📑 TABLE DES MATIÈRES

  1. Sidonie Landoy
  2. Jule-Joseph Colette (Le capitaine)
  3. Colette elle-même
  4. Achille et Léo
  5. Juliette
  6. Adrienne Jarry

Sidonie Landoy

​Sidonie Landoy, affectueusement surnommée « Sido » par sa fille Colette, est une figure centrale dans l’œuvre de cette dernière, notamment dans le récit autobiographique Sido publié en 1930. Ce texte est un hommage à une mère exceptionnelle, dont la personnalité complexe et riche a profondément influencé la vie et l’œuvre de l’écrivaine.​

Née le 12 août 1835 à Paris, Adèle Eugénie Sidonie Landoy est élevée en Puisaye avant de passer son adolescence en Belgique. De retour en Bourgogne, elle épouse en premières noces Jules Robineau-Duclos, avec qui elle a deux enfants, Juliette et Achille. Après le décès de son premier mari, elle se remarie en 1865 avec le capitaine Jules-Joseph Colette, un ancien militaire devenu percepteur, avec qui elle aura deux autres enfants, Léopold et Gabrielle (future Colette). Le contexte du XIXᵉ siècle en France est marqué par des bouleversements sociaux et politiques, notamment les révolutions industrielles et les mouvements en faveur des droits des femmes. Sido, par son caractère indépendant et sa forte personnalité, incarne une figure féminine en avance sur son temps, défiant les conventions sociales de l’époque.​

Sido est dépeinte par Colette comme une femme fascinante et terrifiante, menant sa famille d’une main ferme. Elle est cultivée, féministe et athée, transmettant à ses enfants le goût des livres et de la nature. Son esprit libre et sa verve font d’elle une figure quasi mythologique aux yeux de sa fille. Son amour pour la nature est central dans sa vie. Elle possède une connaissance intime des plantes et des animaux, et son jardin est son royaume. Elle est capable de prévoir la météo, de dialoguer avec les voisins à distance, et transmet cette passion à Colette, influençant profondément la sensibilité écologique de l’écrivaine. Cependant, Sido n’est pas dépeinte comme une figure idéalisée. Elle peut se montrer possessive et jalouse, notamment lorsque Colette se rapproche de leur voisine Adrienne Jarry. Cette complexité la rend d’autant plus humaine et attachante.​

En tant que mère, Sido est à la fois aimante et exigeante. Elle inculque à ses enfants des valeurs de liberté, de curiosité intellectuelle et d’amour pour la nature. Sa relation avec Colette est particulièrement forte, cette dernière étant souvent désignée par des surnoms affectueux tels que « Joyau-Tout-En-Or » ou « merveille ». Avec ses autres enfants, Sido entretient des relations variées. Elle imagine pour chacun un avenir spécifique : Achille est destiné à devenir médecin, un souhait qu’il réalisera, tandis que Léo est envisagé comme musicien, bien qu’il ne suivra pas cette voie. Sa demi-sœur Juliette, issue du premier mariage de Sido, apparaît peu dans le récit, mais sa présence souligne la complexité des dynamiques familiales.​

Sido se distingue par son indépendance d’esprit et son refus des conventions sociales. Féministe avant l’heure, elle défie les attentes traditionnelles envers les femmes de son époque. Son athéisme déclaré et sa liberté de pensée la placent en marge de la société bourgeoise conservatrice de la fin du XIXᵉ siècle. Son mariage avec le capitaine Colette, un homme plus jeune qu’elle et amputé d’une jambe, témoigne de son mépris pour les normes sociales et son attachement aux valeurs humaines profondes. Ensemble, ils forment un couple atypique, uni par une profonde affection et un respect mutuel.​

L’empreinte de Sido est omniprésente dans l’œuvre de Colette. Elle est le personnage central de « Sido », mais son influence s’étend bien au-delà de ce récit. La passion pour la nature, la célébration de la liberté individuelle et la complexité des relations familiales sont des thèmes récurrents chez Colette, directement hérités de sa mère. Par exemple, dans « La Maison de Claudine », Colette évoque le rire de sa mère, sa résilience face aux difficultés financières et son rôle de pilier familial. Cette présence maternelle constante dans son œuvre souligne l’impact profond de Sido sur la sensibilité et la vision du monde de l’écrivaine.​

