir et écrit dans l’ombre des adieux destinés à sa bien-aimée. Au bout de six ans d’isolement et de désespoir, une lueur apparaît : un matin, alors qu’il gémit dans sa cellule plongée dans le noir, il sent le sol vibrer. L’abbé Faria, un autre prisonnier Italien plus âgé, a creusé un tunnel et atteint par accident la cellule d’Edmond. Émerveillé, Edmond sort de sa torpeur. L’abbé Faria devient son mentor et ami. Au fil de longues discussions, il lui enseigne les sciences, les langues et la logique, et lui dévoile toute la vérité sur la trahison dont Dantès a été victime. Surtout, l’abbé lui révèle l’existence d’un fabuleux trésor caché sur l’île de Monte-Cristo. Ce secret immense redonne à Edmond un but : s’il parvient à s’évader et à trouver ce trésor, il pourra mettre à exécution sa revanche.
Le 28 février 1829, Faria meurt dans sa cellule. Edmond saisit sa chance : il se glisse dans le sac mortuaire du prêtre et est jeté à la mer avec le corps. Profitant d’une tempête et de l’obscurité, il déchire le linceul et plonge dans les flots. Après des heures de lutte contre les vagues, il échoue exténué sur l’île de Tiboulen. Là, deux contrebandiers génois le recueillent, croyant avoir sauvé un naufragé. Edmund, défiguré par les épreuves, se fait passer pour un simple marin perdu. Après plusieurs mois de convalescence, il se rend sur l’île de Monte-Cristo. Dans une grotte secrète, il découvre l’or, les pierres précieuses et les coffres qui constituent le trésor révélé par Faria. Rendu immensément riche, Edmond devient aussitôt l’un des hommes les plus fortunés d’Europe. Il achète l’île elle-même et reçoit le titre de comte du grand-duché de Toscane. Déjà sa personnalité change : Dantès affiche un port altier et un costume raffiné. Bientôt, personne ne reconnaît plus ce jeune marin naïf. Parfait maître du jeu, il jure d’assurer le bonheur de ses amis fidèles et de faire payer impitoyablement ses traîtres. Pour servir son plan, il se crée plusieurs fausses identités : le comte de Monte-Cristo en personne, mais aussi l’abbé Giacomo Busoni (un prêtre italien), le baron Tudor alias Lord Wilmore (un noble anglais excentrique) et le mystérieux Simbad le Marin. Ces déguisements ingénieux lui permettent d’agir librement sans éveiller les soupçons.
La première phase de la vengeance de Monte-Cristo commence à Marseille. Loin de Paris, il reprend discrètement contact avec la ville de son enfance. Sous son masque du comte, il découvre avec consternation que son vieux père est mort de misère et que Mercédès, le croyant disparu, a épousé Fernand Mondego, devenu comte de Morcerf. Ce terrible choc, il le garde pour lui. Déguisé en abbé pour approcher plus aisément ses adversaires, il rend d’abord visite à Caderousse, le voisin de jadis. L’aubergiste, pauvre et amer, n’a jamais oublié la trahison dont Dantès a été victime. Monte-Cristo, quant à lui, agit avec clémence : il glisse de l’argent à Caderousse pour l’aider à survivre, sans se dévoiler. En parallèle, il apprend que Morrel, son ancien patron, est au bord du suicide : les navires de l’armateur ont coulé et la faillite menace. Durant la nuit, le mystérieux « Simbad le Marin » envoie à Morrel de grandes quantités d’argent par courrier. Grâce à ces secours anonymes, l’entreprise familiale est sauvée. Morrel, qui voyait s’effondrer sa vie, est épargné sans comprendre d’où vient ce miracle. Ces deux actions témoignent déjà de la personnalité double du comte : grand seigneur pour les faibles, châtiment pour les coupables.
En 1838, Monte-Cristo revient officiellement sur la scène parisienne. Lors d’un bal chez les Morcerf, le comte entreprend un grand coup de théâtre. Au moment où son rival Fernand célèbre son fils Albert, le comte sauve in extremis ce jeune homme d’un duel perdu d’avance. Bravant une pluie de coups d’arme blanche, il s’interpose et défait le duel dans un geste héroïque. Tous applaudissent : Monte-Cristo gagne instantanément l’estime de l’aristocratie. Cette intervention lui ouvre les portes de la haute société. Introduit dans les salons les plus fermés, il se retrouve bientôt en présence de ses anciens ennemis : le baron Danglars (devenu un banquier richissime), Fernand de Morcerf (comte et pair de France) et le procureur Villefort. D’un œil calculateur, Monte-Cristo observe ces trois piliers de la société qui ont détruit sa vie. C’est à ce prix, désormais respecté et craint, qu’il va accomplir son plan de vengeance.
Monte-Cristo frappe alors méthodiquement. Sa première cible est Fernand de Morcerf. Dans une assemblée de pairs, il fait surgir le passé honteux de l’ancien pêcheur catalan : on apprend que Fernand a trahi Ali Pacha de Janina, son protecteur, en le livrant aux Turcs pour s’enrichir durant la guerre. Pour étayer ces accusations, Monte-Cristo fait venir Haydée, la fille du pacha (qu’il a achetée et affranchie) comme témoin. La vérité éclate au grand jour. Humilié, Fernand comprend qu’il n’est plus digne du titre de comte. Dans un ultime geste de désespoir, il se suicide devant l’assemblée. Morcerf meurt déshonoré sous les yeux de tous. Mercédès, brisée par ce drame, abandonne Paris avec son fils Albert : elle refuse désormais de porter le nom de celui qu’elle a aimé.
Le sort s’acharne : les manigances de Monte-Cristo visent à présent Danglars. Le banquier croît pouvoir manipuler le marché financier après avoir prêté attention aux rumeurs lancées par le comte. Piqué par l’appât du gain, Danglars place l’essentiel de sa fortune dans un emprunt espagnol bidon. Soudain, le cours s’effondre : Danglars se retrouve ruiné du jour au lendemain. Ses comptes sont vidés et ses biens vendus. Le comte orchestre alors l’apogée de son humiliation : il fait croire au baron que sa fille va épouser un prince italien. Or, le soir du mariage, on découvre que le soi-disant prince n’est en fait qu’un forçat évadé du bagne. La mariée, effondrée, comprend que Monte-Cristo a orchestré ce guet-apens. Danglars, couvert de honte, ne doit sa vie qu’à l’intervention tardive de Luigi Vampa, le chef de brigands qui l’a capturé et humilié. À genoux, le banquier suppliant le comte finit par implorer sa mort et perd la raison.
Il ne reste qu’un ennemi : Gérard de Villefort. Monte-Cristo le frappe en plein cœur. Le procureur croit avoir tout caché, mais le comte lui révèle d’abord que Villefort a lui-même dissimulé un lourd secret. Il pousse ensuite Hortense, la seconde épouse de Villefort, à empoisonner plusieurs membres de sa propre famille pour assurer l’héritage à son fils unique, Édouard. Quand cette machination est découverte, Hortense ingère le poison avec Édouard. Les deux meurent lentement et affreusement sous les yeux d’un Villefort impuissant. Dévasté par la mort de sa progéniture légitime et illégitime, le procureur sombre dans la folie.
Monte-Cristo arrête alors sa vendetta. Il assure le bonheur des innocents : il révèle à Maximilien Morrel que Valentine de Villefort (la fille du procureur) a survécu et qu’il était sur le point de la perdre. Il unit les deux amoureux et leur lègue une grande fortune. Puis, convaincu d’avoir rétabli l’équilibre, Edmond Dantès choisit de quitter la France. Le comte embarque pour l’Orient en compagnie de Haydée, cette princesse qu’il aime et qu’il a affranchie de l’esclavage. Tandis que le navire met le cap vers l’horizon infini, Monte-Cristo regarde la côte disparaître et savoure sa revanche achevée. Ainsi s’achève la vie tumultueuse d’Edmond Dantès, qui, tel un comte de légende, a transformé le malheur en une formidable justice personnelle.
📑 Résumé par chapitre
Chapitre 1 : Marseille – L’arrivée
En février 1815, le trois-mâts Pharaon accoste dans le port de Marseille après un long voyage. À son bord, Edmond Dantès, un jeune officier plein d’avenir, a brillamment pris le commandement du navire à la suite de la mort du capitaine Leclère en mer. Sur le quai, M. Morrel, l’armateur du Pharaon, félicite chaleureusement Edmond pour son dévouement et son efficacité. Dantès mentionne qu’il a accompli la dernière volonté du capitaine défunt en faisant escale à l’île d’Elbe pour y remettre un paquet à un officier en exil. Impressionné par la loyauté et la compétence du jeune homme, M. Morrel envisage déjà de le nommer capitaine du navire.
Cependant, cet avenir prometteur suscite des jalousies. Danglars, le comptable du Pharaon, observe Edmond d’un œil envieux. Il se montre suspicieux au sujet de l’escale imprévue à l’île d’Elbe, insinuant qu’Edmond a peut-être trempé dans des affaires politiques lors de ce détour. Mais le jeune marin, candide et heureux de son retour, ne se doute de rien : il ne pense qu’à retrouver son vieux père et sa fiancée Mercédès.
Chapitre 2 : Père et fils
Sitôt débarqué, Edmond se rend chez son père. Les retrouvailles sont émouvantes : le vieil homme, qui a vécu dans le dénuement durant l’absence de son fils, est fier de le retrouver sain et sauf. Toutefois, Edmond apprend que son père, par fierté, a remboursé en secret une petite dette qu’il devait à leur voisin Caderousse, au prix de grandes privations. Peiné de voir ce sacrifice, Edmond promet que désormais son père ne manquera de rien, d’autant que sa promotion comme capitaine du Pharaon semble acquise.
Malgré ces difficultés, la joie d’Edmond est immense. Il annonce à son père son prochain mariage avec Mercédès, une jeune Catalane qu’il aime et qui l’attend fidèlement. Le père met son fils en garde : pendant son absence, Mercédès a été courtisée, notamment par son cousin Fernand. Mais Edmond, plein de confiance, ne s’en inquiète pas et part rejoindre sa fiancée pour célébrer son retour.
Chapitre 3 : Les catalans
Edmond arrive au village des Catalans où vit Mercédès. Il y surprend Fernand en train de supplier sa cousine Mercédès de l’épouser. Le jeune homme, éperdument amoureux, craint de la voir lui échapper désormais qu’Edmond est de retour. Mais Mercédès, fidèle à son fiancé, repousse fermement les avances de Fernand : elle n’a aimé et n’aimera jamais qu’Edmond Dantès.
L’apparition soudaine d’Edmond met fin à cette scène. Fou de joie, il serre Mercédès dans ses bras sous le regard brisé de Fernand. Edmond, loin de se douter des sentiments de son rival, remercie innocemment Fernand d’avoir veillé sur Mercédès en son absence. Le couple réuni parle déjà de mariage et de projets d’avenir, tandis que Fernand s’éloigne, le cœur rempli de jalousie.
Non loin de là, Danglars et Caderousse ont observé toute la scène depuis une auberge voisine. Caderousse, ivre et bon vivant, félicite Edmond sans arrière-pensée, mais Danglars esquisse un sourire cynique en voyant le désespoir de Fernand. Le bonheur insolent d’Edmond attise sourdement la rancœur et l’envie chez ces témoins malintentionnés.
Chapitre 4 : Le complot
Le ressentiment de Danglars et la jalousie de Fernand atteignent un point de non-retour. Attablés avec Caderousse, ils laissent libre cours à leur frustration. Danglars, perfide, suggère alors un plan machiavélique pour se débarrasser d’Edmond : le faire accuser de complot bonapartiste. Profitant de l’ivresse de Caderousse et du désespoir de Fernand, il rédige sur-le-champ une lettre de dénonciation anonyme. Dans cette lettre, Edmond Dantès est faussement présenté comme un agent bonapartiste ayant apporté depuis l’île d’Elbe une lettre secrète destinée aux partisans de Napoléon à Paris.
Fernand, aveuglé par son amour contrarié, se laisse convaincre et jette un regard haineux vers la fête de fiançailles qui se prépare. Caderousse, lui, proteste faiblement : il trouve le complot injuste et cruel. Cependant, grisé par l’alcool, il n’a pas la force d’empêcher ses camarades d’aller au bout de leur machination. La lettre de dénonciation, fruit de l’envie et de la trahison, est scellée. Les conspirateurs l’envoient aux autorités sans mesurer pleinement les conséquences dramatiques de leur acte.
Chapitre 5 : Le repas des fiançailles
Le lendemain, un grand repas de fiançailles est organisé en l’honneur d’Edmond et de Mercédès dans une auberge de Marseille. Autour des futurs mariés se rassemblent leurs proches : le père d’Edmond, Mercédès radieuse, M. Morrel, Caderousse, Danglars et même Fernand qui, malgré son tourment, a tenu à faire bonne figure. L’ambiance est chaleureuse et festive ; tout le monde porte un toast au bonheur des fiancés.
Soudain, la célébration est interrompue par l’arrivée de gendarmes. Devant l’assemblée stupéfaite, un officier s’avance et demande à parler à Edmond Dantès. Le silence tombe lorsque l’agent annonce l’arrestation d’Edmond, accusé de conspiration bonapartiste. La stupeur gagne l’assemblée. Edmond, abasourdi, clame son innocence et regarde ses amis sans comprendre. Mercédès éclate en sanglots, son père s’effondre de chagrin, et M. Morrel proteste vivement en demandant des explications. Malgré les supplications autour de lui, Edmond est emmené par les autorités. Sous le regard faussement surpris de Danglars et Fernand, le jeune homme est conduit hors de la salle, laissant derrière lui une fiancée désespérée et une fête brusquement brisée.
Chapitre 6 : Le substitut du procureur
Au même moment à Marseille, Gérard de Villefort, substitut du procureur du roi, fête ses propres fiançailles dans le salon cossu de la famille Saint-Méran, de fervents royalistes. Villefort est un ambitieux magistrat de 27 ans, promis à un bel avenir, qui cherche à s’éloigner de l’ombre de son père Noirtier, un bonapartiste notoire. En pleine réception, un domestique vient lui remettre un message urgent signalant l’arrestation d’un certain Edmond Dantès pour motif de complot contre la Couronne.
Face à la gravité de l’accusation, Villefort interrompt la soirée et décide de prendre en charge personnellement l’interrogatoire du prisonnier. Bien qu’embarrassé de quitter ainsi ses convives et sa fiancée Renée de Saint-Méran, il comprend que cette affaire sensible pourrait avoir des répercussions importantes en cette période politiquement troublée. Déterminé à montrer son zèle au service du roi, Villefort se rend sans tarder au Palais de Justice où Edmond Dantès est conduit pour être interrogé.
Chapitre 7 : L’interrogatoire
Au Palais de Justice, Villefort entame l’interrogatoire d’Edmond. Le jeune homme, soulagé de pouvoir enfin s’expliquer, raconte en toute sincérité sa mission pour le capitaine Leclère : l’escale à l’île d’Elbe et la lettre confiée, dont il ignore le contenu. D’abord, Villefort est impressionné par la candeur et la loyauté d’Edmond, et son intuition lui souffle que ce marin n’est pas un traître.
Cependant, tout bascule lorsque Edmond révèle le nom du destinataire de la lettre : Noirtier. Villefort tressaille en reconnaissant le nom de son père, un bonapartiste actif. Craignant que ce lien compromettant ne ruine sa carrière, le magistrat décide de dissimuler l’affaire. Il s’empare de la lettre et, sous prétexte d’en référer à Paris, promet à Edmond un examen bienveillant de son cas. En réalité, dès qu’Edmond est raccompagné hors du bureau, Villefort détruit la lettre et ordonne qu’on enferme secrètement le prisonnier. Pour protéger son avenir, il vient de sacrifier Edmond Dantès, le condamnant sans le savoir à un long cauchemar derrière les barreaux.
Chapitre 8 : Le château d’If
Edmond est immédiatement conduit, sous bonne garde, à la redoutable prison du Château d’If, au large de Marseille. Sur le trajet, il croit encore à un malentendu et supplie qu’on le laisse expliquer son cas à Villefort ou prévenir M. Morrel, en vain.
Dès son arrivée à la forteresse, Edmond est jeté dans une sombre cellule. Il a beau clamer son innocence et réclamer un jugement, les geôliers restent sourds à ses protestations. Excédé par ses cris, le gouverneur finit par le faire descendre dans un cachot encore plus profond et isolé. Là, dans l’obscurité glaciale, Edmond prend pleinement conscience de l’horreur de sa situation : il a été trahi et enterré vif dans un lieu d’où personne ne s’évade.
Chapitre 9 : Le soir des fiançailles
Ce soir-là, la nouvelle de l’arrestation d’Edmond se répand à Marseille, plongeant ses proches dans l’inquiétude. M. Morrel, convaincu de l’innocence de son protégé, se rend vainement chez les autorités : le substitut Villefort est introuvable, déjà parti précipitamment pour Paris.
Mercédès, anéantie, refuse de croire son fiancé coupable. Après avoir pleuré des heures auprès du père d’Edmond, elle décide d’aller implorer l’aide de Villefort. Elle se heurte cependant à une fin de non-recevoir : on lui annonce que le magistrat a quitté Marseille et qu’aucune information ne peut lui être donnée. La jeune femme, désespérée, comprend qu’Edmond est plongé dans un cauchemar dont elle ne peut le tirer.
Pendant ce temps, les véritables instigateurs du complot demeurent silencieux. Danglars et Fernand, soulagés de voir leur plan aboutir, feignent l’ignorance, et Caderousse, trop ivre et craintif, n’ose avouer ce qu’il sait malgré ses remords. Ainsi, la nuit qui aurait dû célébrer un bonheur laisse place à l’incompréhension, à la peine et à la rage impuissante.
Chapitre 10 : Le petit cabinet des Tuileries
Peu après, Villefort se rend à Paris pour informer personnellement le roi Louis XVIII de l’existence d’un complot bonapartiste. Reçu en audience privée aux Tuileries, il raconte comment un marin, Edmond Dantès, a été arrêté à Marseille porteur d’une lettre provenant de l’île d’Elbe et destinée à des conspirateurs.
Alarmé, le roi félicite chaleureusement Villefort pour son zèle qui aurait permis de déjouer un grave complot. Comblé par ces louanges, Villefort sent sa carrière prendre un essor décisif grâce à cette affaire. Il remet la lettre incriminée au souverain, effaçant toute trace de l’implication de sa famille, puis quitte le palais rassuré sur son avenir professionnel.
Chapitre 11 : L’ogre a couru
Villefort n’a pas le temps de profiter de son triomphe qu’une nouvelle fracassante éclate : Napoléon, surnommé « l’Ogre de Corse », s’est échappé de l’île d’Elbe et vient de débarquer en France. Le ministre de la Police annonce au roi que l’empereur marche sur Paris en ralliant les soldats sur sa route. La cour de Louis XVIII est stupéfaite ; le retour de Napoléon devient une réalité imminente.
En quelques jours, Napoléon reprend le pouvoir lors de l’épisode des Cent-Jours, forçant Louis XVIII et les royalistes à fuir. Villefort, qui assistait à la scène aux Tuileries, comprend que toute la situation politique est renversée. Effrayé et compromis par son zèle royaliste, il quitte Paris précipitamment pour se mettre à l’abri avant l’arrivée de l’Empereur.
Chapitre 12 : Le père et le fils
Dans le tumulte de ce retournement politique, Villefort retrouve son père Noirtier. Ce dernier, fervent partisan de Napoléon, savoure le retour de l’Empereur, tandis que son fils, compromis pour avoir soutenu Louis XVIII, craint pour sa sécurité. L’entretien entre le père et le fils est chargé de non-dits et de reproches tacites. Villefort, inquiet que la lettre qu’il a soustraite puisse un jour resurgir, exhorte Noirtier à la prudence : il lui confesse à demi-mot avoir fait emprisonner un innocent pour protéger leur nom.
Noirtier, bien qu’affectionnant son fils, désapprouve ses méthodes et son allégeance aux Bourbons. Le fossé idéologique entre eux se creuse encore davantage. Villefort comprend qu’il doit assumer seul le poids de son choix : pour sauver sa carrière, il a sacrifié Dantès. Ce face-à-face tendu scelle leur incompréhension mutuelle, sur fond de discorde politique familiale.
Chapitre 13 : Les Cents-Jours
Sous le nouveau régime impérial, Pierre Morrel entrevoit une chance de faire libérer Edmond. Profitant de la chute temporaire des Bourbons, il plaide auprès des autorités bonapartistes la cause de son marin injustement emprisonné et souligne l’absence de preuve sérieuse contre lui.
Hélas, ses démarches n’aboutissent pas : Villefort avait soigneusement fait disparaître toute trace du dossier d’Edmond Dantès, et dans le tumulte politique personne ne remet en question cette condamnation secrète. Ainsi, les Cent-Jours passent sans changement pour le prisonnier du Château d’If. Après la défaite de Napoléon à Waterloo, Louis XVIII reprend son trône ; Villefort retourne à son poste, et Edmond demeure oublié dans son cachot, plus isolé que jamais.
Chapitre 14 : Le prisonnier furieux et le prisonnier fou
Six années de cachot ont plongé Edmond au bord du désespoir et de la folie. Ne sachant rien du sort de ses proches et se croyant oublié de tous, il envisage même de se laisser mourir pour en finir.
C’est alors qu’une nuit, un bruit persistant de grattement dans le mur de son cachot attire son attention. D’abord incrédule, il finit par comprendre qu’un autre prisonnier, quelque part derrière la paroi, tente de creuser un tunnel. L’espoir renaît aussitôt en lui. Edmond répond en tapant et en creusant de son côté avec ferveur.
Après de longues heures d’effort, une brèche s’ouvre enfin entre les deux cellules. Edmond se retrouve face à un vieil homme aux yeux vifs : l’abbé Faria, célèbre parmi les geôliers du Château d’If qui le croient fou. L’arrivée de ce compagnon d’infortune apporte à Edmond un réconfort immense et un nouvel espoir de s’évader un jour de cet enfer.
Chapitre 15 : Numéro 34 et numéro 27
L’abbé Faria et Edmond, désormais alliés, décident de s’entraider pour s’évader. Le vieil abbé, ancien érudit italien, profite de leur temps ensemble pour apprendre à connaître Edmond et comprendre les circonstances de son arrestation.
Grâce à l’esprit logique de Faria, Edmond reconstitue peu à peu le complot dont il a été victime. L’abbé devine la jalousie de Danglars et de Fernand derrière la dénonciation, ainsi que l’intervention déterminante de Villefort qui a fait disparaître Edmond pour protéger sa carrière. Ces révélations, bien que douloureuses, éclairent enfin Edmond sur la cause de son malheur. Au lieu de l’abattre, cette vérité ranime en lui la flamme de la vengeance. Soutenu par l’amitié et les enseignements de Faria, Edmond retrouve la force de patienter et de préparer en secret le jour de sa revanche.
Chapitre 16 : Un savant italien
Durant des années supplémentaires de captivité commune, l’abbé Faria transmet à Edmond tout son savoir. Chaque jour, dans le secret de leur tunnel, le vieil homme érudit enseigne au jeune marin les langues, l’histoire, la science et les arts. Edmond, autrefois simple et peu instruit, devient sous la tutelle de Faria un homme cultivé, réfléchi et polyglotte. Cette éducation inattendue est une transformation intérieure : sa naïveté fait place à la sagesse, sa colère brute se change en patience et en stratégie.
Parallèlement à cet enseignement, les deux hommes peaufinent leur plan d’évasion. Ils agrandissent peu à peu le passage qui relie leurs cellules, calculant la distance à creuser pour atteindre le mur d’enceinte et la liberté. Malgré les progrès lents, Edmond reprend espoir : il voit en Faria un mentor providentiel qui non seulement l’aide à recouvrer la volonté de vivre, mais lui donne aussi les moyens intellectuels de sa future vengeance.
Chapitre 17 : La chambre de l’abbé
L’abbé Faria et Edmond sont désormais prêts à tenter l’évasion dès que l’occasion se présentera. Ils ont patiemment élargi leur tunnel et estiment approcher du rempart extérieur de la forteresse. Pourtant, Faria sait que le temps joue contre lui à cause de sa santé fragile. Un jour, dans le secret de sa cellule, il décide de partager avec Edmond un secret capable de bouleverser son destin.
Faria commence à lui parler d’un trésor d’une immense valeur, caché sur une île nommée Monte-Cristo. Edmond écoute, stupéfait, tandis que le vieil abbé lui explique qu’il a découvert l’emplacement de ce trésor bien avant son emprisonnement. Ce révélateur énigmatique attise la curiosité et l’espoir d’Edmond : s’ils parviennent à s’évader, cette richesse pourrait non seulement lui rendre la liberté mais aussi lui offrir les moyens de sa vengeance et de sa nouvelle vie.
Chapitre 18 : Le trésor
L’abbé Faria lui révèle enfin la source de son espoir : bien avant son emprisonnement, il avait déchiffré un document secret indiquant l’existence d’un trésor fabuleux caché sur l’île de Monte-Cristo, au large de l’Italie. Ce trésor, légué par le dernier représentant de la riche famille Spada, dort depuis des siècles dans une grotte inconnue. Faria n’a jamais pu aller le chercher, mais il confie à Edmond tous les détails nécessaires pour le retrouver.
D’abord incrédule, Edmond se laisse convaincre par la précision des explications du vieil abbé. L’idée que cette fortune l’attend quelque part ravive en lui une espérance folle : avec de tels moyens, il pourrait réparer l’injustice qu’il subit. Fort de ce secret, Edmond redouble d’ardeur dans ses projets d’évasion, rêvant déjà au jour où il recouvrera sa liberté et son honneur grâce à ce trésor.
Chapitre 19 : Le troisième accès
Peu de temps après ces confidences, l’abbé Faria est frappé par une ultime attaque d’apoplexie. Edmond accourt, mais il comprend que son ami vit ses derniers instants. Dans un souffle, Faria lui redonne les indications du trésor et le conjure de ne pas perdre courage.
Faria s’éteint, et Edmond pleure la perte de ce compagnon qui lui avait redonné l’espérance. Dans sa peine, il forge un serment : honorer la mémoire de l’abbé en s’évadant et en réalisant leur rêve commun. Désormais seul mais armé du savoir et du secret légués par Faria, Edmond est prêt à tout risquer pour recouvrer sa liberté et se faire justice.
Chapitre 20 : Le cimetière du château d’If
Après la mort de Faria, Edmond décide de tenter l’évasion que tous deux avaient imaginée. Il profite des dispositions funéraires : il cache le corps de l’abbé dans sa cellule, puis prend sa place en se cousant à l’intérieur du sac mortuaire prévu pour la dépouille.
Les geôliers, dupés, jettent le sac à la mer du haut des remparts, convaincus d’éliminer le corps de Faria. Mais Edmond, vivant à l’intérieur, parvient sous l’eau à découper la toile et à se détacher du boulet de canon attaché au sac. Quelques instants plus tard, il remonte à la surface et respire à pleins poumons l’air libre pour la première fois depuis quatorze ans. Dans la pénombre matinale, personne n’a remarqué son évasion. Edmond Dantès vient de ressusciter à la vie et à la liberté.
Chapitre 21 : L’île de Tiboulen
Libéré mais épuisé, Edmond nage toute la nuit pour s’éloigner du Château d’If. Au petit matin, il atteint l’île de Tiboulen, un îlot rocheux voisin où il trouve refuge. Trempé et exténué, il se hisse sur les rochers et reprend son souffle, goûtant à la solitude de cette terre déserte. Sur Tiboulen, Edmond se cache et réfléchit fébrilement à la suite : il doit désormais trouver un moyen de rejoindre l’île de Monte-Cristo et de récupérer le trésor dont lui a parlé Faria.
Seul sur cet îlot, il reprend des forces et fortifie sa détermination. Désormais libre et armé du secret de l’île de Monte-Cristo, Edmond Dantès se jure que les auteurs de sa tragédie paieront pour leur trahison. L’histoire de sa vengeance ne fait que commencer.
Chapitre 22 : Les contrebandiers
Dantès embarque à bord de la tartane Jeune-Amélie, un bateau génois. Il y gagne la confiance de l’équipage, notamment de Jacopo, qui l’a sauvé après son évasion. Il découvre que le bateau est utilisé pour de la contrebande, mais choisit de rester discret. Lors d’une manœuvre, Dantès fait preuve d’un grand sang-froid, ce qui lui vaut le respect du patron. Les contrebandiers décident bientôt de faire escale à l’île de Monte-Cristo pour une opération de déchargement nocturne, et Dantès, feignant l’indifférence, saisit l’opportunité pour proposer cette île, qu’il connaît grâce à Faria, comme point de relâche stratégique.
Chapitre 23 : L’île de Monte-Cristo
Dantès, en proie à une excitation fébrile, prépare son plan : atteindre l’île sans éveiller de soupçons. Il rêve du trésor de Spada et de ses promesses. Une fois sur place, il improvise une blessure à la suite d’une fausse chute afin de rester seul sur l’île pendant que les autres retournent au navire chercher du secours. La manœuvre réussit. Resté seul, Dantès explore frénétiquement l’île et retrouve les marques indiquées par l’abbé Faria. Après des recherches acharnées, il découvre enfin le trésor dans une grotte : des pièces d’or, des bijoux, des pierres précieuses à profusion, emballés dans des coffres. Son visage, marqué par l’angoisse de la découverte, s’illumine : il est désormais immensément riche.
Chapitre 24 – Éblouissement
Edmond Dantès est seul sur l’île de Monte-Cristo au lever du jour et admire émerveillé la splendeur du soleil sur les rochers et la mer turquoise. Il se souvient alors des instructions de l’abbé Faria concernant le trésor du cardinal Spada, caché dans une crypte proche. Guidé par ces indications cryptées, Edmond trouve le tombeau secret du cardinal et découvre un fabuleux trésor d’or, de pierreries et d’objets précieux. Stupéfait et « ébloui » par cette richesse inouïe, il réalise qu’il peut désormais reprendre sa place dans le monde parmi les puissants. Il couvre soigneusement le coffre de terre et de pierres pour dissimuler sa découverte, puis repart vers la vie normale, mû par la volonté de servir la justice et d’accomplir sa vengeance contre ses ennemis.
Chapitre 25 – L’inconnu
Le lendemain matin, Edmond veille sur l’île et se prépare à quitter Monte-Cristo. Il prend quelques pierreries du trésor pour lui et recouvre consciencieusement la cache de planches, de terre et de buissons afin d’effacer toute trace. Au bout de six jours, il aperçoit au loin le navire de contrebandiers « La Jeune-Amélie » qui revient le chercher. Dantès, épuisé mais soulagé, le rejoint à la plage tel un blessé attirant pitoyablement l’attention. À bord, ses compagnons lui racontent leurs propres aventures : ils ont rapporté un chargement précieux d’Espagne, mais ont dû fuir un brick de guerre français parti de Toulon à leur poursuite. Ils regrettent seulement que Dantès ne fût pas avec eux pour donner plus de vitesse au navire. Dantès écoute sans rien révéler, conscient que ses alliés ignorent encore son identité. Il comprend qu’il a désormais assez de fortune pour « rejoindre les hommes » dans la société, et qu’il ne doit plus rester isolé sur l’île comme un dragon gardant ses trésors inutiles.
Chapitre 26 – L’auberge du Pont du Gard
De retour en France, Edmond arrive sur les bords du Rhône et entre à l’auberge du Pont du Gard, non loin de Nîmes. Il se fait passer pour un abbé itinérant et y rencontre l’aubergiste, Gaspard Caderousse, et sa femme. Au cours du souper et d’un verre de vin de Cahors, Edmond aborde discrètement Caderousse : il connaît son nom, ses origines comme tailleur à Marseille, et se remémore qu’il habitait « Allées de Meilhan ». Ces connaissances précises surprennent Caderousse, qui comprend qu’il a affaire à quelqu’un d’instruit. Entre deux bouchées de soupe, une conversation s’engage sur la vie passée : Caderousse confie que sa boutique de tailleur a sombré à cause de la chaleur de l’été et des changements économiques. Au salon, un chien agressif du nom de Margottin aboie contre l’étranger. L’abbé Edmond le calme par de douces paroles, expliquant à Caderousse que le chien est inoffensif s’il s’abstient de l’approcher. Par cette politesse pieuse, Dantès se fait passer pour un homme compatissant. Il observe ensuite les lieux : la modeste salle à manger-cuisine de l’auberge, la trappe secrète au sol, témoignant d’un secret enfoui. La journée se termine sans que personne ne découvre la véritable identité d’Edmond, qui se prépare à la suite de son plan.
Chapitre 27 – Le récit
Au dîner, Gaspard Caderousse raconte aux présents l’histoire du mystérieux abbé Busoni. Il avoue que, plusieurs années plus tôt, lui et cet abbé avaient ourdi un cambriolage aux côtés d’un certain Danglars (alors inconnu de tous). Busoni avait payé Caderousse en secret pour tuer Danglars afin de conserver le butin, mais quand Caderousse n’avait pas assez osé, Danglars avait poignardé Busoni. Avant de mourir, Busoni aurait pardonné à Danglars, et Caderousse assure qu’il croyait Danglars mort sous les coups. Il rapporte que, en plus, Busoni lui avait fait promettre de garder le silence et de prendre soin de sa femme. Caderousse, la voix tremblante, conclut en murmurant que « Dieu punira » celui qui a trahi leur ami. Tout autour de la table, les convives sont choqués d’entendre ces détails de meurtre et de trahison. L’abbé, en fait Edmond caché sous ce nom, écoute cet aveu fatal : il comprend que Danglars, l’un de ses ennemis d’autrefois, est responsable de ce crime. Le récit de Caderousse met au jour le terrible passé de Danglars et jette une ombre sur la famille Caderousse, qui se dit désormais « délivrée d’un poids ». Edmond retire du rendez-vous la certitude que ses ennemis sont déjà à sa portée, sans qu’ils ne le sachent.
Chapitre 28 – Les registres des prisons
Le matin suivant, sur la route près de Beaucaire, un homme au visage ensanglanté apparaît au village : c’est Danglars, blessé au visage, vêtu d’un habit de soie bleu. Il titube et s’écroule au milieu de la rue. Un étranger anglophone (Edmond déguisé en officier anglais) le remarque et lui offre son aide. Danglars est conduit à l’hôpital de Beaucaire. Là, mal reconnu et sans papier, il est presque pris pour un inconnu suspect : les autorités veulent l’interroger sur son identité. Danglars murmure seulement qu’un pèlerin (busoni ?) est impliqué dans le crime, mais il reste vague sur le reste. Craignant pour sa vie, l’étrange bienfaiteur intervient à distance. Le soir venu, sous couvert d’un médecin anglais, Edmond convainc les gardiens que Danglars est invalide. Il parvient à faire consigner les vraies déclarations de Danglars dans le registre comme provenant d’un pèlerin, protégeant ainsi l’inconnu. L’étranger revient dans la nuit à la prison et, déguisé en médecin, soulage les souffrances de Danglars. Il paye le juge et organise sa sortie : au matin Danglars est rendu à la liberté conditionnelle sans avoir révélé son identité. Dumbstruck et reconnaissant, Danglars s’enfuit en silence, ignorant que l’étranger pieux qui l’a sauvé est en réalité le comte de Monte-Cristo.
Chapitre 29 – La maison Morrel
De nouveau à Marseille, Edmond observe la famille Morrel, anciens employeurs de Dantès, tombée dans la misère. Pierre Morrel, autrefois armateur prospère, est désormais épuisé par les dettes : l’une d’elles, imposée par Danglars, a failli ruiner son entreprise de navires. Dans la maison, autrefois gaie, tout semble sombre. L’air de désespoir règne : la femme Morrel se tient pâle et inquiète dans le salon, son mari pensif écrase la facture de Danglars entre ses mains. Leur fils aîné, Maximilien, garde le silence et le courage. On apprend qu’une lettre de Londres vient d’arriver : Thomson & French (les banques anglaises) refusent de renouveler leur crédit. La maison n’a plus de ressources : Morrel reçoit cette nouvelle comme une sentence de mort. Madame Morrel s’affaisse en larmes, assurant qu’ils sont désormais ruinés. Maximilien, impuissant, murmure qu’il assumera l’échec de son père. Les Morrel sont écrasés par l’horreur du lendemain 5 septembre, date butoir où Danglars exige le paiement. La situation décrite montre combien la famille, jadis si heureuse, est au bord du gouffre. On sent que seul un miracle financier – ou l’aide d’un mystérieux bienfaiteur – pourrait leur rendre l’espoir.
Chapitre 30 – Le 5 septembre
Le 5 septembre, jour fatal, s’ouvre sur l’attente angoissée des Morrel. Pensant un instant que leur banquier de Londres leur a accordé un délai, Morrel se réjouit. Mais bientôt le courrier apporte l’échec : Thomson & French ont fait faillite et ne renouvellent pas leur prêt. Morrel s’écroule sous le choc, n’ayant pu payer les intérêts dus à Danglars ; la faillite est inévitable. Maximilien, seul témoin du désastre, craint de perdre ses parents. Il confie à son père qu’il va sortir prendre l’air, puis remonte le Rhône sur son cheval, pressant le pas. En chemin, l’angoisse le mène au bord du Cap Redon où il songe au suicide : l’honneur voulait qu’il partage le sort de son père, mais il ne peut laisser sa famille sombrer. Au crépuscule, Maximilien se rend seul sur l’île de Monte-Cristo, prêt à tout. Là, il médite la mort quand surgit un cavalier étranger. Cet homme – Edmond sous une nouvelle identité – le trouve prostré, pistolet en main, et l’aborde en philosophe compatissant. Il l’incite à garder courage en lui rappelant que seuls les âmes nobles se vengent toujours. Puis Edmond remet à Maximilien un billet et une bourse de louis, sanctionnant ce qu’il peut offrir. Il l’invite à faire confiance au destin. Ému, Maximilien rentre au manoir : à son retour, il apprend que « La Marseillaise » (son dernier navire) a repêché deux marins sauvés, enfin lui assurant l’argent pour régler Danglars. Le jeune homme comprend qu’un mystérieux bienfaiteur a payé les créanciers. Sous cette aide providentielle – le comte a payé lui-même Danglars – les Morrel sont sauvés. Maximilien rend grâce en silence ; Edmond, invisible, a accompli son acte de justice et de charité. Avant de partir pour l’Italie, il demande à Maximilien de venir le retrouver dans un mois à Paris : le « comte de Monte-Cristo » lui a promis de le guider.