Sidonie Landoy, dite Sido, est bien plus qu’un simple personnage littéraire. Elle incarne une figure maternelle forte, indépendante et profondément humaine, dont l’influence a façonné la vie et l’œuvre de Colette. À travers le portrait de sa mère, Colette rend hommage à une femme exceptionnelle, tout en explorant des thèmes universels tels que la nature, la liberté et la complexité des relations familiales.


Jule-Joseph Colette (Le capitaine)

Jules-Joseph Colette, affectueusement surnommé « le Capitaine », occupe une place singulière dans l’œuvre autobiographique de sa fille, Colette, notamment dans le recueil « Sido » publié en 1930. Ce personnage, à la fois discret et complexe, est dépeint avec une tendresse mêlée de réserve, reflétant une relation père-fille empreinte de respect et de non-dits.​

Né le 26 septembre 1829, Jules-Joseph Colette embrasse une carrière militaire qui le conduit à intégrer l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, une institution prestigieuse formant les officiers de l’armée française. Durant la campagne d’Italie en 1859, il est gravement blessé lors de la bataille de Melegnano, perdant une jambe. Cet événement met un terme à sa carrière militaire active. En reconnaissance de ses services, il est nommé percepteur, un poste qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. ​

En 1865, il épouse Sidonie Landoy, surnommée « Sido », une femme au caractère affirmé et à l’esprit libre. De cette union naissent deux enfants : Léopold en 1866 et Sidonie-Gabrielle, future Colette, en 1873. La famille s’installe à Saint-Sauveur-en-Puisaye, un village bourguignon où Colette passe une enfance marquée par la nature et les relations familiales. Le Capitaine, malgré son handicap, s’investit dans la vie locale, s’intéressant à l’histoire naturelle et à la politique locale. Cependant, sa gestion financière laisse à désirer, ce qui conduit la famille à des difficultés économiques. ​

Dans « Sido », Colette consacre une partie intitulée « Le Capitaine » à son père. Elle y exprime des regrets de ne pas l’avoir mieux connu, malgré une affection réciproque. Le Capitaine est décrit comme un homme effacé, discret, patient, impressionné par sa femme. Il ne raconte pas tellement sa vie, et le lecteur sent que la narratrice a sur lui des informations de seconde main. Son portrait fait naître la pitié et l’empathie à son encontre.

Le Capitaine est également dépeint comme un homme de principes et de discipline, contrastant avec le caractère plus libre et exubérant de Sido. Cette dualité au sein du couple parental offre à Colette une vision nuancée des relations humaines, influençant sa perception de la complexité des sentiments et des interactions sociales.​

La relation entre le Capitaine et Sido est marquée par une profonde affection, malgré des différences de caractère notables. Le Capitaine, homme effacé et discret, est impressionné par sa femme, une figure fascinante et terrifiante, menant sa famille d’une main ferme. Cette dynamique conjugale offre à Colette une vision nuancée des relations humaines, influençant sa perception de la complexité des sentiments et des interactions sociales. ​

Le Capitaine décède le 17 septembre 1905, laissant derrière lui une famille marquée par son héritage intellectuel et son amour pour la nature. Son influence sur Colette est indéniable, se reflétant dans ses œuvres où la figure paternelle est souvent présente, symbolisant à la fois la sagesse et la complexité des relations familiales. La discrétion et la profondeur du Capitaine ont sans doute contribué à forger la sensibilité littéraire de Colette, attentive aux nuances de l’âme humaine et aux subtilités des relations interpersonnelles.​

En somme, Jules-Joseph Colette, le Capitaine, est une figure paternelle complexe et attachante dans l’œuvre de Colette. Son parcours, marqué par le courage, la discrétion et une certaine mélancolie, a profondément influencé la vision du monde de sa fille, contribuant à la richesse et à la profondeur de son écriture.