Chapitre 31 – Italie. Simbad le marin
Le comte de Monte-Cristo entreprend alors un voyage en Italie. À Rome, il éveille la curiosité en sauvant un marchand chypriote nommé Ali (qu’il surnomme « Simbad le marin ») d’un mauvais client. Il voit le vieil homme humble et honnête, sans un sou en poche, vendre une gemme sans valeur. Touché, le comte achète sur-le-champ tout son stock de pierreries, lui donnant une somme d’or faramineuse. Reconnaissant, Ali lui explique son histoire : autrefois, il était esclave d’Ali-Té-Pacha en Albanie, et connaissait la fille du grand seigneur, la princesse Haydée. Il raconte comment Ali-Té-Pacha fut trahi par son neveu et assassin assassiné. Ali s’était enfui en emmenant l’enfant Haydée. Le comte, ému par ce récit, comprend que Haydée est l’héritière de la couronne d’Albanie. Il prend alors la décision de racheter Haydée à son oncle adoptif et de la rétablir dans ses droits. Il charge Ali de la retrouver. Le vieil homme s’exclame alors qu’Haydée le reconnaîtra et l’adorera ; le comte l’assure qu’il pourra compter sur sa fortune pour toute aide. Ainsi ce chapitre dévoile la générosité et la grandeur d’âme du comte : il veut réparer les injustices subies par la princesse et honorer la mémoire de son père Ali-Té-Pacha.
Chapitre 32 – Réveil
Sur l’île de Monte-Cristo, au matin, la jeune Haydée se réveille après un profond sommeil. Elle est encore confuse : la veille, Edmond Dantès l’avait libérée de l’esclavage et emmenée en ce lieu secret. En se levant, elle découvre le comte à son chevet. Il la rassure d’une voix douce, l’informe que désormais elle est libre. Haydée, reconnaissante et pieuse, le remercie humblement. Le comte lui explique qu’il a acheté sa liberté et qu’elle a désormais le statut d’une princesse. Il lui promet que le royaume de son père sera restauré, et qu’elle n’a plus à craindre ses ennemis. Haydée voit la bonté du comte dans son regard : malgré ses souffrances passées, elle est traitée en noble grâce à lui. Ce « réveil » symbolise l’éveil de la destinée d’Haydée : elle passe du rang de captive à celui de fière héritière sous la protection du comte. Le chapitre se termine sur la promesse d’un nouveau départ pour la jeune fille, heureuse de retrouver son rang, et l’annonce d’un mariage futur arrangé par le comte.
Chapitre 33 – Bandits romains
De retour à Rome, Monte Cristo retrouve Danglars désormais déguisé en converti repentant. Danglars assiste à la messe et s’approche d’un confessional pour se soulager de sa culpabilité. Le comte, se faisant passer pour un gentleman anglais, le suit discrètement. Dans le confessionnal, Danglars se décharge de ses crimes sans se douter que quelqu’un entend : il avoue sa culpabilité dans l’affaire de l’abbé Busoni et son rôle d’usurier égoïste. Monte écoute attentivement, reconnaissant la voix de Danglars, et note chaque mot. Lorsqu’il sort, Danglars est soulagé intérieurement d’avoir confessé, croyant que le prêtre est compréhensif. Le comte, à l’extérieur, contemple Danglars troublé : c’est un « bandit » de Rome pour lui, un méchant qui se croit libre. Monte n’intervient pas directement : ce moment intime sert sa justice personnelle. Il lèvera bientôt le voile sur cette confession, mais pour l’heure il laisse Danglars partir, secrètement apaisé d’avoir déduit la vérité. Ce chapitre montre comment le comte prend connaissance des péchés intimes de Danglars sans s’en prendre lui-même physiquement à lui. Le bandit romain auquel le titre fait allusion est Danglars, chassé par sa conscience, tandis que le comte prépare les autres étapes de son châtiment moral.
Chapitre 34 – Apparition
Pendant le carnaval de Rome, Danglars erre en ville, toujours rongé par la peur et l’hypocrisie. Le comte, déguisé en plusieurs personnages, le traque. D’abord, vêtu comme un hors-la-loi, il provoque Danglars à la course à cheval : Danglars ne peut suivre et finit blessé, humilié. Puis, dans un salon de jeux, le comte revient sous les traits d’un marquis mystérieux. Il aborde Danglars pour lui rembourser un prêt imaginaire, ce qui ébranle l’usurier qui sent le complot. En fin de soirée, le comte endosse les habits d’un vieux prêtre. Il présente à Danglars la confession qu’il a entendue plus tôt, écrite de sa main sous l’autel. Danglars, croyant voir les révélations d’un esprit ou d’un magicien, est terrifié : c’est « l’apparition » annoncée par le titre. Le comte lui montre du doigt ses péchés écrits en grand, le forçant à se confesser publiquement. Hébété et repentant, Danglars promet de lâcher ses vices. Le comte cesse alors son jeu : il s’efface en silence, laissant Danglars incrédule et honteux. Par ces mises en scène spectrales, le comte s’assure que Danglars comprenne la gravité de ses actes, sans violence physique. L’usurier fuit la salle, convaincu qu’un pouvoir surnaturel cherche à le rendre justice.
Chapitre 35 – La mazzolata
Plus tard, déguisé en l’« abbé Busoni » ressuscité (vêtu de noir et au visage blafard), Monte-Cristo surprend Danglars acculé dans une rue déserte de Rome. En jouant l’abbé furieux, il inflige au banquier une gifle puis une gifle au moyen d’une courte matraque – c’est la mazzolata, le coup infligé en châtiment des crimes passés. Danglars, déstabilisé, implore grâce et tombe à genoux. Le comte, toujours sous les traits de l’esprit de Busoni, lui dit que cet aveu brutal est la justice incarnée des innocents. Puis, avec une autorité mystérieuse, l’abbé montre à Danglars le second visage : il lui révèle qu’il est en fait le comte de Monte-Cristo. L’usurier, abasourdi, reconnaît l’ancien forçat. Monte le soigne aussitôt de sa blessure et lui offre des soins ; il demande seulement à Danglars de cesser de jouer aux jeux d’argent. L’épreuve touche Danglars : il réalise que le comte connaît toute sa vie. Ce geste symbolique – mettre à genoux le criminel – laisse Danglars vaincu mais vivant. Il remercie le comte et promet de se repentir, profondément marqué. Ce chapitre décrit donc la confrontation physique où Monte frappe Danglars (d’un coup de bâton) pour lui prouver l’omnipotence de sa justice, avant de lui pardonner la mort et de lui rendre sa liberté morale.
Chapitre 36 – Le carnaval de Rome
Durant le carnaval romain, Monte-Cristo continue de se mêler à la foule en costumes bigarrés. Il repère Danglars, apeuré, tentant de quitter Rome en bateau. Le comte, en jeune cavalier, embarque discrètement sur le même navire. À la nuit tombée, un homme masqué (le comte déguisé) attaque Danglars pour lui voler ses dernières possessions (typiquement, son argent). Danglars crie au secours ; l’abbé (toujours le comte sous un autre déguisement) surgit et chasse le prétendu voleur en un duel improvisé. Danglars se réfugie seul sur la plage de Fiumicino. Quand il se retourne, l’assaillant et l’abbé ont disparu dans la brume du carnaval. Le comte, de retour à Rome par un autre bateau, observe de loin Danglars abandonné. Cet épisode carnavalesque renforce la détresse de Danglars : chaque figure mystérieuse incarnée par Monte semble lui barrer la route. Au petit matin, Danglars est livré à lui-même, ruiné et seul, comprenant que le « carnaval de Rome » n’était qu’une mise en scène cruelle pour l’humilier et l’exiler.
Chapitre 37 – Les catacombes de Saint-Sébastien
Danglars, réduit à l’état de fugitif, se cache dans les catacombes de Saint-Sébastien pour échapper à la justice et, surtout, au comte de Monte-Cristo. Là, hanté par la culpabilité, il décide de se confesser une dernière fois : il monte à la surface et croise le comte, déguisé en vieux prêtre italien débonnaire, qui descend lui aussi dans les catacombes pour « bénir les morts ». Dans le silence des souterrains, Danglars implore l’abbé de le pardonner : il avoue ouvertement tous ses méfaits, espérant le salut de son âme. Le comte l’écoute avec attention, l’absout symboliquement en versant de l’eau bénite sur lui, puis lui dit qu’il peut désormais redevenir un homme honnête. Avant de partir, l’abbé note les péchés de Danglars sur une feuille, affirmant qu’un jour il aura tout vu. Danglars, bouleversé, remercie l’abbé pour sa pitié et jure de changer. Ce chapitre, sombre et spirituel, montre Danglars à genoux face à son âme : Monte, en prêtre, lui accorde l’absolution, incarnant sa propre justice intérieure. C’est le point culminant de la purification morale de Danglars.
Chapitre 38 – Le rendez-vous
Le comte organise un dernier entretien avec Danglars. Il le fait venir sur une terrasse de l’« hôtel Garnier » à Rome, sous un ciel étoilé, pour une réunion mystérieuse à laquelle Danglars accepte de se rendre, croyant qu’on va sceller un accord. Lorsque Danglars arrive, il est surpris de trouver aussi Gérard de Villefort (le fils du procureur qui avait autrefois fait emprisonner Dantès). Le comte se présente enfin, dévoile son identité : il est Edmond Dantès, pardonné et élevé au rang de comte. Il remet à Villefort une lettre écrite par « Le Vicomte Franz d’Épinay » – en réalité Maximilien Morrel – exposant en détail toutes les fautes de Danglars (fraude aux actions de la maison Morrel, intérêt immoral imposé, etc.). Il déclare à Danglars : « Vous comprenez maintenant pourquoi vous êtes acculé : vous avez été puni par le monde, et moi, votre justice ultime. » Au terme de cette confrontation, Edmond promet de ne pas le nuire davantage : il autorise Danglars à emporter une somme qui solde ses dettes, à condition qu’il reconstruise sa fortune honnêtement. Danglars, frappé de dévotion et de gratitude, accepte l’aide. Le comte conclut ce rendez-vous en énonçant que justice divine a été accomplie pour chaque coup porté : Danglars quitte ce lieu transformé, avec la bénédiction du comte, et, sans bagage ni richesses, décide de revenir à Paris purifié de sa haine, prêt à adopter la vie honnête que lui offre sa seconde chance.
Chapitre 39 – Les convives
Dans ce dernier chapitre, Monte-Cristo réunit autour d’un repas solennel les protagonistes liés à son destin. D’un côté sont invités les victimes auxquelles il a rendu justice : Maximilien Morrel (qui a retrouvé sa fortune et son amour), accompagné de la jeune Haydée et de son père Ali (ainsi que quelques matelots marseillais reconnaissants). De l’autre, ceux qu’il a punis: Danglars, transformé, et Villefort. Caderousse est présent sans le savoir qu’il est l’objet de l’ultime leçon. Alors que la table est servie, le comte fait servir un plat spécial et prend la parole. Il révèle à Caderousse – désormais livide – qu’il connaît son crime : il confie l’argent du trésor à deux convives inattendus. Étonnamment, les deux derniers invités qui entrent sont « le soldat du Bay of Rosette » et « Ali Pacha » : il s’agit en fait de l’orphelin que Caderousse croyait avoir tué (sa propre fille ou frère, sauvé par le comte) et du vieil Ali. En voyant ces deux hommes vivants et honorables, Caderousse réalise qu’il a été floué par sa conscience : sa vengeance attendue ne s’accomplira pas. Le comte lève alors son verre : il annonce que ce sera la dernière fois que Caderousse participera à un repas, et dit « Mort aux poignards ! », se moquant gentiment. Immédiatement, Caderousse s’effondre, mort d’émotion et de culpabilité, tandis que tous ferment les yeux en silence. Le dîner se poursuit en souvenir de Busoni, et on lève les verres en l’honneur du dénouement accompli. Les convives restants – les Morrel et Haydée – s’en iront consolés, tandis que le comte, ayant accompli sa justice implacable et rendu le bien là où il manquait, se retire dans l’ombre.
Chapitre 40 – Le déjeuner
Le Comte de Monte-Cristo retrouve Fernand Mondego (alias le comte de Morcerf) et son fils Albert autour d’un déjeuner. Monte-Cristo, ayant fait escale à Paris, se rend chez les Morcerf ; Albert l’accueille avec enthousiasme. Pendant le repas, on évoque leurs voyages, l’Italie et Rome. Monte-Cristo provoque Fernand qui avait manipulé son passé, et lui présente l’adaptation à la vie parisienne. Il glisse à Albert sa carte de visite au 30, avenue des Champs-Élysées (son futur hôtel particulier) et l’invite à lui rendre visite. Morcerf semble surpris par la prodigalité du comte et met un carcan à Albert : il lui ordonne de ne rien révéler de cette entrevue à quiconque et demande à son secrétaire Beauchamp de garder le secret. Alors que Monte-Cristo part, il promet de revoir le jeune homme et le père interdit à Albert de parler de l’homme mystérieux qu’ils ont reçu. Cet épisode montre un Monte-Cristo sociable et généreux, mais il met en garde à demi-mot le monde parisien en faisant monter la tension entre les personnages.
Chapitre 41 – La présentation
Le lendemain, Albert Morcerf fait visiter son appartement de garçon à Monte-Cristo, comme un guide touristique. Il plaisante en montrant la modicité de sa chambre, ses petits meubles et ses maigres fenêtres qu’il ouvre pour faire entrer l’air, convaincu que Monte, habitué aux palais italiens, s’amusera de la différence. Puis il emmène le Comte dans son atelier où se trouvent des collections de coquillages et de curiosités ; Monte admire aussi le salon éclairé d’un candélabre et le mobilier sobre qu’il connaît déjà. Albert le conduit ensuite à l’écurie familiale, où l’on voit son magnifique attelage. On apprend que Monte-Cristo a fait venir de Londres deux superbes chevaux anglais gris pommelé – la grande fierté d’Albert – ainsi qu’une calèche coûteuse dessinée par Keller. Monte s’émerveille de l’attelage, mais Beauchamp explique qu’Albert a payé seize mille francs pour chaque cheval ; Monte suggère alors avec ironie qu’un homme d’affaires avisé les paierait trente-deux mille. Il commande aussitôt à son valet Bertuccio de faire atteler les beaux chevaux à son propre coupé, signe qu’il compte profiter de ce nouveau luxe. Tout au long de la visite, Monte demeure poli et soucieux de flatter Albert, mais ses remarques taquines révèlent son pouvoir discret : il assume au passage que rien ne lui est refusé. Le chapitre met en scène la cordialité apparente entre Monte et le jeune héritier Morcerf, et montre comment le Comte exerce tranquillement son influence en souriant sous cape.
Chapitre 42 – Monsieur Bertuccio
Le Comte arrive à son nouveau domicile parisien (rue Rue Saint-Dominique) et y est accueilli par son fidèle intendant Bertuccio. Monte lui fait constater l’adresse choisie pour résidence de ville, et Bertuccio s’incline respectueusement. Monte demande au notaire Renaud de lui présenter l’acte d’achat de la maison de campagne d’Auteuil qu’il avait fait acquérir. Au petit salon, le notaire l’assure que l’acte est prêt. Monte feint l’ignorance : il prétend n’avoir aucune idée de l’emplacement de cette maison et d’où il l’a achetée. Bertuccio pâlit en voyant que Monte ne se souvient pas lui-même de la villa : Monte feint avoir été séduit par l’annonce (« Maison de campagne ») avant de découvrir qu’elle est en fait située au faubourg Saint-Honoré. Finalement Monte accepte la transaction, signe l’acte et ordonne à Bertuccio de régler au notaire les 55 000 francs dus. Puis, en consultant ses notes secrètes, il confirme que c’est bien l’Auteuil, rue de la Fontaine, n°28. Immédiatement, comme s’il suivait un plan voulu, il appelle Bertuccio et lui ordonne de l’accompagner sans délai dans les faubourgs de Paris. L’intendant, nerveux, proteste qu’il redoute ce lieu – Monte comprend vite que c’est celui de l’« assassinat ». Sans relever la réaction de Bertuccio, le Comte quitte sa maison en calèche avec lui et fonce vers Auteuil. Ce chapitre souligne l’ordre tranquille du Comte, sa maîtrise de la situation et le rôle actif de Bertuccio : Monte se prépare à mener un enquête mystérieuse sur le terrain, tandis que le loyal Bertuccio obéit en silence, malgré son effroi.
Chapitre 43 – La maison d’Auteuil
Monte-Cristo et Bertuccio arrivent chez le concierge de la propriété d’Auteuil. Le concierge informe qu’elle appartenait jusqu’alors au « marquis de Saint-Méran ». Monte se rend compte sous le masque du titre qu’il s’agit de Villefort (M. le procureur du roi), qui habitait rarement là. Le concierge ajoute que Villefort a perdu il y a vingt et un ans sa fille (Eugénie) et qu’il s’est retiré loin du monde depuis. Bertuccio, blême, entend tout. Monte l’interroge : pourquoi cette terreur ? Bertuccio finit par confesser que c’est à Auteuil même qu’il a autrefois commis un assassinat. Il explose : Villefort venait d’y enterrer vivante la petite fille de son premier mariage (né d’une aventure malheureuse) et Bertuccio, témoin de la scène, l’a tué en représailles. Il emporte l’enfant pour la sauver. Monte écoute sans ciller. Poussé par Monte, Bertuccio avoue sa « vendetta » : il jura de tuer Villefort et a gardé ce secret durant toutes ces années. Le Comte le calme : il l’admet à révéler son crime (et comprend que l’Abbé Busoni en savait un fragment). Au jardin, Monte-Cristo guide Bertuccio qui, terrifié, explique qu’aux yeux de tout le monde ce hasard est providentiel. Voyant la pâleur du vieux Corse, Monte l’assoit sur un banc en fredonnant un air de musique italienne. Il ne brise pas le secret, mais il a désormais en sa possession tous les éléments : Villefort a délivré Eugénie, la mère de Valentine, de la noyade (volontaire) et Bertuccio a juré sa perte. Monte reste imperturbable tandis que Bertuccio, à bout de forces, murmure qu’il va maintenant tout lui dire, bien plus que Busoni ne savait. Le chapitre se termine sur cette confrontation silencieuse : Monte a son plan de vengeance en tête, et Bertuccio lui fait enfin entière confiance.
Chapitre 44 – La vendetta
Sous la forme d’un récit à Monte, Bertuccio narre la genèse de sa haine. Il part de 1815 : natif de Rogliano en Corse, il apprend que son frère, lieutenant dans l’armée impériale, rentre à Nîmes pour l’Indemnité après la Restauration. Craignant pour lui (les « massacres du Midi » ont lieu : ceux qui portaient l’uniforme napoléonien sont assassinés), il quitte son île, remonte la France en diligence et bateau. À Nîmes, il trouve la ville ensanglantée par les vengeances royalistes. Son frère est trucidé dans la rue par des royalistes (brigands Trévailles, Graffan, etc.). Fou de douleur, Bertuccio se rend chez le procureur-villefort. Là, il implore justice : Villefort traite son frère de « soldat de l’usurpateur » et refuse tout secours. Indigné, Bertuccio croit entendre insulter sa famille et tient Villefort pour responsable. Dans un accès de rage, les lames au poing, il crie au procureur qu’il est lui-même bonapartiste et le maudit : il lui déclare la vendetta (« la première fois qu’on se trouvera face à face, ce sera votre dernière heure »). Puis il fuit, jurant qu’il accomplira sa vengeance. Monte écoute ce récit avec attention et un léger sourire sarcastique devant l’irrévérence de ce Corse fougueux. Ainsi se révèle le serment ancien : Bertuccio porte à Villefort la haine farouche qui justifiera plus tard sa mort, tandis que Monte enregistre froidement cette promesse comme une dette oubliée.
Chapitre 45 – La pluie de sang
Le récit fait un retour aux protagonistes secondaires : Caderousse et sa compagne la Carconte (tous deux complices de l’arrestation de Dantès), ainsi qu’un mystérieux bijoutier. Dans le grand salon de Caderousse, entouré de piles d’or et de billets volés (issu du trésor de Monte), ils célèbrent leur fortune inattendue – résultat du sauvetage de Danglars embarqué sur la côte ouest. La tempête fait rage dehors (d’où le titre « pluie de sang ») ; autour d’un maigre repas tardif, Caderousse ne montre aucun intérêt pour manger. Le bijoutier, élégant et impérieux, observe Caderousse d’un œil critique, doutant de la loyauté de la Carconte. Une tension grandit : Caderousse et son amante préparent un plan sanglant. Lorsque le vent emporte les nappes, Caderousse saisit furtivement une arme (probablement pour assassiner Danglars ou le bijoutier). Tandis qu’un violent orage éclate, on devine dans l’obscurité que le bijoutier surprend les comploteurs. On assiste à une attaque d’une cruauté brutale : quelques éclats de voix suffisent à comprendre que Caderousse, pris sur le fait de vouloir meurtrir son hôte, est abattu sous les regards horrifiés de la Carconte. Ainsi s’achève ce chapitre sous l’ombre d’une actualité macabre : la « pluie de sang » désigne l’orage mais aussi la vengeance sanglante qui tombe sur le meurtrier de Danglars. Le salon de Caderousse devient scène de parricide : il paye de sa vie ses crimes par un coup de feu ou de lame, confirmant que la fortune souillée finit toujours dans le sang.
Chapitre 46 – Le crédit illimité
Le jour suivant, à Paris, le banquier Baron Danglars se rend chez Monte-Cristo dans l’après-midi. Il arrive en grande pompe : habits chamarrés, calèche à chevaux attelés (ce sont les chevaux achetés la veille). Danglars fait annoncer sa visite, mais le Comte insiste pour traiter lui-même. Monte l’accueille avec chaleur, comme s’il ignorait le rôle énorme que Danglars joue dans son plan. Il accueille le faux « Baron », puis s’enquiert de ses chevaux somptueux. À sa remarque – « J’avais pourtant demandé les deux plus beaux chevaux, pourquoi y en a-t-il d’aussi beaux ailleurs ? » –, le valet Ali est gêné. Monte simule la surprise et dit gentiment qu’il ordonne au cocher de dételer ces chevaux pour prendre place à cinq heures à son coupé personnel. Danglars est ébahi de cette présomption. Monte poursuit : Danglars a fait gratifier ces bêtes magnifiques (payées seize mille francs pièce), or tout est à vendre pour celui qui a l’argent. Il ajoute, sournois, qu’un homme comme Danglars (banquier puissant) aurait dû offrir vingt fois plus, car « un banquier ne manque jamais une occasion de doubler son capital ». Bertuccio se mouche d’étonnement. Le Comte explique qu’il a promis un crédit illimité à Danglars – il avait racheté ses actions espagnoles, lui donnant ainsi des liquidités sans limite –, mais à ce prix : Danglars devra débourser immédiatement trente-deux mille francs pour les chevaux. Monte conclut qu’il ira à cinq heures chez Danglars, et congédie son valet. Ce chapitre illustre comment Monte détourne l’avidité de Danglars contre lui-même : l’exubérance du banquier s’est retournée en humiliation, et Monte le domine en exigeant le double du prix qu’il avait payé. Le « crédit illimité » promis se révèle un piège financier imminent.
Chapitre 47 – L’attelage gris pommelé
Monte-Cristo accompagne Danglars jusque chez lui, afin de le présenter à sa femme. Dans le beau boudoir rose de la comtesse Hermine de Danglars, Monte charme tout le monde par ses manières distinguées. Il admire les pasteurs tendres aux murs, échange une plaisanterie avec Lucien Debray (ami de Danglars) déjà avisé à son propos, et joue du piano avec la comtesse (montre ainsi sa grâce sociale). Debray en profite pour conter à Hermine l’impression marquante que Monte a faite sur tous, notamment lors du déjeuner chez Albert. Elle est impressionnée par la fortune du Comte – des billets de banque sont discrètement montrés – et par sa gentillesse. Monte s’intéresse avec tact à la santé du fils de Danglars, à des détails aimables. Il se rend aussi discrètement chez Héloïse de Villefort (fille de Villefort) – signalé dans le livre par « hygiène auprès de Mmes Danglars et d’Eugénie » –, probablement pour avoir des nouvelles de sa femme (connaissance). Ce chapitre fonctionne comme un intermède mondain : Monte poursuit sa conquête des salons parisiens, gagne la confiance de Danglars, de sa femme et de leur entourage. L’attelage gris pommelé mentionné est celui qu’il a désormais attelé à son carrosse, symbole extérieur de son rang, mais surtout c’est par cette promenade chez Danglars qu’il affirme sa supériorité sociale et avance son plan de vengeance en infiltrant la haute société.
Chapitre 48 – Idéologie
Monte-Cristo reçoit une visite inattendue : le procureur du roi, Villefort lui-même, franchit solennellement le seuil du château du Comte. Villefort, puissant magistrat réputé habile mais détesté de beaucoup, vient remercier Monte pour avoir sauvé la vie de son épouse et de sa fille (Julienne) lors d’un incident récent. Monte reste de marbre ; il répond froidement qu’il est heureux d’avoir ainsi « rendu un fils à sa mère », car il estime le sentiment maternel sacré. Sa réponse, laconique et ferme, perturbe Villefort : le ton est celui d’un homme visiblement engagé dans sa morale intérieure. Villefort se détend en discutant géographie : il aperçoit un atlas sur la table et l’interroge, curieux de ce globe-trotter qui a tant parcouru le monde. Monte sourit : il explique qu’il appliquait à l’humanité le principe que d’autres s’appliquent à leur patrie, utilisant ses voyages non pas pour le gain personnel mais pour « étudier, soigner et consoler » les souffrances humaines. Ce dialogue masque pourtant la tension sous-jacente : Monte fait subtilement allusion à son acte de salut (sauvetage de l’enfant), sans rien révéler. Villefort, impressionné autant que méfiant, se contente de flatter la bienveillance du Comte. Ce chapitre met en scène la confrontation des convictions : Monte adopte une posture quasi-philanthropique et libérale d’« Idéologie », tandis que Villefort incarne l’autorité rigide. En apparence courtois, leur échange suggère la « dette » morale que Monte a envers la famille Villefort, tout en maintenant une distance glaciale.
Chapitre 49 – Haydée
Dans la maison du comte, la perspective d’une visite illumine son visage brisé de joie. Monte se prépare à aller rendre visite à Haydée, la jeune Grecque qu’il a libérée de l’esclavage et garde auprès de lui. Il accorde une heure pour ce rendez-vous qui lui promet un peu de bonheur après tant de jours sombres. Haydée vit dans un appartement séparé aux décorations orientales : riches tapis turcs, satins brodés, vastes divans et coussins, tout rappelle sa patrie. À son entrée, Monte découvre la jeune fille allongée, exhalant la fumée parfumée de son narguilé ; elle porte une tenue d’Épirote : pantalon de satin brodé et sandales d’or, dans le plus pur style oriental. Trois servantes françaises (vêtues modestement) et une Grecque se tiennent prêtes, car Monte lui avait ordonné de traiter Haydée comme une reine. Monte salue Haydée avec une tendresse discrète. La conversation est douce : il lui parle de ses voyages, de la magnificence de Paris, et surtout de sa gratitude pour sa fidélité. Haydée exprime sa joie de le revoir en bonne santé. Il lui révèle qu’il lui est désormais facile de vivre et qu’elle n’a plus rien à craindre. L’échange, silencieux mais sincère, fait naître une sereine complicité. Ce chapitre montre la dimension intime du Comte : Haydée est l’unique personne à qui Monte-Cristo est totalement lui-même. Sa présence rajeunit Monte, et en retour Haydée bénéficie désormais de la générosité et de la protection paternelle du comte. Leur dialogue amoureux, presque muet, est une oasis de calme parmi les intrigues extérieures.
Chapitre 50 – La famille Morrel
Le Comte se rend au numéro 7 de la rue Meslay pour revoir la famille Morrel. Il est accueilli par l’ancien armateur M. Morrel (le père), madame Julie Morrel (la mère) et leur fils Maximilien, dans la grande maison qu’ils ont appelée « Petit-Versailles » à cause de son jardin orné d’une petite fontaine. Le concierge Coclès (l’ancien portier borgne du Pharaon) ne reconnaît pas le comte masqué. En franchissant la grille ornée de poissons rouges, Monte découvre les intérieurs : le mobilier en chêne du salon, les ateliers transformés en appartements, et surtout la chaleur de l’accueil. La famille Morrel est bouleversée – elle ignorait que le comte était en ville. Morrel remercie Monte pour son geste (relatif au sauvetage de l’empereur de toutes les croisades – sous-entendu son retour d’Orient), Maximilien se montre admiratif mais réservé. Monte, souriant, passe en revue leur situation : il les rassure sur leurs affaires (leur créancier Danglars ayant été démasqué), offre sans insister une nouvelle fois l’argent dont ils ont besoin, et propose de revoir Maximilien à l’avenir. Julie Morrel exprime sa reconnaissance avec émotion. Maximilien, toujours humble, sait qu’un devoir l’attend au front (le comte lui donne un mouchoir porté par son épouse). Cet entretien d’hommes révèle l’amitié durable qui lie Monte-Cristo à la famille qu’il considère comme une dette personnelle : sauver les Morrel fut pour lui un acte de gratitude. On sent l’émotion de tous, et surtout la fidélité morale du comte, qui partage avec les Morrel une complicité d’honneur sans politique.
Chapitre 51 – Pyrame et Thisbé
Une scène romantique se déroule dans un jardin secret du faubourg Saint-Honoré, derrière une haute grille ornée de marronniers. Un jeune homme, pour voir Valentine (la fille de Villefort), est dissimulé derrière une cloison en bois : c’est Maximilien de Morrel, arrivé le premier. Il épie dans le silence la venue de sa bien-aimée. Il voit Valentine approcher, accompagnée de deux femmes (Mme Danglars et Mademoiselle Émilie de Noirtier). Celle-ci lui avait rendu visite pour déjouer un mariage arrangé, et les deux dames ont retardé Valentine. Maximilien l’attend tremblant d’impatience. Dès qu’il aperçoit sa robe blanche et sa ceinture bleue, il glisse un regard plein d’amour à travers une fissure du bois, comme les amoureux mythiques Pyrame et Thisbé. Valentine, surprise par ce soupir venant de l’ombre, a d’abord peur, puis elle reconnaît son amant. Le plan est clair : Maximilien se cache pour l’embrasser en secret. Ces deux adolescents échangent un baiser volé à travers la cloison, se promettant fidélité. Ce doux intermède amoureux rappelle l’histoire antique des amants séparés par un mur. Le chapitre s’attarde sur les émotions pures et la tendresse des amours de jeunesse. Il manifeste l’amour naissant entre Maximilien et Valentine, ainsi que la passion cachée qu’ils partagent, insouciants des regards du monde. À ce stade, leur liaison s’affermit, symbolisée par ce baiser furtif en plein jardin bucolique.
Chapitre 52 – Toxicologie
Le Comte fait une visite de courtoisie chez Valentine et M. de Villefort. En entrant dans le salon de Valentine, il salue d’abord la jeune fille avec douceur ; Mme de Villefort et son mari arrivent peu après. Le garçonnet Édouard se précipite pour saluer le grand personnage en le titillant de traits d’esprit (comme à son habitude bavard). Monte lui parle gentiment, partage un moment de surprise sur les nouvelles du monde, puis propose au procureur de passer au laboratoire de son château pour qu’il examine des composés chimiques. Il suggère avec malice un exercice de « toxicologie » : il offre à Villefort de tester un alcaloïde dans son laboratoire privé (un petit jeu scientifique), semblant être amateur de chimie. Villefort, friand de dévotion à la science, accepte. Le Comte s’éclipse quelques instants en disant qu’il va préparer une expérience. Ce chapitre insère une légèreté : Monte montre qu’il est homme de sciences et d’artifices, taquinant Villefort sur ses manies scientifiques. Sous la forme d’une visite d’étude, il gagne la confiance du procureur sans éveiller les soupçons. C’est un prélude à de futurs événements où la connaissance de certains poisons et antidotes – les « subtilités de la toxicologie » – aura son importance. Pour l’instant, Monte garde le sourire, juste satisfait d’être introduit dans ce cercle familial, prêt à lancer sa main sûre dans le jeu.
Chapitre 53 – Robert le Diable
Le Comte assiste en soirée à la représentation de l’opéra « Robert le Diable » à l’Académie royale de musique (l’Opéra de Paris). La raison officielle de cette soirée exceptionnelle est une solennité culturelle. Monte est accompagné de quelques amis (on distingue peut-être le baron Danglars et sa femme, ou des représentants du beau monde), et il occupe un fauteuil sur le côté. La description souligne l’élégance du public – Monsieur et Madame Danglars, Lucien Debray, la baronne Hermine – tous retenus par la magnifique musique de Meyerbeer. Le comte écoute l’ouvrage avec attention bien qu’il connaisse la musique ; il échange des remarques pertinentes avec les connaisseurs qui l’accompagnent. À la fin de l’acte, Monte est applaudi pour son rôle charitable (notamment la levée de la malédiction, évoquée dans l’opéra), et tous s’étonnent de son humilité. On le regarde maintenant comme un mélange d’Innocent et de véritable noble. Ce chapitre s’emploie moins à faire avancer l’intrigue qu’à montrer Monte-Cristo au milieu de la haute société musicale de Paris, loué pour son humanité. Sa présence à l’Opéra le crédibilise et renforce son aura : même en art lyrique, son image se consolide parmi les personnages en vue, sans qu’il révèle ses projets secrets. L’allusion au titre « Robert le Diable » (un personnage qui finit par se racheter) suggère métaphoriquement la transformation du comte et des autres figures.
Chapitre 54 – La hausse et la baisse
Monte-Cristo poursuit son dessein financier. Il fait monter à Paris les cours de l’entreprise de la Compagnie des mines d’or d’Andalousie (dont Danglars est actionnaire) grâce à des achats massifs d’actions (il dépense en secret des millions). Danglars, convoitant encore plus de gains, emprunte auprès du comte (celui-ci lui offre un crédit illimité) pour renchérir ses parts. La spéculation fait flamber le titre ; tous en parlent dans les salons. Puis, brusquement, Monte retire ses fonds : il ordonne la vente soudaine de tous les titres acquis – la « baisse » s’ensuit : en quelques jours, l’action s’effondre et Danglars doit rembourser des dettes colossales qu’il ne peut payer. On voit Danglars blême et paniqué, cherchant désespérément à demander de l’aide. Monte se montre intransigeant : « Un banquier ne manque jamais à payer », lui rappelle-t-il par un billet sec. Ce chapitre montre la chute rapide du baron spéculateur. Le « crédit illimité » qu’il croyait acquis se retourne contre lui : Danglars voit sa ruine se concrétiser. Monte s’est servi des mécanismes de la bourse pour punir son ennemi. L’affaire boursière est racontée à grands traits, soulignant la différence entre l’orgueil de Danglars (sa « hausse ») et son désespoir final (la « baisse »). Le Comte, toujours maître de la situation, a préparé minutieusement cette vengea nce économique.
Chapitre 55 – La major Calvacanti
Le Comte met en scène son nouveau complice : il présente à sa table un jeune Italien, « Major Cavalcanti ». C’est en réalité Andrea Cavalcanti, un aventurier de génie fabriqué par le Comte (fils illégitime d’une duchesse). Dans le salon du comte, ce bel homme mondain est introduit comme le fils du « grand général Cavalcanti ». Madame Danglars, Lucien Debray et quelques invités sont surpris de le voir. Monte l’accueille comme un familier et lui donne une introduction flatteuse : Cavalcanti annonce que son père en Sicile lui recommande de voyager et que son nom leur est familier (il a déjà été engagé par Maître d’Avrigny pour incarner ce rôle). Andrea, joueur, charme immédiatement tous les convives par sa confiance et son accent italien. Il flirte à mots couverts avec Hermine et prend des intérêts fins. Ce chapitre installe Major Cavalcanti parmi les personnages clés : Monte prépare ainsi le piège à Danglars, en faisant de ce niais italien un nouveau prétendu parent auquel la haute société va vite s’attacher. L’atmosphère reste élégante et souriante, Monte tissant son filet sans soulever l’inquiétude des autres.
Chapitre 56 – Andrea Cavalcanti
Monte-Cristo encourage Major Cavalcanti à briller en société. On le retrouve bientôt dans les soirées mondaines, notamment auprès de Danglars : le jeune Italien flirte éhontément avec la femme du banquier et se présente comme un bon vivant généreux. Sous le regard approbateur de Monte, Cavalcanti obtient des avances d’argent de Danglars, soi-disant pour participer à un grand voyage militaire. Danglars, avide de plaire au « neveu » italien, s’empresse de répondre à ses demandes. Le Comte observe ce manège de loin : Cavalcanti a même emprunté la tenue de major pour l’occasion. Le banquier, maintenant ruiné, s’accroche aux espoirs de ses derniers placements ; Cavalcanti lui offre l’illusion d’une association internationale. Monte laisse ce jeu de dupes se dérouler : Cavalcanti s’endette petit à petit avec l’argent du Comte (versé via Danglars). Ce chapitre amplifie l’escroquerie : l’héritier imaginaire gagne en crédibilité aux yeux de tous. Monte se contente de guider son jeune protégé tout en souriant intérieurement, sachant que Danglars investit aveuglément dans ce faux projet. Ce duo Cavalcanti-Danglars est la dernière étape du complot du Comte : l’argent coule des mains du banquier vers l’esprit malin du Comte, sous couvert de générosité cavalière.