Colette elle-même

Dans le recueil Sido, publié en 1930, Colette se penche sur les souvenirs de son enfance à Saint-Sauveur-en-Puisaye, un village bourguignon où elle a grandi. Elle y dresse des portraits saisissants des membres de sa famille, notamment de sa mère, Sidonie Landoy, surnommée Sido, et de son père, le capitaine Jules-Joseph Colette. Cependant, au-delà de ces figures parentales, c’est elle-même, en tant que narratrice et personnage, qui tisse le fil conducteur de ces récits. Elle se désigne parfois comme « la petite », une manière de se replonger dans l’innocence et la curiosité de l’enfance, tout en offrant aux lecteurs une introspection profonde sur sa formation identitaire et artistique.​

Dès les premières pages de Sido, Colette instaure une atmosphère empreinte de nostalgie et de tendresse. Elle évoque avec minutie les paysages de son enfance, les jardins foisonnants, les senteurs de la campagne, les jeux d’ombre et de lumière qui ont bercé ses jeunes années. Ces descriptions ne sont pas de simples décors, mais des éléments constitutifs de son être. La nature apparaît comme une compagne fidèle, une source inépuisable d’émerveillement et d’apprentissage. En se remémorant ses escapades matinales, elle écrit : « Car j’aimais tant l’aube, déjà… » . Cette phrase témoigne de son attirance précoce pour les moments où la nature s’éveille, symbolisant peut-être son propre éveil à la conscience et à la sensibilité artistique.​

Le choix de se nommer « la petite » dans ses récits n’est pas anodin. Ce diminutif renforce l’idée d’une introspection où l’adulte qu’elle est devenue dialogue avec l’enfant qu’elle était. Cette dualité permet à Colette de juxtaposer ses perceptions d’alors avec la sagesse acquise au fil des ans. Elle observe « la petite » avec une tendresse mêlée d’amusement, reconnaissant en elle les germes de sa future personnalité. Cette mise en abyme offre au lecteur une perspective unique sur le processus de maturation de l’auteure, révélant comment les expériences de l’enfance ont façonné sa vision du monde et son écriture.​

La relation de Colette avec sa mère, Sido, est au cœur du recueil. Sido est dépeinte comme une femme forte, indépendante, dotée d’une profonde connexion avec la nature. Elle incarne une figure maternelle à la fois aimante et exigeante, transmettant à ses enfants des valeurs de liberté et de curiosité. Colette admire cette femme qui semble en symbiose avec son environnement, capable de prévoir la météo ou de dialoguer avec les plantes. Cette admiration est palpable lorsqu’elle écrit : « Ma mère fut le personnage principal de toute ma vie » . Cette déclaration souligne l’impact indélébile de Sido sur la formation de l’identité de sa fille, tant sur le plan personnel qu’artistique.​

En se désignant comme « la petite », Colette met en lumière la dynamique familiale qui régnait dans son foyer. En tant que benjamine, elle observe avec attention les interactions entre ses parents et ses frères et sœurs, absorbant les nuances de chaque relation. Cette position lui permet de développer une acuité particulière pour les détails, une qualité qui transparaît dans son écriture. Elle capte les subtilités des gestes, des regards, des silences, enrichissant ainsi ses récits d’une profondeur émotionnelle rare. Cette capacité d’observation, née de son enfance, devient l’un des piliers de son art littéraire.​

Le recueil Sido est également traversé par une réflexion sur le temps qui passe et la manière dont les souvenirs se transforment. Colette, en revisitant son passé, prend conscience des distorsions de la mémoire, des embellissements ou des oublis. Elle reconnaît que l’acte d’écriture est une tentative de saisir l’insaisissable, de fixer des moments éphémères. Cette prise de conscience confère à son œuvre une dimension universelle, où chaque lecteur peut se retrouver dans cette quête de sens à travers le prisme du passé.​