Chapitre 57 – L’enclos à la luzerne
Dans le jardin secret voisin de la demeure de Villefort, Maximilien attend sa fiancée, Valentine. Il a préparé leur rendez-vous dans « l’enclos à la luzerne », un lieu tranquille caché par des marronniers. Il épie derrière un grand banc de pierre et fronce l’oreille au moindre bruit. Au crépuscule, Valentine arrive enfin, accompagnée de sa nourrice. Maximilien vient au-devant d’elle. Ils échangent timidement leurs sentiments : Valentine lui narre l’entretien qui vient d’avoir lieu chez sa mère avec Mme Danglars et sa petite-fille Émilie. Elles avaient prolongé la visite, retardant Valentine délibérément ; Maximilien explique la raison de sa disparition inhabituelle. Le jeune couple bavarde à voix basse, ignorant le restant de la ville ; leur amour est pur et naïf, sans querelle. Ils se promènent dans l’allée, promesse de fidélité avec des sourires. À travers les grilles, l’obscurité les enveloppe, leur donnant l’illusion d’être seuls au monde. Ce chapitre montre la simplicité et la force de leur amour : Maximilien et Valentine se retrouvent clandestinement, protégés par la ruelle de verte luzerne. Leur échange romantique, tendre et pudique, se concentre sur leurs projets d’avenir et leur confiance mutuelle, insensibles aux intrigues des adultes. L’amour triomphe un instant de toutes les contraintes extérieures dans ce havre champêtre.
Chapitre 58 – M. Noirtier de Villefort
Pendant ce temps, dans la maison du procureur, Villefort et sa femme retrouvent le vieux Noirtier. Après le départ de Mme Danglars, Valentine s’éclipse en toute confiance (Noirtier lui avait demandé de ne pas s’inquiéter et de rester). Seuls dans son « alcôve », Noirtier, le grand-père paralysé mais vigoureux, est placé devant un miroir pour voir toute la pièce. Dès l’entrée de son fils, Noirtier le dévisage du regard. Malgré son immobilité totale, son seul œil en pleine activité trahit ses pensées. Valentine, assise à ses côtés, connaît son secret langage : elle lit dans son regard les remerciements, les consignes. Villefort s’assoit en face et va entamer la « conversation » : Noirtier lui demande de mandater le notaire pour un acte (il a quelque chose d’urgent à régler). On sent que Villefort comprend : il pense probablement que le témoin est prêt à rédiger un testament. Le texte décrit la dualité du vieux paralytique : physiquement inerte, il communique par de légers mouvements d’yeux que seuls sa petite-fille et son fidèle domestique déchiffrent. Villefort, quand il vient, ne fait qu’observer, tandis que Valentine sert d’interprète. Le portrait de Noirtier est émouvant : un « cadavre avec des yeux vivants ». Ce chapitre insiste sur la complicité entre Noirtier et Valentine : elle a du dévouement à force de patience et finit par comprendre toutes ses intentions. On sent la détermination de Noirtier qui prépare quelque chose en secret : son regard malicieux à l’arrivée de Villefort suggère qu’il va accomplir un dernier acte de volont é.
Chapitre 59 – Le testament
Le vieux Noirtier oblige Villefort à attendre en silence. Après quarante-cinq minutes de mutisme solennel, Barrois (le notaire) est appelé dans la maison par Valentine. Villefort comprend que l’heure du testament a sonné : Noirtier a requis la présence de l’officier ministériel pour officialiser ses dernières volontés. Villefort, troublé, prend un fauteuil. Noirtier observe son fils avec indifférence apparente. Valentine reste tranquille à ses côtés. Bientôt le notaire arrive. Villefort l’interroge, mais c’est Noirtier qui esquisse ses directives par son regard : nul mot ne sortira plus de sa bouche, seules ses intentions seront gravées. On devine l’acte : selon les désirs de Noirtier (déjà insinués dans son premier testament), la quasi-totalité de ses biens est léguée à Valentine et non à la branche aînée. Il exclut quiconque d’autre, notamment Émilie, de sa succession, préférant l’avenir de sa petite-fille. Villefort, sil imenant cet héritage, demeure impuissant mais résigné. Ce testament préparé en silence conclut le volume : Noirtier, avec son œil puissant, « dicte » à la notaire son dernier mot d’amour pour Valentine. Le titre « Le testament » souligne le transfert symbolique de la vie (et de la fortune) du vieux patriarche à sa descendance choisie, clôturant ainsi le troisième volume sur l’accomplissement de l’intrigue successorale et morale.
Chapitre 60 – Le télégraphe
À son retour chez lui, Villefort est abattu par la maladie de Valentine. Monte-Cristo le remarque et tente de le divertir. Il annonce qu’il va visiter une curiosité qui l’a longtemps fasciné : « visiter une chose qui m’a bien souvent fait rêver… Laquelle? – Un télégraphe » Il décrit alors poétiquement les premières images qu’il en gardait : ces « bras noirs… semblables aux pattes d’un immense coléoptère » dressés dans le ciel, porteurs à trois cents lieues de la « volonté inconnue » d’un homme. Monte explique qu’enfant il croyait à des génies, puis qu’il a appris que la machine n’était actionnée que par « un pauvre diable d’employé » payé mille francs l’an. Ce contraste décisif le pousse à vouloir voir de près le télégraphe. L’atmosphère se détend et, bien que Villefort reste préoccupé par son procès avec son père, Monte utilise cette démonstration pour remonter le moral du magistrat.
Chapitre 61 – Le moyen de délivrer un jardinier des loirs qui mangent ses pêches
Le lendemain, Monte-Cristo se rend au télégraphe campagnard de Montlhéry. Il y rencontre l’employé-télégraphiste, un vieil homme à l’allure simple qui se lamente sur la misère de son potager : « le jardin n’est pas grand… et… il est peuplé de loirs qui dévorent tout! C’est mon fléau », avoue-t-il. Monte, compatissant, le met à l’aise (il lui avait cueilli quelques feuilles de vigne) et discute du métier sans manquer d’humour. Bientôt Monte aborde l’argent en jeu : il lui demande si mille francs par an suffisent. Voyant le télégraphiste mal à l’aise, Monte propose alors un marché incroyable : « Pas même pour quinze ans de vos appointements? – Pour quinze mille francs? – Oui… je le ferai, puisque j’ai promis». En somme, il offre 15 000 francs pour qu’aucun signal ne soit manqué, afin de préserver le bonheur et le jardin de l’employé. Cette largesse inattendue, comme une « princesse aux pouvoirs surnaturels », rappelle combien Monte peut transformer un quotidien modeste par sa fortune et sa générosité.
Chapitre 62 – Les fantômes
On découvre la maison vide de Monte-Cristo à Auteuil, redevenue pleine de vie. De l’extérieur, elle reste simple (par son choix), mais l’intérieur est métamorphosé par Bertuccio : arbres plantés, pelouse étendue en un jour, mobilier luxueux changé au goût du comte. Le résultat est spectaculaire : la demeure, « comme le palais de la Belle au bois dormant, vivait, chantait, s’épanouissait ». Bertuccio a disposé partout les objets favoris du maître – armes, livres, tableaux, cages d’oiseaux, chiens… – et ornements végétaux (fleurs, pois de senteur) pour créer l’ambiance exacte qu’il aime. Monte lui-même a indiqué à l’intendant ses préférences en plan de la cour et des arbres. Tout est prêt pour son installation : on sent que, en quelques heures, l’intendant et son maître ont ressuscité la maison, jadis lugubre, en un « coin de paradis » adapté aux goûts et aux habitudes du comte.
Chapitre 63 – Le dîner
Monte-Cristo convie à dîner tous les personnages clés : Villefort et sa femme, Danglars et sa femme, Cavalcanti père et fils, Debray, Morrel, Château-Renaud. En entrant dans la salle à manger, chacun est étrangement troublé, se demandant pourquoi ils se retrouvent ensemble chez ce riche inconnu. Tout en feignant légèreté, le comte orchestre le repas pour aiguiser leur curiosité. Il s’installe face à Mme Danglars et Mme de Villefort, donnant volontairement le bras à l’une et l’autre, ce qui n’échappe pas à leurs regards. Les convives forment un cercle inhabituel (par exemple Danglars entre Villefort et Mme Danglars). Le dîner est un véritable spectacle : Monte sert un « festin oriental… comme les festins des fées arabes ». Les tables croulent sous des fruits de tous pays empilés en pyramides, des poissons monstrueux sur larmes d’argent, des oiseaux rares, des vins exotiques en fioles excentriques. Les Parisiens comprennent alors qu’avec la fortune de Monte tout est possible (il se moque d’eux : « arrivé à un certain degré de fortune, il n’y a plus de nécessaire que le superflu »). Ce déploiement luxueux sert à amuser les convives et à semer discrètement l’admiration – ou la peur – en eux.
Chapitre 64 – Le mendiant
Le soir, après le dîner, les invités regagnent leurs voitures. Monte observe Danglars repu de sa conversation avec Cavalcanti père sur une affaire financière, mais se montre silencieux. Au moment où Andrea Cavalcanti s’apprête à monter dans son tilbury, un « mendiant » apparaît : c’est Caderousse, appuyé sur une canne, visage hâlé, large sourire aux dents luisantes. Il s’adresse à Andrea avec une familiarité effrayante, se présentant comme porteur d’une commission passée (« je désire seulement dire deux mots à votre bourgeois, qui m’a chargé d’une commission il y a quinze jours… »). Malgré la stupeur du groom, Caderousse parvient à monter dans la voiture, soutenu par Andrea qui feint l’obéissance : « Cet homme a effectivement été chargé par moi d’une commission… Allez jusqu’à la barrière… » dit Andrea de peur. L’inconnu, lui, entre sa main dans sa poche et s’exclame : « mon petit Benedetto ! ». Andrea tressaille : Caderousse l’appelle par son vrai prénom, dévoilant qu’il le reconnaît. Il le contraint ainsi à le conduire en sortant d’Auteuil. Ce retournement en plein soir entraîne Andrea (Benedetto) hors de la maison, piégé par le prétendu mendiant.
Chapitre 65 – Scène conjugale
De leur côté, Danglars et sa femme regagnent la capitale. Au retour, le marquis Cavalcanti part avec Danglars, et Andrea reste à Paris dans le fiacre de Danglars. Plus tard, chez eux, l’atmosphère est lourde : Mme Danglars, toujours perturbée par le dîner et la présence de Monte, se plaint au comte Debray, son amoureux. Debray vient la recevoir à la porte et la rassure : il comprend qu’elle a ressenti quelque offense, sans oser avouer quoi que ce soit. Il la soutient avec douceur, lui affirmant qu’« on ne souffrira jamais qu’une impertinence vous soit faite ». Debray, protecteur, devine que Monte a pu lui tenir des propos blessants. Hermine, sous le choc, assure qu’elle allait déjà mal ce soir-là. L’entretien souligne la jalousie muette de Debray et l’angoisse de Mme Danglars : ils soupçonnent Monte d’avoir éveillé la colère de la baronne par de cruels sous-entendus, mais elle ne veut pas lui en parler ni troubler sa soirée.
Chapitre 66 – Projets de mariage
Le lendemain midi, le landau de Debray n’apparait pas chez les Danglars : Hermine est absente, ce qui inquiète Danglars au palais. Après avoir quitté la Chambre (il a brocardé le gouvernement pour son malheur), Danglars est conduit chez Monte par service. Dans le salon, il rencontre Monte et un mystérieux abbé (son ami Busoni/Caderousse en habit). Monte s’excuse de ce qu’ils l’aient fait attendre, mentionnant l’arrivée d’un vieil ami prêtre. Il s’inquiète de Danglars (« vous avez l’air tout soucieux »). Le banquier avoue ses malheurs financiers : son partenaire à Trieste, Jacopo Manfredi, vient de faire faillite, mettant à mal sa banque (il perd plus d’un million). Monte l’écoute patiemment, feignant sympathie. L’échange est déguisé, Monte cherchant surtout à sonder Danglars. Du reste, Monte respecte sa promesse et, malgré les nouvelles terribles de Danglars, le traite avec courtoisie. Cette entrevue dessine une complicité très feutrée : Monte agit en bienfaiteur discret tandis que Danglars confesse sa « fatalité inouïe » au comte.
Chapitre 67 – Le cabinet du procureur du roi
Mme Danglars, ayant feint un mauvais tournant de santé, se rend incognito au cabinet de Villefort vers l’aube. Arrivée rue du Harlay, elle se fond dans la foule sans éveiller de regards particuliers, avant d’entrer dans le bureau du procureur grâce à l’intervention d’un huissier. Villefort, qui se préparait mentalement à une longue séance de travail, verrouille soigneusement sa porte dès qu’elle est seule. Il la salue : « Madame, merci de votre exactitude ». Villefort lui explique qu’ils peuvent enfin parler seuls, regrette que ce soit pour un sujet « bien pénible ». Il sourit malgré lui en constatant qu’« il est vrai… que toutes nos actions laissent leurs traces, les unes sombres, les autres… ». Villefort cache son trouble sous un masque d’amabilité tandis que Mme Danglars, le cœur battant, reste silencieuse. Cette scène annonce la confrontation sur les révélations familiales : Villefort, en privé, feint de n’avoir aucune conséquence à craindre, bien qu’il soit intérieurement accablé par la lettre découverte.
Chapitre 68 – Un bal d’été
Au même moment, Morcerf ramène sa mère de voyage à Paris et prend un bain, puis se rend chez Monte. Albert est joyeux : il blague avec Monte sur les événements du dîner. Mais sa question révèle qu’il veut savoir si l’on a parlé de lui au dîner : Monte liste les présents (« Danglars, le vicomte Andrea Cavalcanti, Mme Danglars, M. et Mme de Villefort, Debray, Maximilien et M. de Château-Renaud ») – « On a parlé de moi? – On n’en a pas dit un mot. – Tant pis. » Cette réplique mordante confirme qu’aucune confidence n’a filtré. Albert apprend aussi que Danglars a dîner avec sa baronne et Cavalcanti. Monte écoute, impassible, laissant filtrer peu d’informations. Ce séjour au bal (en réalité le salon mondain de Monte à Paris) se passe dans une gaieté feinte. Albert, soulagé de revoir Monte, ne devine pas les intrigues sous-jacentes : Monte conserve son mystère.
Chapitre 69 – Les informations
Monte-Cristo récolte des informations auprès de divers canaux (palais de justice, journaux, correspondances). Il apprend à titre général les derniers événements politiques et financiers : l’effondrement boursier de Danglars, la faillite de Manfredi, la situation de la famille Villefort. Il reste en retrait, observant sans intervenir. (Le roman ne donne pas de scène spécifique, mais Monte poursuit discrètement ses préparatifs.)
Chapitre 70 – Le bal
Dans la soirée, Monte et ses invités participent à un bal organisé par le comte. Les salonniers dînent d’abord chez Monte puis vont au bal. Les jeunes femmes (Valentine, Eugénie, etc.) et jeunes hommes se mêlent au bon marché du Monde. On entend de loin de la musique, mais la narration se concentre sur Monte et Albert. (On apprend surtout à quel point la société est intriguée par l’annonce d’un mariage dans l’air et par le mystère entourant Danglars et Cavalcanti. Les invités continuent de discuter de la soirée chez Monte – point clé : personne n’évoque le comte au dîner.)
Chapitre 71 – Le pain et le sel
Le lendemain, Monte effectue un ultime geste de reconnaissance pour Albert Morcerf. Selon la tradition orientale évoquée par Monte, il remet à Albert du pain et du sel en signe d’amitié et de promesse d’accueil (on dit en substance que Monte demande formellement à être demandé en mariage par Albert auprès du baron d’Épinay). Albert en rit, mais Monte insiste qu’il lui avait promis d’assister Danglars pour officialiser le mariage. Cette scène, pleine de bonne humeur, plante le décor du futur mariage pressenti : Monte et Albert taquinent l’idée du contrat. Monte prend solidement son rôle de bienfaiteur qui aide à réaliser les vœux de son « protégé ».
Chapitre 72 – Madame de Saint-Méran
Après le bal, dans la demeure de Villefort, une scène tragique se noue. Ses deux belles-sœurs (Mme de Villefort et Mme Danglars) sont parties au bal, mais Villefort refuse de les accompagner. Il se retire dans son cabinet pour relire ses dossiers personnels et repenser aux derniers jours. Il sort alors de son secrétaire une liasse de papiers où il a consigné les noms de tous ceux qui lui font obstacle (dessins politiques ou blessures personnelles). Il constate que, malgré cette longue liste d’ennemis, aucun n’aurait patiemment attendu pour surgir aujourd’hui avec le secret qui le frappe. Tendant vers l’abîme, il murmure des vers de Hamlet et se persuade : « dans aucun cas il n’a pu y avoir de contact entre moi et M. de Monte-Cristo ». Cette pensée cherche à lui donner du courage, mais il sait au fond qu’elle est fausse. Villefort, pris de panique, ressent que le piège se referme : la faute que son père lui a cachée depuis si longtemps va le perdre.
Chapitre 73 – La promesse
Maximilien Morrel, désespéré depuis la mort du marquis de Saint-Méran, a pressenti que quelque chose de grave se jouerait chez les Villefort. Il est allé en voiture à la grille du jardin. Par chance Valentine passe par là : il l’interpelle. Elle révèle que, sans l’attendre, on a fixé son mariage pour le lendemain avec le baron Franz d’Épinay (le fiancé). Elle explique que sa grand-mère, jusque-là opposée, s’est finalement ralliée, et que M. d’Épinay est arrivé à Paris ce matin. Morrel comprend l’horreur de la situation : Valentine doit épouser un homme qu’elle n’aime pas, bientôt, sans avoir pu l’éviter. Au moment où il parle, arrive M. d’Épinay (franz) avec Albert, escorté par Monte. Monte, surpris, s’exclame « Ah ! M. le baron Franz d’Épinay! » Maximilien reconnaît aussitôt la dernière pierre du piège : les fiançailles sont imminentes. Effondré, il craint que sa bien-aimée ne lui échappe pour toujours.
Chapitre 74 – Le caveau de la famille Villefort
Deux jours plus tard a lieu le double enterrement du marquis de Saint-Méran et de Valentine. Une grande foule parisienne suit le cortège funèbre qui remonte le faubourg Saint-Honoré. Monte-Cristo s’est discrètement glissé dans un corbillard de la maison du comte (« une espèce de fourgon peint en noir… ») qui, par extraordinaire coïncidence, transporte aussi le corps du marquis. Les deux cercueils seront inhumés au Père-Lachaise dans le caveau Villefort, déjà préparé pour les Villefort (là repose Renée Saint-Méran). Parmi les proches, Beauchamp, Albert et Château-Renaud devisent sur cette mort brutale. Ils jugent que Mme de Saint-Méran, femme robuste, n’est pas morte de vieillesse mais de chagrin : « ce n’est point l’âge qui l’a tuée, c’est le chagrin qu’elle a ressenti… depuis la mort du marquis, elle n’a pas repris complètement la raison ». On évoque une « congestion cérébrale » foudroyante. Chacun sait que le deuil a précipité la tragédie : la pauvre Renée épouse Villefort dix ans plus tôt, et maintenant, après son retour pour le mariage de Valentine, elle rejoint son mari pour l’éternité.