L’évocation de « la petite » permet également à Colette d’aborder la question de l’émancipation. En grandissant dans un environnement où la nature est omniprésente et où les conventions sociales sont parfois remises en question, elle développe un esprit libre et indépendant. Elle observe les attentes de la société envers les femmes, les rôles prédéfinis, et, dès son jeune âge, ressent le besoin de s’affranchir de ces carcans. Cette aspiration à la liberté, nourrie par les enseignements de sa mère et par ses propres observations, deviendra un thème central de son œuvre et de sa vie.​

La maison familiale, décrite avec une précision affectueuse, est le théâtre de ses premières découvertes. Les pièces, les objets, les odeurs constituent un univers sensoriel riche qui nourrit son imaginaire. Elle se souvient des moments passés à écouter les histoires racontées par les adultes, des soirées d’été passées à contempler les étoiles, des jeux improvisés dans le jardin. Ces souvenirs, empreints de simplicité et de poésie, illustrent la manière dont l’environnement familial a servi de terreau fertile à sa créativité.​

En se replongeant dans son enfance, Colette explore également les premières manifestations de sa sensibilité artistique. Elle se remémore les émotions ressenties face à un paysage, une mélodie, une lecture. Ces expériences esthétiques précoces sont autant de jalons qui la conduiront vers l’écriture. Elle prend conscience que son regard sur le monde est singulier, empreint d’une acuité


Achille et Léo

​Dans le recueil Sido de Colette, publié en 1930, l’auteure brosse des portraits intimes des membres de sa famille, offrant ainsi une plongée dans son enfance bourguignonne. Parmi ces figures, ses frères Achille et Léopold, surnommés « les Sauvages » par leur mère Sido, occupent une place particulière. Ce surnom, loin d’être péjoratif, reflète leur nature indomptable, leur esprit libre et leur éloignement des conventions sociales de l’époque.​

Achille, l’aîné, est issu du premier mariage de Sido avec Jules Robineau-Duclos. Il est décrit comme un jeune homme sérieux, autoritaire, doté d’une beauté saisissante et d’un charisme naturel qui impose le respect. Destiné à une carrière de médecin, Achille incarne le devoir et la liberté, bien qu’il se rebelle parfois contre les attentes familiales. Sa relation avec Colette est marquée par une admiration mutuelle, même si une certaine distance persiste en raison de leur différence d’âge et de leurs préoccupations distinctes.​

Léopold, le cadet, se distingue par son tempérament rêveur et artistique. Dès son plus jeune âge, il manifeste une sensibilité particulière à la musique, capable de reproduire des mélodies entendues avec une précision étonnante. Cependant, malgré ce talent évident, il échappe aux études formelles et préfère s’adonner à ses passions personnelles. Colette illustre cette facette de sa personnalité à travers une anecdote où, enfant, Léopold demande chaque soir des pruneaux et des noisettes, non par gourmandise, mais par le simple plaisir de formuler la demande. Cette histoire met en lumière son esprit espiègle et sa nature introspective.​

Leur mère, Sido, se montre souvent désemparée face à ces deux fils qu’elle qualifie de « sauvages ». Elle s’interroge sur leur avenir, consciente de leur différence par rapport aux autres garçons de leur âge. Malgré leur comportement indiscipliné, elle reconnaît leur beauté et leur douceur intrinsèque. Cette ambivalence maternelle traduit à la fois une inquiétude et une admiration pour ces enfants qui refusent de se conformer aux normes établies.​

Achille et Léopold partagent une complicité profonde, renforcée par leur marginalité assumée. Ils préfèrent les activités solitaires et le contact avec la nature aux jeux collectifs, cultivant une certaine distance avec le monde extérieur. Leur relation fraternelle est marquée par une compréhension mutuelle et une solidarité indéfectible, malgré leurs différences de caractère. Cette alliance leur permet de naviguer ensemble dans un univers qui ne les comprend pas toujours, renforçant ainsi leur lien unique.​

Le surnom de « sauvages » attribué à Achille et Léopold souligne leur refus des conventions sociales et leur attachement à une liberté sans entrave. Ils incarnent une forme de résistance passive aux attentes sociétales, préférant suivre leur propre chemin. Cette attitude reflète une quête d’authenticité et une volonté de vivre en accord avec leurs aspirations profondes, loin des pressions extérieures.​