Chapitre 75 – Le procès-verbal
Peu après, Noirtier de Villefort réunit Valentine, Franz d’Épinay (le fiancé) et deux notaires chez lui. Villefort et sa femme restent en retrait. Noirtier, assis, ne peut parler ni bouger, mais commande tout de ses yeux. Il fait signe à Valentine de s’approcher, puis, en patientant, elle trouve le mot clé pour ouvrir un tiroir secret de son bureau. Dans ce tiroir se cachait le vrai testament de Noirtier, une liasse de papiers. Valentine lit plusieurs documents sans succès. Noirtier fixe alors un mot dans un livre (« secret »), permettant à Valentine de trouver la clé de l’écritoire et, sous un double fond, la liasse tant convoitée. C’est là la lettre cachée révélant le mensonge sur son mariage d’autrefois. La scène est silencieuse : Mme de Villefort renforce l’attention, mais son regard reste vide. Aucun mot n’est prononcé ; seul Noirtier répond de ses yeux (« Oui ») aux questions de Valentine. Au terme de cette quête, le document caché sous clé est enfin entre les mains de Villefort et de ses témoins : le testament original prouvant que Villefort était l’époux d’une fille d’horloger anonyme, et non celui d’une marquise.
Chapitre 76 – Le progrès de Cavalcanti fils
Quelques jours après, on apprend qu’Andrea Cavalcanti est désormais officiellement reconnu comme héritier du marquis de Cavalcanti. Son père annonce qu’il reprend son « service »… aux jeux de Lucques, en Italie, et lui laisse ses papiers d’identité (acte de naissance, noms du père et de la mère) avec tous les frais payés. Andrea peut donc s’ancrer dans la haute société parisienne en tant que « son excellence monseigneur le vicomte Andrea Cavalcanti ». En à peine deux semaines, il a su tirer parti de son rôle de « prince italien » : on dit qu’il possède 50 000 livres de rente, et qu’il possède d’énormes trésors dans les carrières de Toscane. Ses prétentions sont prises au sérieux lorsque des savants confirment l’existence même de ces mines. Ambitieux et intelligent, Andrea se pavane dans les salons, vanté par Monte comme un jeune homme riche et savant.
Après cette montée en société, Monte fait de nouveau visite à Danglars. Le banquier, fort intrigué par Cavalcanti, propose de présenter Monte à son épouse. Danglars reçoit le comte seul un instant. L’accueil est poli : Mme Danglars, troublée par les récents événements, reçoit Monte avec crainte mais respect (son charme la rassure). Monte contemple la scène d’un regard circulaire : la Baronne est accroupie près de sa fille Eugénie, Cavalcanti fils regarde, et Monte comprend que toute la situation lui échappe encore.
Chapitre 77 – Haydée
Monte raccompagne Albert dans son carrosse. Albert, embêté, demande en riant au comte s’il lui a permis de « jouer son petit rôle » comme au roi après la Saint-Barthélemy. Il fait allusion au soupçon que Cavalcanti amoureuse de sa sœur, Eugénie, lui ferait de l’ombre : « il aspire à la main de la fière Eugénie », plaisante-t-il en vers. Monte, pris de légèreté, fait semblant d’ignorer ces histoires : il nie protéger Cavalcanti. Albert enchaîne en demandant s’il a envoyé Danglars faire une démarche définitive pour le mariage. Avec un sourire mystérieux, Monte affirme qu’il s’y engage, « puisque j’ai promis », confirmant qu’il a bien accepté la requête d’Albert d’intervenir en sa faveur. Albert reconnaît alors que Monte est bien décidé à le marier. Ils changent de sujet : Albert note l’absence de Debray chez Danglars, signe d’une brouille. Monte feint l’innocence mais Albert murmure qu’il y a « quelque chose de terrible ».
Chapitre 78 – On nous écrit de Janina
De retour chez lui, Villefort découvre une lettre signée du baron d’Épinay (François). Elle est glaçante : Franz, choqué par la conversation du matin (il a entendu parler du secret de Noirtier), rompt les fiançailles. Le courrier explique que, après ce qu’il a entendu (« ce qui a été révélé ce matin »), le marquis Noirtier « ne peut supposer qu’une alliance soit possible entre sa famille et celle de M. Franz d’Épinay ». Villefort, écrasé, relit la phrase : Franz « a horreur de songer » qu’un homme qui connaît tout ne lui ait rien dit. Cette franchise inattendue (Noirtier est prêt à tout dénoncer) humilie Villefort. Il n’ose plus se montrer. Peu après, il annonce à sa femme qu’un accès de Noirtier (attaqué d’une paralysie) a retardé le contrat de mariage. En vérité, le mariage est annulé. Valentine, folle de joie et de soulagement, remercie son grand-père. Villefort se retient devant les notaires et affirme que, « au commencement de la conférence, M. Noirtier a eu une attaque », d’où la remise. L’auditoire est interdit. Valentine, soulagée d’avoir retrouvé sa liberté, sort et va trouver Maximilien. Elle embrasse Noirtier, et, entre l’effroi et la joie, s’élance vers le jardin. Chaque seconde, elle attend de voir surgir Morrel, son bien-aimé, venu comme un seigneur à l’allure menaçante – avec l’ombre de Ravenswood – pour la sauver enfin.
Chapitre 79 – La limonade.
Morrel se rend en hâte chez le vicomte Noirtier, qui est mourant, accompagné de son fidèle serviteur Barrois. Le jeune homme est encore angoissé par les récents événements tragiques qui ont frappé la maison de Villefort (empoisonnements). Il attend auprès de Noirtier pour lui demander quelque faveur pour Valentine, la petite-fille du vieillard. Noirtier, paralysé et muet, ne parle pas mais communique par son regard et ses clignements de paupières. Morrel confesse qu’il aime sincèrement Valentine et souhaite l’épouser pour lui apporter le bonheur. Le vieux Noirtier, avec effort, bénit ce projet : il cligne de l’œil pour approuver le mariage. Un éclair de joie illumine les yeux de Valentine quand elle comprend, grâce aux signes de son grand-père, qu’il donne son accord. Ce geste bienveillant de Noirtier offre un nouvel espoir à Morrel, qui quitte la maison du vieux patriarche soulagé. (Cet accord sera déterminant pour l’avenir de Morrel et de Valentine, que la bienveillance de Noirtier aide enfin à unir.)
Chapitre 80 – L’accusation.
Nous assistons au retour dans le cabinet de Villefort des autorités appelées lors de l’empoisonnement récent : le procureur M. d’Avrigny et d’autres médecins. Villefort, rongé par l’inquiétude depuis plusieurs décès dans sa maison, sombre dans le désespoir. Le magistrat n’ose pas prononcer sa propre culpabilité : il se sent perdu. Le docteur d’Avrigny informe violemment Villefort que les indices révèlent un crime commis chez lui – un crime « domestique ». Devant la résistance de Villefort, le docteur l’exhorte à chercher qui « bénéficie du crime », et insinue que le coupable est parmi ses proches. Villefort est bouleversé. À la fin du chapitre, Villefort fait l’aveu pressant du nom de son père, Noirtier (mort noyé dans un verre de limonade truffé de poison). Le médecin explique que c’est en vérité Noirtier qui aurait dû boire cette limonade mortelle selon le hasard de la destinée : il était immunisé, il n’est pas mort, alors que Barrois l’a bue par accident. Villefort assiste horrifié à cette conclusion : le vieillard a failli succomber pour protéger d’autres victimes, et lui-même s’en est sorti par miracle. (La scène se termine avec Villefort témoin de la puissance tragique de la destinée, car sa propre famille a failli être fauchée par le poison.)
Chapitre 81 – La chambre du boulanger retiré.
Andrea Cavalcanti, alias le faux fils du comte de Monte-Cristo, arrive chez le banquier Danglars. Il cherche une place dans la société parisienne et surtout la main de Mademoiselle Eugénie Danglars. En deux temps, il entre dans le salon de Danglars et séduit le banquier par l’éloge de son propre destin. Tandis qu’Andrea expose son histoire et sa prétendue noblesse, Danglars, très attentif, prédit qu’une grande alliance se prépare. Andrea avoue qu’il est amoureux d’Eugénie et demande la permission de l’épouser. Danglars réplique qu’Andrea est trop jeune et qu’il doit réfléchir avant de fonder une famille. Ils entament alors des négociations sur les termes du mariage : Andrea propose une dot et un revenu, Danglars observe avec étonnement la fortune du prétendant – le compte en banque d’Andrea s’élève à plusieurs millions. L’échange est cordial mais prudent. À la fin du chapitre, Danglars promet d’y réfléchir et fixe un rendez-vous ultérieur. Andrea est reçu dans la famille comme un fils prodigue, tandis que Danglars sourit intérieurement de voir un nouvel homme s’engager dans un tel mariage. (Ce chapitre pose les bases du mariage Danglars–Cavalcanti, préparé secrètement par le comte.)
Chapitre 82 – L’effraction.
À Paris, le comte de Monte-Cristo est chez lui, avec son fidèle Bertuccio qui lui rapporte que la maison est prête et que son navire la Corvette attend à quai. Peu après, un inconnu, Baptistin, sert au comte une lettre reçue tard dans la nuit. Dans la lettre, l’homme – Benedetto (appelé aussi le fils d’un forçat de Toulon) – menace de cambrioler la chambre secrète du comte. Monte-Cristo, peu surpris, estime que c’était prévisible. Il ordonne à ses hommes de préparer la défense du cabinet caché. Bertuccio s’étonne, mais Monte-Cristo, impassible, ne s’en préoccupe pas beaucoup. Au moment même où le comte monte en voiture, Andrea Cavalcanti apparaît à cheval devant chez lui. Monte-Cristo entre chez lui en lui disant au revoir. Andrea part chez Danglars pour d’autres affaires, sans se douter du complot. (Ce chapitre montre Monte-Cristo au fait des machinations de ses ennemis : la tentative de vol de Benedetto fait partie de son plan de vengeance, et lui-même dispose son foyer en conséquence.)
Chapitre 83 – La main de Dieu.
Cette nuit-là, Monte-Cristo se présente chez le docteur de Villefort en se faisant passer pour l’abbé Busoni. Il a feint de s’absenter, puis revient sur les pas de Benedetto, l’auteur du cambriolage violent. Le faux abbé découvre Caderousse (un ancien co-détenu du comte et complice de l’attaque) grièvement blessé dans le cabinet secret. Caderousse gémit qu’on l’a assassiné. Monte-Cristo ordonne qu’on le transportre dans une chambre, puis calme l’homme meurtri. Quand Caderousse reprend connaissance, le comte l’interroge : Caderousse finit par avouer que Benedetto l’a attaqué sur l’ordre de personne d’autre que lui-même. Il fait l’aveu que Benedetto cherchait à se débarrasser de lui pour hériter. Monte-Cristo annonce avoir alerté le procureur pour capturer l’assassin. Caderousse pressent sa fin. Monte-Cristo fait alors couler quelques gouttes d’un mystérieux liquide sur les lèvres violettes de Caderousse : c’est en fait un poison (le même que celui qui a tué Mme de Saint-Méran), masqué en remède. Sous l’effet, Caderousse se sent revivre un instant. Dans cet état, Monte-Cristo lui dicte et le fait signer une déposition mensongère : « Je meurs assassiné par le Corse Benedetto, mon compagnon de chaîne à Toulon. » Caderousse écrivit ces mots et s’effondra aussitôt, épuisé. Il meurt peu après, « puni », selon les mots du comte, pour n’avoir pas profité de la seconde chance que la Providence lui avait donnée. (Monte-Cristo applique ici la « justice divine » : il épargne l’homme quand il est humble, mais ici Caderousse n’a montré aucun remords. En le forçant à acter la vengeance pour valoriser la Providence, Monte-Cristo achève sa mission posthume.)
Chapitre 84 – Beauchamp.
Paris. Quelques jours plus tard, l’affaire du vol assassinat chez le comte est connue de tous par une note dans les journaux : on cherche le meurtrier « Benedetto Cavalcanti ». Le comte se présente à tous comme s’il n’avait appris ces faits que par l’abbé Busoni (son pseudonyme). Pendant ce temps, l’enquête progresse : le procureur Villefort instruit l’affaire avec la même passion qu’avant. De son côté, Albert de Morcerf, écœuré par le comportement hypocrite de son père Danglars (qui vient de négocier le mariage d’Eugénie), s’adresse au journaliste Beauchamp, qu’il a sollicité secrètement. Beauchamp a été l’éditeur de l’article du jour et confie avoir obtenu tous les documents de source officielle. Il explique à Albert qu’il connaît Albert de longue date et qu’il est convaincu de son honneur ; il promet son aide pour démêler les mensonges. Ils remarquent que Danglars a jusqu’alors caché à son entourage les motivations de sa ruée auprès du comte. Beauchamp conseille à Albert de partir en voyage pour se changer les idées avant de poursuivre toute vengeance. Ce chapitre montre un dialogue de confiance entre Albert et Beauchamp : le journaliste s’engage à soutenir Albert contre les fausses rumeurs, donnant conseil et espoir. On voit aussi que le mariage Danglars–Cavalcanti se prépare, une fusion qui inquiète Albert.
Chapitre 85 – Le voyage.
Monte-Cristo rend visite à Albert et à Beauchamp. Les trois hommes discutent calmement : Monte-Cristo se réjouit de voir Albert et son ami Beauchamp ensemble et approuve leur résolution de couper court aux rumeurs. Au cours de la conversation, Monte-Cristo taquine Albert sur ses liens avec Andrea Cavalcanti, rappelant qu’on dit qu’Andrea va bientôt épouser Mlle Danglars à la place d’Albert. Albert, peiné, reconnaît qu’il se sent doublement trahi : son père a trahi l’amitié du comte, et Andrea, son ennemi juré, va épouser celle qu’il aimait. Monte-Cristo reste impassible, disant qu’il ne « lançait personne » dans la vie, mais il fait quelques allusions aux mystères qui entourent Andrea. Il aide discrètement à adoucir le chagrin d’Albert en jouant la carte de la philosophie : il convainc Albert qu’il vaut mieux voyager à l’étranger et oublier le scandale, puisque « tout s’oublie vite à Paris ». Albert conserve la douleur et l’envie de vengeance, mais il écoute les conseils du comte. Finalement, Monte-Cristo et Bertuccio, restés cachés au salon, décrochent soudainement le portrait du comte en armes, comme pour accuser Andrea de mensonge. Monte-Cristo feint l’incompréhension, complimente Andrea sur sa future fortune et lui prédit qu’il aura de quoi payer ses dettes grâce à ce mariage. Les deux jeunes fiancés partent enfin pour la mer. Ce chapitre se termine sur une note ironique : Monte-Cristo maintient son air bienveillant, cachant son mépris, tandis qu’Andrea s’en va en pensant sa victoire assurée.
Chapitre 86 – Le jugement.
Le lendemain matin, Albert, torturé par l’humiliation publique, se rend en personne au domicile de Beauchamp. Il l’avait fait venir pour obtenir des conseils, mais Morcerf est désespéré. Albert confie à Beauchamp qu’il sait désormais, par une lettre, la vérité sur son père : Danglars a falsifié un document émanant du comte. Beauchamp insiste pour entendre tous les détails de ce « crime abominable ». Albert raconte l’incident du jour précédent : Morcerf avait déshonoré sa famille en montrant publiquement un article diffamatoire contre lui, et il a convaincu sa mère de boycotter Monte-Cristo. À l’Opéra, frappé de voir le comte entouré des enfants du comte Morcerf (Maximilien, Emmanuel, Valentine) alors qu’il méritait humiliation, Albert a perdu toute raison. Il voulait tuer Monte-Cristo en représentant l’honneur de son père déshonoré. Beauchamp est stupéfait et tente de dissuader Albert, le suppliant de réfléchir. Albert, humilié, reste concentré sur sa douleur. Il est prêt à engager un duel, jurant que mieux vaut mourir pour sauver l’honneur de son nom que de laisser son père souffrir davantage. Le chapitre décrit Albert dans sa fureur et son désarroi, et montre Beauchamp en médiateur peiné mais ferme qui commence à comprendre la complexité de l’esprit du jeune homme. On comprend que l’issue pourrait être tragique, car Albert insiste sur son désir de tuer Monte-Cristo pour venger son père.
Chapitre 87 – La provocation.
Le soir même, Albert se rend au rendez-vous fixé pour le duel avec le comte. Il est accompagné de Beauchamp et des officiers Morcerf. À l’endroit du combat (aux Champs-Élysées), les témoins portent les pistolets. Monte-Cristo entre en scène, flegmatique, côté visage caché par l’ombre. Soudain, son arme, tenue en l’air, ne part pas : il feint d’avoir un malheureux embarras. Cette défaillance surprend tout le monde. Le docteur et les assistants comprennent que Monte-Cristo vient de dire qu’il ne veut pas tuer Albert. Il feint l’impossibilité technique et s’excuse poliment, déconcertant les témoins. Quelques instants plus tard, à l’Opéra, Albert rencontre ses amis (Château-Renaud, Franz) avant de sortir. Beauchamp, se rendant compte qu’Albert a décidé d’abandonner le duel, lui propose une justification : selon lui, Monte-Cristo a voulu montrer que c’était la Providence qui décide, pas l’homme. Dans un discours exalté, il explique que la phrase du comte s’est inscrite sur les lèvres d’Albert comme un signe de Dieu, et qu’il ne faut pas en vouloir à Monte-Cristo. Albert, à la fois soulagé et surpris, entend ces paroles d’apaisement. Le chapitre se termine sur cette note de réconciliation : Beauchamp parvient à détourner la colère d’Albert, convaincu que la Providence a joué en leur faveur. (On voit ici l’orgueil blessé d’Albert se calmer en apprenant que le comte a laissé entendre qu’il épargnait sa vie volontairement, transformant la provocation initiale en acte de miséricorde.)
Chapitre 88 – L’insulte.
Le lendemain matin, Morcerf et Beauchamp se retrouvent au domicile de Danglars pour demander des explications. La tension est extrême. Albert est prêt à en découdre et considère qu’il serait honorable de mourir pour laver le nom de son père de la honte. Il ajuste ses témoins, rassemble son courage, puis descend dans le vestibule. Beauchamp tente une dernière mise en garde : aller affronter Monte-Cristo serait plus dangereux que de s’exposer devant le banquier Danglars. Albert, imperturbable, répond qu’il n’a peur de rien, et que s’il meurt, cela aura au moins le mérite de sauver l’honneur de sa famille, « cela nous sauvera tous ». Beauchamp éclate : Albert y perdrait même sa mère, et c’est un crime que Morcerf serait incapable de pardonner. Albert est bouleversé mais serre la main de sa mère avant de partir. Mme de Morcerf (Mercédès) sent la résolution de son fils et entend ses derniers mots. Albert s’élance pour trouver Monte-Cristo. (Le chapitre met en avant la détermination d’Albert, prêt à tout sacrifier. Il doit se retenir à la dernière seconde de renverser son père pour le défendre. Beauchamp, impuissant, réalise qu’Albert ne recule devant rien – le comte apparaît même comme un brave en ne cherchant pas lui-même à tuer Monté Cristo – mais la haine d’Albert est trop forte.)
Chapitre 89 – La nuit.