Leur relation avec leur demi-sœur Juliette est complexe. Considérée comme une étrangère au sein de la famille, Juliette se fiance à l’aube de ses vingt-cinq ans. En signe de leur désaccord avec cette union, Achille et Léopold prennent en charge la musique de la cérémonie, une manière pour eux de se tenir à l’écart des réjouissances. Cette distance illustre leur difficulté à accepter les conventions sociales et leur attachement à leur propre vision de la liberté.​

En somme, Achille et Léopold, à travers leur surnom de « sauvages », symbolisent une quête incessante de liberté et d’authenticité. Leur indépendance d’esprit, leur complicité fraternelle et leur refus des conventions font d’eux des figures emblématiques de l’œuvre de Colette, illustrant la richesse et la complexité des liens familiaux.


Juliette

Juliette est la demi-sœur aînée de Colette et est issue du premier mariage de leur mère Sido avec Jules Robineau-Duclos. Née en 1860, Juliette est de treize ans l’aînée de Colette, ce qui crée une distance générationnelle notable entre les deux sœurs.​

Dans Sido, Juliette est évoquée de manière succincte, reflétant peut-être la relation distante qu’elle entretenait avec Colette. Elle est décrite comme une jeune fille aux « yeux noirs mongols », souvent absorbée par ses lectures, plongée dans des romans d’aventures ou d’amour. Cette passion pour la lecture semble être son principal refuge, une échappatoire à une réalité qui ne lui offre guère de satisfaction. Son apparence physique est également mentionnée, notamment sa chevelure abondante, noire mêlée de fils roux, qui, lorsqu’elle est défaite, la recouvre entièrement, créant une image presque mystique. Cette description souligne une certaine étrangeté, une singularité qui la distingue des autres membres de la famille.​

La relation entre Juliette et sa mère, Sido, est complexe. Sido, femme énergique et indépendante, semble avoir des difficultés à comprendre sa fille aînée, souvent silencieuse et introvertie. Cette incompréhension mutuelle crée une distance émotionnelle entre elles, renforçant l’isolement de Juliette au sein de la famille. De plus, la préférence apparente de Sido pour ses autres enfants, notamment Colette, accentue le sentiment d’exclusion ressenti par Juliette.​

Le mariage de Juliette en 1884 avec le docteur Roché marque un tournant dans sa vie. Ce mariage, loin d’être une union heureuse, est décrit comme une tentative de conformisme social, une manière pour Juliette de répondre aux attentes de son milieu. Cependant, cette union ne fait qu’accentuer son mal-être, la plongeant davantage dans une existence morne et insatisfaisante. La naissance de sa fille, Germaine, n’apporte pas le réconfort escompté, et la relation mère-fille est marquée par une certaine froideur.​

Le destin tragique de Juliette se conclut par son suicide en 1908, à l’âge de 48 ans. Cet acte désespéré est le reflet d’une vie marquée par la solitude, l’incompréhension et le manque d’affection. Colette, dans son œuvre, n’aborde que brièvement cet événement, peut-être en raison de la douleur qu’il suscite ou de la complexité des sentiments qu’elle éprouve envers sa demi-sœur.​

En somme, Juliette apparaît dans Sido comme une figure en retrait, une présence silencieuse dont la vie est marquée par la mélancolie et l’isolement. Son parcours contraste avec celui de Colette, femme libre et affirmée, soulignant ainsi les différentes voies que peuvent emprunter des individus issus d’une même famille. Ce portrait, bien que succinct, offre une réflexion sur les relations familiales, les attentes sociales et le poids des non-dits.