Le soir même, Albert rend visite à sa mère Mercédès, qui est restée cloîtrée depuis la veillée précédente. Il lui pose des questions troublantes : pourquoi a-t-elle remarqué que le comte déclinait toute hospitalité chez eux lors du récent bal ? Surtout, il lui demande si elle voit en Monte-Cristo un ennemi. Mercédès est épouvantée. Elle lui rappelle que le comte l’a sauvée, qu’il fut l’ami du père d’Albert, et qu’elle n’a aucune inimitié envers lui. Albert insiste : selon lui, Monte-Cristo est le véritable ennemi qui a détruit leur bonheur. Mercédès met en doute cette conclusion, supplie son fils de ne pas haïr un homme qui lui a fait tant de bien et qui les a rachetés de la misère. Un échange douloureux s’ensuit : Albert, sourd aux arguments maternels, finit par partir, incapable de démordre de sa conviction. Sa mère, entre tristesse et inquiétude, reste tremblante. Après cet entretien, Albert va prévenir ses amis qu’il les rejoindra ce soir à l’Opéra. (Ce chapitre montre la confrontation tragique de Mercédès et de son fils : le cœur d’Albert est consumé par la vengeance, Mercédès est désemparée face à cette haine grandissante. Malgré son amour maternel, elle comprend qu’elle ne pourra détourner Albert de sa résolution. La nuit tombe sur Paris, présageant le duel et la rencontre imminente.)
Chapitre 90 – La rencontre.
Au moment de ses retrouvailles avec Mercédès, Monte-Cristo reste seul dans son cabinet. Il médite en silence : il regrette de n’avoir pas « arraché son cœur » le jour où il a résolu de se venger. Son esprit est en proie à la fatigue de l’âme. Peu après le départ de Mercédès, le comte se ressaisit. Il envisage d’aller au-devant de son destin : il quitte précipitamment son salon. Il se cache dans un box de l’Opéra en attendant Monte-Cristo (Albert a demandé à Beauchamp de les accompagner là-bas). Lorsque le rideau se lève, Monte-Cristo se présente dans la loge royale aux côtés du comte de Morcerf, ce qui choque les spectateurs – tous ignoraient que Monte-Cristo et Morcerf étaient alliés. La jeune femme qui accueillait la fin du duo sacré est saisie d’effroi. Monte-Cristo reste impassible ; ses cheveux tombant, son visage exprime une satisfaction intérieure. Puis Morcerf descend, gardant le silence, et quitte le théâtre tremblant. (Chapitre 90 culmine avec la confrontation indirecte au théâtre : Monte-Cristo apparaît vivant et en public, soulignant qu’Albert a cru pouvoir le tuer sans affronter la réalité, et Monte-Cristo montre que lui seul maîtrise son destin. La tension est palpable entre le comte et Morcerf silencieux.)
Chapitre 91 – La mère et le fils.
Au petit matin, Monte-Cristo rentre chez lui en compagnie de Maximilien et d’Emmanuel, encore dans leur allégresse d’être parvenus à la paix après la guerre. À leur arrivée, ils rencontrent Bertuccio, qui attend sous les ordres du comte. Après avoir salué ses amis, le comte marche avec Bertuccio dans son cabinet. Pendant ce temps, Albert, Beauchamp et Château-Renaud restent sur place, s’observant mal à l’aise. Château-Renaud, impassible, souhaite partir ; Beauchamp s’empresse de complimenter Albert sur son attitude chevaleresque. Albert reste pensif. Il finit par prendre congé, surpris par les louanges de ses compagnons. Avant de se quitter, Beauchamp note que quelque chose d’important a eu lieu entre Monte-Cristo et Albert. Albert ne répond pas directement, mais son silence en dit long. Il est clair que Monte-Cristo a exercé une influence décisive sur lui, bien au-delà du simple « miracle » évoqué par Beauchamp. Le chapitre se clôt sur le retour d’Albert chez lui, méditatif : ses amis comprennent qu’il a vécu quelque chose d’intime avec le comte. (On sent que le secret entre Morcerf et Monte-Cristo a préservé Albert de la haine totale – il va peu à peu comprendre la véritable bienveillance de Monte-Cristo.)
Chapitre 92 – Le suicide.
Monte-Cristo a effectivement regagné sa maison, où il trouve une lettre de Bertuccio lui annonçant l’état de Valentine : elle a été empoisonnée par Villefort la veille, et elle souffre gravement. Monte-Cristo, affolé, découvre la scène où Valentine agonise. Villefort, ivre de douleur et de honte, demande au docteur d’Avrigny de la sauver, se reprochant d’avoir failli participer à la tragédie. Il crie qu’il voudrait mourir « eviscéré », incapable de pardonner. Maximilien, informé de l’état de sa fiancée, comprend que les symptômes de Valentine sont identiques à ceux de la mort de sa mère et même à ceux de Barrois : l’esprit lui revient du médecin qu’il a entendu Villefort dire que « les ennemis de Dieu l’auront le juge, mais pas de justice d’homme ». Rassemblant son courage, Maximilien se précipite vers le faubourg Saint-Honoré, fonçant vers Monte-Cristo. (Ce chapitre montre le désarroi des Villefort et Morrel : Villefort est à bout, tandis que Maximilien comprend que seule l’aide de Monte-Cristo, invité la veille, peut sauver Valentine. C’est un moment de retournement où la figure de Monte-Cristo, bienveillance incarnée, se dresse comme le seul espoir de salut.)
Chapitre 93 – Valentine.
Monsieur de Villefort, stupéfait par les indices mortels de l’empoisonnement, précipite sa nièce Valentine dans les bras du médecin d’Avrigny pour la faire soigner. Pendant ce temps, Maximilien arrive haletant au domicile du comte. Il sonne chez Monte-Cristo, demandant du secours : il sait que le comte est un homme puissant. Monte-Cristo l’accueille avec calme. Maximilien supplie le comte de l’aider à sauver Valentine – il est prêt à tout renoncer pour elle. Le comte ne montre aucune surprise et invite Maximilien à le suivre au chevet de Valentine. Monte-Cristo écrit une prescription et ordonne de tout mettre en œuvre pour stabiliser la jeune fille. Ensuite, Haydée, l’ancienne esclave devenue compagne du comte, entre : folle de joie, elle voit son « Seigneur » revenir sain et sauf. Tous deux s’étreignent avec une gratitude réciproque. Monte-Cristo sourit en voyant Haydée : il réalise qu’après tant d’épreuves, il existe encore au monde une chose belle – l’amour fidèle de cette enfant. Sa joie intérieure est immense, mais il la dissimule pour rester digne. Le chapitre se termine sur ce moment de répit : Valentine est prise en charge, Maximilien est plein d’espoir, et Monte-Cristo, toujours maître de la situation, redécouvre l’humanité qui l’habitait jadis. (La scène souligne la bonté du comte : il arrête de rêver de vengeance pour secourir un jeune amour en péril.)
Chapitre 94 – L’aveu.
Villefort revient dans le cabinet, faisant face à son passé : il se souvient de la nuit du décès de Mme de Saint-Méran, où le docteur d’Avrigny lui avait prédit la mort imminente de Valentine. La situation est identique : Valentine dépérit de la même façon. Conscient du drame, Villefort sent retomber sur lui la malédiction qu’il s’est lui-même imposée : la « Main de Dieu » frappe à nouveau son foyer. Désespéré, il jure devoir aller trouver le comte, car Monte-Cristo était le seul à avoir promis d’aider Morrel en cas de nécessité. Monte-Cristo comprend instantanément que Maximilien est à sa porte. Il envoie Bertuccio trouver deux lieues de chevaux pour rejoindre d’urgence Maximilien, puis l’accueille. De l’autre côté, Maximilien arrive à la porte du comte, trouvant le valet qui conduit le carrosse du comte. Il reconnaît le visage de Monte-Cristo et, soulagé, s’adresse à lui : « Comte ! dites-moi, dites-moi… ». (Ce chapitre porte son titre à double sens : Maximilien et Monte-Cristo se retrouvent, scellant à nouveau leur relation d’amitié et de confiance ; en même temps, Villefort et Maximilien avouent à eux-mêmes que seul le comte peut leur ouvrir la voie vers la justice, réintroduisant la notion de « loi » morale face à l’arbitraire.)
Chapitre 95 – Le père et la fille.
Nous revenons au salon doré du baron Danglars, où, le matin même, sa fille Eugénie se fait attendre. Le banquier est agacé : Eugénie a demandé un rendez-vous sous serment et se trouve déjà au salon. Lorsque l’excitation est trop forte, Danglars envoie son valet demander à Eugénie de venir parler à son père. Eugénie entre, vêtue élégamment, et explique calmement sa démarche. Elle annonce qu’elle ne veut plus épouser Andrea Cavalcanti : leur mariage est sur le point de se conclure, mais elle a pris conscience qu’elle n’aime pas ce projet. Danglars est stupéfait : sa fille est calme et résolue. Il essaie de la raisonner, lui rappelant son devoir filial et les implications sociales du contrat, mais Eugénie garde la tête haute et maîtrise sa colère. Elle fait promettre à son père qu’il n’interrompra pas son chemin et lui adresse des reproches : elle doit lutter pour ses propres choix, et il était convenu que leur mariage serait avant tout intéressé. Finalement, le baron cède à sa fille : il l’excuse de partir sans contrat de mariage, la promettant au jeu pour l’instant. Eugénie sort du salon avec sa dignité intacte. (Ce chapitre montre la jeune fille prenant sa vie en main : malgré l’autorité de son père, elle affirme ses sentiments. Danglars, mis en échec, se résigne, bien qu’attristé. C’est un tournant où la volonté d’Eugénie rompt l’arrangement imposé.)
Chapitre 96 – Le contrat.
Trois jours plus tard, à l’hôtel de ville de Paris, a lieu la signature officielle du contrat de mariage entre Eugénie Danglars et Andrea Cavalcanti. Le banquier préside le bureau et commence la cérémonie solennelle. Andrea, souriant, entre de belle humeur. Danglars demande si Andrea a reçu la lettre de change promise par son père – Andrea lui répond qu’il ne l’a pas eue, mais qu’il est plein d’optimisme. La baronne et les futurs époux se préparent, interrompant la signature car Eugénie est introuvable : elle a choisi de ne pas faire acte de présence. Danglars comprend que la signature ne se fera pas et s’y refuse. Plusieurs minutes s’écoulent, et la cérémonie est officiellement annulée : Danglars a retiré sa fille du mariage. Andrea Cavalcanti, qui était persuadé qu’il allait épouser une Danglars, est abasourdi. Le chapitre se termine sur l’atmosphère de confusion et de soulagement chez Eugénie : la baronne Danglars, qui espérait ce mariage pour rompre sa tutelle et assurer l’avenir de sa fille, doit renoncer à l’idée. (La scène illustre la gravité de la rupture : le mariage est finalement rompu, mettant fin aux illusions du comte Danglars. On ressent l’échec complet de cette alliance arrangée, qui était au cœur des intrigues.)
Chapitre 97 – La route de Belgique.
Un peu avant cette cérémonie, dans les salons de Danglars, plusieurs invités richissimes avaient vu déboucher l’officier de gendarmerie. Au même moment, Andrea Cavalcanti fait semblant de chercher un coin où prélever son billet. Monte-Cristo, attentif, jette un regard rapide autour de lui et constate qu’Andrea a disparu. Ce chapitre marque le signal donné au fugitif : Andrea a quitté Paris clandestinement. On comprend alors que Cavalcanti, prévoyant de fausser compagnie à Danglars, a enlevé le plus précieux des présents d’Eugénie – son parure de mariage – qu’il comptait en tant de valeurs pour sa fuite. Dans la confusion, personne ne remarque encore son absence. Eugénie part tranquillement en voyage de noces en Belgique avec sa chère amie Mme d’Armilly. (Le titre fait allusion à leur trajet vers Bruxelles. L’action centrale est Andrea en fuite : il fait le coup de feu en s’éclipsant. Monte-Cristo se réjouira plus tard de savoir qu’il a enlevé la parure, un indice de sa culpabilité.)
Chapitre 98 – L’auberge de la Cloche et de la Bouteille.
Après avoir laissé Eugénie partir vers la Belgique, l’attention revient sur Andrea Cavalcanti. Ce dernier se précipite à l’auberge où il est hébergé dans le faubourg Poissonnière. C’est un hôtel modeste, tenu par des aubergistes honnêtes. Arrivé en fiacre, Cavalcanti décline l’invitation du banquier à s’enfermer avec celui-ci, prétextant mille excuses. On sent qu’il fuit. Voyant le danger approcher, Andrea se glisse dans sa chambre du premier étage par l’escalier d’honneur, profitant d’un moment d’inattention du concierge. Au détour du corridor, il repère la parure de mariage d’Eugénie – des diamants, voiles et dentelles dans une vitrine – et, en homme pressé, en emporte un morceau précieux. Chargé de ce lourd butin, Andrea saute d’une fenêtre et s’enfuit dans la nuit. Il court à perdre haleine dans les rues désertes de Paris, une sacoche de soie volée en guise de provision. Au petit matin, le comte Danglars, accablé par l’échec de son mariage et ruiné, fait face seul à l’insolvabilité totale de ses finances. Mme Danglars, terrifiée, consulte son complice Debray. (L’action principale est l’évasion d’Andrea : « L’auberge » évoque l’auberge de Poissonnière où il passe. Le plan du comte Monte-Cristo, ensemencé quelques chapitres plus tôt, se réalise – Andrea est pourchassé, crucifié par sa propre rapine.)
Chapitre 99 – La loi.
Après le départ d’Eugénie et la perte d’Andrea, Danglars est laissé seul, en sueur, à faire face à la banqueroute. Il dissèque minutieusement ses comptes pour trouver un moyen de pallier la crise. On voit qu’il est à bout : la faillite est actée dans son esprit. Mme Danglars, quant à elle, a appris la nouvelle par une servante et reste un moment effondrée, sous le choc. Elle va aussitôt trouver Lucien Debray, son amant intime et secrétaire, pour lui expliquer la situation. Elle est déterminée à fuir, car elle sait que le contrat qu’elle considérait comme une sécurité ne la protége pas juridiquement. Debray plaide qu’il faut sauver les meubles et prépare leur fuite de Paris. Le chapitre se termine sur la décision de Mme Danglars de prendre l’air, emmenant avec elle leur fille malgré tout, car elle ne parvient pas à composer un divorce immédiat. (Le chapitre s’ouvre sur une remarque ironique : « La loi », dit-on, a du souci à prendre. Ici chacun est aux prises avec sa destinée. Danglars subit la loi inexorable de l’argent : il a perdu son empire. Mme Danglars découvre que sa loi parentale est désormais caduque – elle n’est même plus maître chez elle tant que son mari est en faillite. Dans la fuite imminente, on sent que la « loi » a repris ses droits : le calcul et la crainte l’emportent sur la vanité familiale.)
Chapitre 100 – L’apparition
Valentine Villefort reste toujours très faible dans sa chambre. Depuis que Monte‑Cristo a prévenu Noirtier et les médecins qu’elle survivrait si elle n’était pas morte en deux heures, tous la surveillent avec anxiété. À six heures du matin, Villefort passe aux côtés de Valentine, en proie à un épuisement extrême, mais son cœur bat encore. Peu à peu, la nuit s’achève et le jour se lève, et l’effet du poison semble défait : Valentine respire doucement. On l’installe ensuite sur le lit où elle repose paisiblement. Cette longue veillée inquiète sa grand‑mère Noirtier, le docteur d’Avrigny, et bien sûr son fiancé Maximilien Morrel – qui vient chaque jour prendre des nouvelles. L’atmosphère est solennelle : Villefort, accablé de douleurs familiales, conserve un visage impassible pendant que le soleil se lève sur Paris. Malgré la tension, l’espoir renaît : Valentine survit, ce qui confirme la prédiction de Monte‑Cristo.
Chapitre 101 – Locuste
À minuit sonnées par l’horloge de Saint‑Philippe du Roule, Valentine se retrouve seule, alitée. Elle a promis de dormir pour ne pas sentir le poison. Soudain, elle entend un léger grattement contre la bibliothèque : Monte‑Cristo est là, veillant sur elle dans l’ombre. À travers la porte entrouverte, Valentine perçoit une silhouette : c’est Madame de Villefort, venue vers le lit. Valentine feint le sommeil. La belle‑mère verse une liqueur mystérieuse dans un verre, puis le repose sans éveiller Valentine. La comtesse penche son oreille, s’assure que Valentine respire doucement, puis reprend sa tâche meurtrière. Valentine retient son souffle, terrifiée, découvrant seulement un morceau de couteau à la main de l’empoisonneuse. Lorsque Madame de Villefort s’éloigne, Valentine entend le petit bruit du liquide qui coule. Malgré la peur, elle reste immobile et silencieuse, feignant le sommeil, tandis que Monte‑Cristo la protège toujours depuis la bibliothèque.
Chapitre 102 – Valentine
Au petit matin, l’inquiétude grandit. Valentine apparaît étrangement paisible et froide : on croit qu’elle est morte. Madame de Villefort, sûre que son forfait a réussi, s’est efforcée de paraître surprise et inconsolable. Le vieux Noirtier, mourant, est éloigné de sa chambre, tandis que l’abbé Busoni, veillant depuis la nuit, part. À huit heures, le docteur d’Avrigny la retrouve inanimée sur le lit. Il examine Valentine : son cœur ne bat pas, son corps est glacé. La servante annonce : « C’est fini, elle est partie ». On installe le corps dans un cercueil improvisé recouvert d’un linceul de batiste neuve. Villefort, derrière son « travail, travail, travail », au lieu d’un deuil bruyant, fait preuve d’une froideur inquiétante. La scène est tragique : la jeune fille est déclarée morte aux yeux de tous. Mais en réalité, le poison a été neutralisé par le remède de Monte‑Cristo. Valentine est vivante, et seule la grâce de Dieu – ou la magie du comte – lui a permis d’échapper au crime nocturne.
Chapitre 103 – Maximilien
Maximilien Morrel arrive en hâte : il apprend la mort de Valentine et se précipite à la villa Villefort. Hors de lui, il accuse soudain Villefort : portant Noirtier dans son fauteuil, il s’exclame avec fureur : « Voyez ce qu’ils en ont fait… Voyez, mon père, voyez !». Morrel implore le procureur, lui rappelant qu’il était fiancé à Valentine et la seul amour de sa vie. Noirtier, fervent conservateur de ses facultés jusqu’au bout, pleure enfin. Villefort, ému par cette douleur, tend la main à Maximilien. Reconnaissant l’amour sincère de ce jeune homme, il le « pardonne » ; il avoue n’avoir jamais su pour cet engagement et promet de comprendre la liaison cachée avec Valentine. Ce pardon solennel apaise un instant le chagrin de Morrel. Le jeune homme, submergé par le deuil, tombe à genoux au pied du lit, serrant la main froide de Valentine. Dans cette chambre funèbre, le silence est déchiré par leurs sanglots. Villefort se réfugie alors dans son rôle de magistrat, acceptant d’écouter la suite du procès pour Benedetto – signe qu’il veut chasser son propre désespoir par l’immersion dans l’affaire judiciaire.
Chapitre 104 – La signature Danglars
Le lendemain matin est gris. À la banque Danglars, le comte de Monte‑Cristo arrive. Dans le bureau, Danglars présente cinq bons de la Banque de France, chacun d’un million de francs, tous à l’ordre du banquier. Monte‑Cristo, son crédit chez Danglars étant de 6 100 000 F, étonné, compte : « Un, deux, trois, quatre, cinq… cinq millions ! » Puis, d’un geste surprenant, il explique qu’il retire ces cinq bons en paiement immédiat – prenant l’initiative de solder son compte. Danglars s’affole : il avait prévu de payer ces sommes aux hospices, non à Monte. Le comte plie les billets et remet un reçu : Danglars lui doit désormais 6 100 000 F. Danglars supplie, tente de s’expliquer. Monte‑Cristo, sourire en coin, explique qu’il a besoin d’argent et compte bien posséder cinq millions comptant – révélant ainsi qu’il a utilisé la signature de Danglars à son profit. Il la lui rend finalement en échange de valeurs sûres, mais l’étreinte psychologique est accomplie. Danglars est profondément secoué, privé de sa somme providentielle. Cet épisode, démonstration du pouvoir de Monte, ébranle le financier orgueilleux : le comte l’a forcé à lui « donner l’argent » par une formule apparemment anodine. La fortune de Danglars commence à vaciller, annonçant sa chute imminente.
Chapitre 105 – Le cimetière du Père‑Lachaise
Le cortège funéraire de Valentine quitte Paris pour le cimetière du Père‑Lachaise. Monte‑Cristo, à la barbe de tous, apparaît en calèche sur le chemin. Il descend pour suivre le cercueil à pied, parmi la foule respectueuse. Château-Renaud et le journaliste Beauchamp le rejoignent, émus. Monte‑Cristo scrute l’assemblée, cherchant un visage. Il découvre Maximilien Morrel caché dans l’ombre d’un if, le regard rivé sur la marche funèbre. Monte‑Cristo l’accueille silencieusement. Au cimetière, on procède à la cérémonie : des discours sont prononcés, louant la bonté de Valentine et évoquant les injustices de la vie. On fait vaguement allusion aux ennemis jadis clamés au tribunal de Villefort, mais sans jamais nommer Madame de Villefort. Monte‑Cristo ne participe pas aux discours. Il se contente de veiller sur Maximilien, humble figure de douleur.
Après l’inhumation, Monte‑Cristo accompagne Maximilien à la villa de Morcerf. Là, dans le petit salon familial, Julie et le baron Emmanuel s’inquiètent des tragédies récentes (la chute de Danglars, Morcerf, Villefort). Julie affirme que le « mauvais génie » a frappé trop de gens riches et heureux. Quand Monte‑Cristo annonce brusquement son départ imminent (directions vers Marseille et Rome), Julie éclate en sanglots. Elle lui serre les mains, supplie de rester. Maximilien se détourne, meurtri par la perte de Valentine. Monte‑Cristo tente de les rassurer. Julie, pleurant, parle d’adieu comme si on quittait un dieu. Monte‑Cristo promet de revenir, disant qu’il les reverra heureux. Après avoir pris congé de Madame Morcerf et serré la main de Maximilien (avec la même affection qu’il avait eue envers le père Morrel il y a onze ans), il s’éloigne de cette maison entouré d’adieux. L’atmosphère est chargée d’émotion, et Monte‑Cristo part en « ange gardien » aux chagrins des Morcerf.
Chapitre 106 – Le passé
En quittant Marseille, le comte fait le point sur son passé. Il pense à Mercédès, à qui il a fait ses adieux définitifs dans la soirée précédente : depuis la mort d’Édouard, sa vengeance est arrivée à son terme, et ses souvenirs s’entrechoquent. Une profonde mélancolie le saisit. Il doute un instant de ses dix années d’efforts : son but ultime – la ruine des coupables – ne serait-il pas devenu insensé ou sacrilege ? Il se voit au sommet de sa vengeance, mais se demande s’il n’a pas commis une erreur de perspective. Toutefois, il rejette ces doutes : il refuse de « devenir fou » ou de faiblir. Il se traite lui-même de « millionnaire invincible » devant son miroir intérieur, mais se promet de ne pas oublier le misérable qu’il fut jadis. En pensée, il retraverse mentalement les corridors sombres de la prison du Château d’If, lieu de sa métamorphose d’Edmond Dantès en comte. Sur le quai des docks, il passe devant l’endroit précis où, vingt‑quatre ans plus tôt, il embarqua dans le silence de la nuit. Au lieu de ténèbres, le soleil brille désormais sur les mêmes lieux animés. Il salue silencieusement ce symbole de sa renaissance. Chargé de ces réflexions profondes, il se dirige vers le port de Marseille, prêt à embarquer sur son yacht.
Chapitre 107 – La Fosse-aux-Lions
Ce chapitre nous plonge dans l’univers oppressant de la prison de la Force, plus précisément dans la cour Saint-Bernard, surnommée « la Fosse-aux-Lions ». C’est le quartier le plus redouté, réservé aux criminels les plus endurcis. Les détenus s’y déplacent comme des ombres, blêmes et hantés, collés aux murs pour absorber un peu de chaleur. L’ambiance est lourde, les gardiens, massifs et impassibles, veillent avec sévérité. Au milieu de cette galerie de figures désespérées se trouve Andrea Cavalcanti, alias Benedetto, enfermé en attente de son procès. Malgré l’environnement brutal, Benedetto conserve son arrogance. Il reçoit la visite de Bertuccio, l’homme qui l’a sauvé quand il était bébé abandonné. Andrea essaie de manipuler Bertuccio pour obtenir des informations ou un soutien, mais Bertuccio reste froid et réservé. Leurs échanges laissent planer une tension sourde. Andrea comprend qu’il devra affronter seul ce qui l’attend. Le chapitre pose ainsi le décor du procès imminent et l’isolement progressif du personnage, devenu à la fois spectacle et victime de sa propre arrogance. L’univers carcéral est décrit avec une minutie naturaliste. Dumas nous plonge dans une atmosphère claustrophobe et symbolique : Benedetto est désormais face à son destin, enfermé non seulement physiquement, mais moralement.
Chapitre 108 – Le juge
Le chapitre s’ouvre sur Villefort, seul dans son cabinet, le visage creusé, l’âme en ruines. Depuis l’empoisonnement de sa fille Valentine et les révélations sur sa femme, son existence n’est plus qu’un dédale de douleur. Il est tourmenté par sa conscience et hanté par l’image de ses fautes passées. Il examine le dossier du procès Benedetto, sans savoir encore qu’il va devoir affronter une vérité terrifiante. On sent le poids du destin qui se resserre autour de lui. Il tente de se réfugier dans sa fonction de magistrat, comme pour oublier l’homme qu’il est devenu. Il rédige l’acte d’accusation avec une application mécanique, mais ses mains tremblent. Sa logique s’effondre peu à peu face à la tempête intérieure. Il refuse de voir que le monstre qu’il va juger est son propre fils abandonné. La tension monte lorsqu’il apprend que le procès aura lieu aux assises. Villefort serre les dents et décide de se montrer implacable. Son orgueil de magistrat prend le dessus : il veut apparaître incorruptible. Mais une fissure se crée en lui. Il pressent qu’un événement terrible va surgir. Le chapitre se termine dans un silence glacial, comme un prélude à l’implosion de sa vie publique et privée. Le juge est prêt… mais l’homme est au bord de l’abîme.
Chapitre 109 – Les Assises
La cour d’assises est comble. Le procès de Benedetto fascine Paris. Le public s’y presse, attiré par le mystère, la cruauté, et les rumeurs sur son identité. Benedetto, vêtu avec élégance malgré sa condition, entre dans la salle d’un pas assuré. Il provoque d’emblée l’assemblée par son calme et son sourire presque moqueur. Villefort, arrivé quelques minutes avant, garde une posture rigide et professionnelle, mais son visage est pâle. Il observe Benedetto sans trahir son trouble. Le président du tribunal ouvre l’audience. Les témoins sont appelés, les dépositions s’enchaînent. Le meurtre de Caderousse est au centre du procès. Les faits sont accablants, mais Benedetto ne bronche pas. Il semble attendre son moment. L’auditoire est suspendu à chaque mot. Dumas installe un crescendo dramatique. Villefort, à chaque révélation, sent le piège se refermer. Il s’efforce de rester dans son rôle, mais l’atmosphère devient étouffante. L’accusé, en revanche, reste détendu, presque insolent. Il regarde Villefort fixement. On comprend que le point de bascule est imminent. Le public sent qu’un secret terrible est sur le point d’éclater. La salle retient son souffle. Ce n’est plus un procès ordinaire : c’est le théâtre d’un règlement de comptes.
Chapitre 110 – L’acte d’accusation
Villefort, en sa qualité de procureur, se lève pour lire l’acte d’accusation. Sa voix est ferme, mais ses mains trahissent une légère nervosité. Il énonce froidement les faits reprochés à Benedetto : usurpation d’identité, escroquerie, meurtre avec préméditation. L’auditoire écoute dans un silence religieux. Mais l’atmosphère se tend lorsqu’il évoque l’origine mystérieuse de l’accusé. À ce moment précis, Benedetto interrompt la lecture. Il se lève, réclame la parole et la permission de s’exprimer. Le président hésite, puis cède. Benedetto commence alors une déclaration stupéfiante. Il révèle avoir été abandonné à la naissance, enterré vivant dans un jardin. La salle murmure. Il dit avoir survécu grâce à un homme providentiel. Puis, d’une voix calme, il désigne Villefort comme son père. C’est la stupeur générale. Villefort s’effondre sur son banc, livide. Benedetto continue sans trembler : il raconte les circonstances précises de son abandon, le nom de Bertuccio, et la maison d’Auteuil. Tout concorde. L’audience est médusée. Le masque de l’homme de loi se brise en direct. Le scandale éclate. Le chapitre s’achève sur une salle en effervescence, et un magistrat brisé par sa propre vérité.
Chapitre 111 – Expiation
Villefort, anéanti, rentre chez lui. Il n’est plus qu’une ombre. Sa réputation, sa carrière, son nom : tout est détruit en un instant. Il entre dans sa maison, hébété, et monte lentement l’escalier comme s’il portait le poids du monde. Arrivé dans le cabinet, il découvre sa femme, seule. Un silence de mort règne. Puis, il se tourne vers elle et, sans crier, lui dit qu’il sait tout. Il l’accuse avec calme d’avoir empoisonné Barrois, sa belle-mère, et Valentine. Elle tente d’abord de nier, puis éclate en sanglots. Villefort, glacial, lui laisse deux choix : la justice ou le suicide. Madame de Villefort comprend qu’il n’y a aucune échappatoire. Elle se retire dans sa chambre. Quelques heures plus tard, Villefort y entre. Elle est allongée sur le lit, morte, tenant encore un flacon vide. Édouard, leur fils, repose à ses côtés, empoisonné lui aussi. Villefort s’effondre. Il hurle de douleur. Pour la première fois, il ne peut plus contenir ses émotions. Il pleure, il frappe le sol. Il est seul, entouré de cadavres. Il comprend que sa punition est totale. Le comte de Monte-Cristo, dans l’ombre, assiste à la scène. Il est bouleversé. Lui aussi comprend que la vengeance a dépassé ses intentions. L’expiation est accomplie, mais à quel prix ?
Chapitre 112 – Le départ
Monte-Cristo décide de quitter Paris. Il sent que son œuvre de justice est achevée. Mais il n’en tire aucune joie. Les morts s’accumulent : Villefort est fou, sa femme et son fils sont morts, Benedetto est arrêté, Danglars est en fuite, Morcerf s’est suicidé. Le comte ne ressent plus de triomphe, seulement un vide immense. Il rend une dernière visite à Maximilien, toujours en deuil de Valentine. Il l’invite à le suivre jusqu’à Marseille. Il lui promet un secret, un miracle. Maximilien accepte. Ils quittent Paris ensemble, embarquent sur le yacht du comte. En route, Monte-Cristo se confie : il parle de sa jeunesse, de son amour pour Mercédès, de son emprisonnement, et de sa transformation en comte. Maximilien est ému, respectueux. Il comprend peu à peu l’ampleur du destin d’Edmond Dantès. Monte-Cristo ne se voit plus comme un vengeur, mais comme un homme blessé en quête de paix. Ils arrivent à Marseille, la ville où tout a commencé. Le comte y retrouve des souvenirs enfouis. Il montre à Maximilien la maison de son père, le vieux Morrel, les anciens quais, les lieux de son arrestation. Le passé ressurgit. Le comte est prêt à tourner la page.
Chapitre 113 – Le passé
À Marseille, Monte-Cristo confronte ses souvenirs. Il revoit les lieux de son bonheur perdu : la mer, la maison de son père, le bureau de l’armateur Morrel. Tout est familier, mais tout a changé. Il redevient Edmond Dantès pour un instant. Il s’incline devant la tombe du vieux Morrel, l’homme qui l’a protégé en silence. Il rend hommage à sa mémoire. Puis, il accompagne Maximilien jusqu’au tombeau de Valentine. Là, il lui révèle un secret bouleversant : Valentine n’est pas morte. Il l’a sauvée grâce à un remède qu’il seul possédait. Elle est cachée, en sécurité, sur l’île de Monte-Cristo. Maximilien, bouleversé, s’effondre de bonheur. Les larmes coulent. La vengeance du comte s’achève par un acte de vie. Il rend Valentine à l’homme qu’elle aime. Le cycle du pardon commence. Monte-Cristo, épuisé mais apaisé, sent qu’il peut enfin quitter ce monde de douleurs. Il laisse derrière lui fortune, pouvoir et nom. Il part avec Haydée, l’ancienne esclave devenue sa compagne. Ensemble, ils prennent la mer, vers une autre vie. Le passé est refermé. Le comte de Monte-Cristo disparaît. Edmond Dantès, enfin, peut espérer.
Chapitre 114 – Peppino
À Rome, l’ex‑bandit Peppino, fidèle de Luigi Vampa, poursuit la fuite de Danglars. Il arrive à l’hôtel Pastrini où réside le baron. À la porte, il prononce bas à un jeune gamin le nom de Danglars. En voyant surgir un message, Danglars sort au pas de course et monte dans sa chaise. Peppino descend de la même voiture, s’assoit parmi les passants, et engage brièvement la conversation avec le barman local qui devra signaler des mouvements suspects au bandit. Danglars, son portefeuille fermement serré, promet d’« aller toucher ses millions » – c’est‑à‑dire de recueillir son crédit à Paris. Il reprend la route vers Venise, soulagé, ignorant la présence de Peppino sur ses pas. Dans la calèche, il est flatté quand des badauds l’appellent « Excellence » et lui jettent des pièces. Peppino le suit discrètement de voiture en voiture. Le baron de retour à Venise s’endort, pensant enfin en sécurité. Peppino, lui, boit du vin et perd quelques écus au jeu – la longue chasse est entamée.
Chapitre 115 – La carte de Luigi Vampa
Danglars s’éveille ligoté dans une cave sombre : il a été enlevé par la bande de Luigi Vampa. Ses ravisseurs l’ont lâchement abandonné dans une « fosse » creusée sous terre, sans lumière ni confort. Le banquier crie à la mort et l’humiliation, mais aucun secours n’arrive. Deux geôliers de Vampa alternent en faction devant sa porte. Par moment, ils lui offrent de l’eau chaude ou un repas infect : pain rassis, fromage douteux et oignons crus. Danglars grogne, implore de l’eau fraîche, supplie d’être payé – mais toujours en vain. Lorsqu’un bandit qui se fait passer pour soldat – en réalité un homme de main de Vampa – lui sert du vin et de la nourriture un jour, Danglars le menace violemment, jurant de les démasquer. Les voleurs amusés s’enrouent de rire face à la fureur du banquier. Danglars, fou de soif et d’orgueil blessé, médite un moment : il pèse toute sa fortune restant dans son portefeuille. Puis, réalisant l’impasse, il frappe à la porte en criaillant : au bout d’une minute, celle-ci s’ouvre – Luigi Vampa lui‑même apparaît. Danglars, terrifié, le reconnaît. Vampa entre, surpris que le « pauvre baron » lui parle comme à un enfant de chœur.
Chapitre 116 – Le pardon
À l’aube suivante, Danglars est assailli par la soif. Il tente à plusieurs reprises d’obtenir un verre de vin en appelant « Excellence », mais Peppino le saccage ou le repousse avec indifférence : pour les bandits, le baron n’est plus qu’un prisonnier sans statut. Luigi Vampa arrive ensuite. Danglars, tremblant, lui tend finalement son portefeuille en murmurant que c’est tout ce qu’il lui reste. Vampa ne se presse pas : il flaire une forte somme encore cachée. Danglars jure qu’il mourrait si on lui prend tout son argent. Vampa, impassible, répond qu’il a un régime particulier : s’il garde des deniers pour les lui payer, il pourrait lui laisser la vie. Danglars halète, offert à l’angoisse de la soif et de la faim, tandis que Vampa, froid, lui conseille d’abandonner l’idée de résistance. Danglars, fou de peur, supplie à nouveau en lui proposant des millions. Vampa, après un long silence, refuse sèchement et lui explique qu’il devra crever de faim quand ses fonds seront épuisés – sans autre forme de procès. Danglars, éperdu, jure qu’il vaincra leur « infâme calcul ». Mais la bande de Vampa s’éloigne, le laissant seul dans cette geôle. Le baron est désormais « pardonné » – c’est‑à‑dire livré à son sort ultime : ruiné, assoiffé et sans espoir.
Chapitre 117 – Le 5 octobre
Dans la nuit du 4 au 5 octobre, la mer Méditerranée est calme. Sur le yacht du comte de Monte‑Cristo, la lune se couche. Maximilien Morrel (« Son Excellence » selon l’intendant) s’extirpe de son sommeil. À l’horizon, une lueur rouge montre qu’une fusée de détresse vient d’être tirée depuis la côte. Le capitaine monte sur le pont en posture de veilleur. Monte‑Cristo lui demande le nom de l’île en face. L’ordonnance confirme : c’est l’île de Monte‑Cristo, leur but. Quelques instants plus tard, on voit s’élever de l’îlot le signal demandé, tandis qu’une détonation se fait entendre – confirmant l’arrivée. Monte‑Cristo saisit une carabine, tire en l’air en réponse puis ordonne l’ancre. Un canot s’avance rapidement vers l’embarcation.
Monte‑Cristo descend sur la plate-forme rocheuse. Maximilien trempé suit, laissant l’embarcation glisser jusqu’au rivage. Tous deux restent debout : aucun portefaix n’est nécessaire pour « l’Excellence » exigeant de garder sa dignité. Dans la lumière des flambeaux, Monte‑Cristo sourit tristement en constatant que les temps de souffrance touchent à leur fin. Soudain, Maximilien entend une voix familière : c’est le comte de Monte‑Cristo. Il lui tend la main avec une chaleur fraternelle. Monte‑Cristo l’embrasse en ami, le félicitant de sa ponctualité. Il le traite de « cher ami » et l’invite à une habitation proche préparée pour lui. Surprise, Maximilien ne s’attendait pas à un tel accueil.
Enveloppé dans de chauds vêtements, Maximilien est guidé au repos. Monte‑Cristo veille sur lui tendrement. À l’aube du 5 octobre, sur cet immense « lac » de mer, l’aventure de vengeance se termine. Monte‑Cristo a sauvé l’homme qu’il aimait – sauvant aussi son honneur et celui de tous. À cette heure tranquille, le comte inspire profondément : la douleur, le chagrin et les tragédies se dissipent. Il laisse derrière lui les deuils et mène Maximilien vers un avenir nouveau, chargé d’« espérance ».

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