Adrienne Jarry

Adrienne Jarry est présentée comme la meilleure amie de Sido, partageant avec elle une complicité profonde. Elle est décrite comme une femme pleine de verve, cultivée, toujours prompte à faire circuler des commérages. Sa personnalité jalouse ajoute une dimension piquante à son caractère, la rendant à la fois intrigante et attachante. Pour la jeune Colette, Adrienne n’est pas simplement une voisine ; elle revêt une aura quasi divine, symbolisant un monde riche en histoires et en mystères.​

La maison d’Adrienne devient ainsi un lieu de refuge pour « la petite », surnom que Colette se donne dans ses récits. Elle y passe de nombreux moments, s’imprégnant des conversations et des anecdotes partagées. Cette proximité suscite toutefois une certaine tension, menant jusqu’à une brouille entre Sido et Adrienne. Cette dispute met en lumière la complexité des relations humaines, où l’affection et la jalousie coexistent, influençant les dynamiques familiales et amicales.​

Pour la jeune Colette, Adrienne Jarry représente une source d’apprentissage et d’émerveillement. Les moments passés en sa compagnie enrichissent son imaginaire et contribuent à son éveil au monde des adultes. Cette relation illustre également la manière dont les figures extérieures à la famille peuvent jouer un rôle crucial dans le développement personnel, offrant des perspectives nouvelles et des expériences formatrices.​

La fascination de Colette pour Adrienne est également liée à la personnalité de cette dernière. Adrienne est une femme cultivée, dotée d’une grande vivacité d’esprit. Elle incarne une féminité libre et indépendante, contrastant avec les normes sociales de l’époque. Cette image d’une femme émancipée et sûre d’elle-même exerce une influence profonde sur la jeune Colette, qui voit en Adrienne un modèle de liberté et d’affirmation de soi.​

La relation entre Sido et Adrienne est complexe et nuancée. Bien qu’elles soient amies proches, leur amitié est marquée par des tensions et des jalousies. La présence constante de Colette chez Adrienne suscite des sentiments ambivalents chez Sido, partagée entre la confiance en son amie et la crainte de perdre l’affection de sa fille. Cette dynamique met en évidence les subtilités des relations féminines et les émotions contradictoires qui peuvent les traverser.​

Adrienne Jarry joue également un rôle de mentor pour Colette. Elle lui transmet des connaissances, des histoires et des expériences qui enrichissent sa vision du monde. Cette transmission intergénérationnelle est essentielle dans la formation de l’identité de Colette, qui puise dans ces échanges une partie de son inspiration littéraire. Adrienne devient ainsi une figure tutélaire, guidant la jeune fille dans sa découverte de la vie et de ses complexités.​

La maison d’Adrienne est décrite comme un espace accueillant et chaleureux, contrastant avec l’austérité de certaines maisons bourgeoises de l’époque. Cet environnement offre à Colette un espace de liberté où elle peut exprimer sa curiosité et son imagination sans contrainte. La décoration, les objets et l’atmosphère générale de la maison reflètent la personnalité d’Adrienne, créant un univers propice à l’épanouissement de la jeune fille.​

La brouille entre Sido et Adrienne est un événement marquant dans le recueil. Elle souligne la fragilité des relations humaines et la manière dont des sentiments tels que la jalousie peuvent affecter des amitiés profondes. Pour Colette, cette dispute est une leçon sur la complexité des émotions et des liens sociaux. Elle prend conscience que les relations ne sont pas toujours harmonieuses et que des tensions peuvent surgir même entre des personnes qui s’aiment.​

Malgré cette brouille, la relation entre Colette et Adrienne perdure. Cette continuité témoigne de la force du lien qui les unit et de l’importance d’Adrienne dans la vie de Colette. Elle montre également la capacité de Colette à naviguer entre différentes relations et à maintenir des liens malgré les conflits. Cette résilience relationnelle est une caractéristique que l’on retrouvera dans la vie adulte de Colette, tant sur le plan personnel que professionnel.​

En somme, Adrienne Jarry occupe une place centrale dans le recueil Sido. Elle est à la fois une amie proche de Sido, une mentor pour Colette et une figure féminine forte qui influence profondément la jeune fille. Son rôle met en lumière les dynamiques complexes des relations humaines et l’impact des figures extérieures à la famille sur le développement personnel. À travers Adrienne, Colette explore des thèmes tels que l’amitié, la jalousie, l’émancipation féminine et la transmission intergénérationnelle, enrichissant ainsi son récit d’une profondeur émotionnelle et sociale.


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