1. 🔎 Biographie de Bernard de Fontenelle
  2. 🏛 Le contexte historique et personnel des entretiens
  3. 🔑 Les informations clés à savoir sur Les Entretiens sur la pluralité des mondes

🔎 Biographie de Bernard de Fontenelle

Bernard Le Bouyer de Fontenelle naît à Rouen le 11 février 1657, dans une famille de juristes aisés. Neveu des deux célèbres dramaturges Pierre et Thomas Corneille, il reçoit une solide éducation chez les jésuites de Rouen, où son esprit brillant ne passe pas inaperçu – on rapporte que ses professeurs ambitionnaient de le recruter tant il se distinguait parmi ses condisciples. Après des études de philosophie et de physique, il obtient un diplôme de droit. Monté à Paris en 1674 à l’âge de 17 ans, il tente brièvement la carrière d’avocat – il ne plaide qu’une seule affaire, qu’il perd – avant de se tourner vers la littérature, s’appuyant sur son oncle Thomas Corneille pour débuter au Mercure galant.


Dans les années 1680, Fontenelle s’essaie à divers genres littéraires. Il publie de petits poèmes dans le Mercure galant, puis tente sa chance au théâtre. Sa tragédie Aspar (1680) est un échec retentissant, au point que Racine en raille le fiasco par une épigramme célèbre sur « l’origine des sifflets » au parterre. Les pièces suivantes (Bellérophon, Brutus, etc.) ne rencontrent guère plus de succès et sombrent vite dans l’oubli. Même si quelques livrets d’opéra – Psyché, Thétis et Pélée, etc. – obtiennent un accueil un peu meilleur, ces tentatives ne suffisent pas à établir sa réputation. Déçu, Fontenelle abandonne la dramaturgie et se tourne vers d’autres formes d’écriture.


Esprit curieux et polyvalent, il trouve bientôt sa voie en mariant littérature et science. Il avait déjà montré son talent dans le Nouveau dialogue des morts (1683), des conversations imaginaires à la manière de Lucien de Samosate, qui commencent à le faire connaître du public cultivé. Mais c’est avec les Entretiens sur la pluralité des mondes (1686) – un essai d’astronomie présenté sous forme de dialogue – que Fontenelle connaît son premier grand triomphe. Cet ouvrage pionnier de vulgarisation scientifique (rédigé dans sa ville natale de Rouen) remporte un vif succès dès sa parution. Il s’agit d’une présentation élégante des théories coperniciennes, adaptée aux non-spécialistes, qui séduira tant le public que pas moins de 33 éditions en seront publiées du vivant de l’auteur. Fontenelle poursuit sur cette lancée avec Histoire des oracles (1687), un essai érudit où il explique rationnellement les oracles de l’Antiquité et dénonce la superstition religieuse. À la fin des années 1680, il s’est imposé comme un homme de lettres original, capable de mettre les nouveautés scientifiques « à la portée de tous » sans sacrifier le plaisir de lecture.


Parallèlement, Fontenelle s’engage dans la fameuse querelle des Anciens et des Modernes qui anime les milieux littéraires de l’époque. Partisan déclaré du camp des Modernes, il affirme que les auteurs contemporains peuvent égaler les auteurs antiques – après tout, note-t-il malicieusement, « si les arbres [de l’Antiquité] n’étaient pas plus grands que ceux d’aujourd’hui, il n’y a pas de raison pour qu’Homère, Platon, Démosthène ne puissent être égalés ». De telles idées lui attirent l’hostilité des défenseurs des Anciens, notamment Boileau et Racine. Leur influence retarde son entrée à l’Académie française ; Fontenelle échoue à quatre reprises à se faire élire, avant de finalement obtenir son fauteuil en 1691. Lors de sa réception, il aurait plaisanté avec esprit qu’il ne restait désormais « que trente-neuf personnes dans le monde qui aient plus d’esprit que [lui] » – allusion ironique aux quarante « immortels » de l’Académie. Outre l’Académie française, Fontenelle sera admis à l’Académie des inscriptions et belles-lettres (en 1701) ainsi qu’à l’Académie de Berlin, ce qui témoigne de son prestige international.

À partir de 1697, la carrière de Fontenelle prend une dimension plus officielle : il est nommé secrétaire perpétuel de l’Académie royale des sciences, fonction qu’il occupe pendant plus de quatre décennies (1699-1740). Dans ce rôle, il rédige chaque année les rapports relatant les progrès scientifiques de l’Académie (l’« Histoire » annuelle) et prononce les éloges des académiciens défunts. Infatigable passeur de savoir, il synthétise avec clarté les découvertes les plus récentes et les présente dans un style limpide à l’intention du grand public cultivé curieux de sciences. Il correspond avec les plus grands savants d’Europe et reste informé des avancées de chaque discipline, développant un rare talent pour les exposer de manière accessible – en témoigne la qualité de ses notices nécrologiques, par exemple celles consacrées à Newton ou à Leibniz.


En homme du monde, Fontenelle fréquente assidûment les salons littéraires de la fin du XVII^e et du début du XVIII^e siècle. Il est notamment un habitué du salon de Madame de Lambert, où il côtoie les grands esprits et présente le jeune Montesquieu lors de ses débuts dans la vie mondaine. Cet ancrage dans les cercles de la haute société, combiné à sa stature de savant, fait de Fontenelle un personnage incontournable de la République des Lettres sous Louis XIV puis sous la Régence. Proche de Montesquieu, il est aussi respectueusement taquiné par Voltaire, qui le met en scène – sous forme de clin d’œil – dans le conte philosophique Micromégas (1752).

D’une longévité exceptionnelle, Bernard de Fontenelle s’éteint à Paris le 9 janvier 1757, à l’âge de 99 ans. Il aura été le témoin direct du basculement du Grand Siècle classique vers le siècle des Lumières naissant. Tout au long de sa vie, il n’a cessé de prôner l’usage de la raison critique et de diffuser l’esprit des connaissances modernes. Philosophe modéré et lucide, partisan des Modernes n’hésitant pas à remettre en cause les vérités établies non éprouvées par la raison, il a su anticiper et annoncer nombre d’idées des Lumières : foi dans le progrès scientifique, relativisation de la place de l’homme dans l’univers, refus des dogmes infondés en raison. Voltaire pouvait ainsi voir en lui « l’esprit le plus universel que le siècle de Louis XIV ait produit », saluant la diversité et la fécondité exceptionnelles de son génie.


🏛 Le contexte historique et personnel des entretiens

La composition des Entretiens sur la pluralité des mondes en 1686 s’inscrit dans un contexte intellectuel bien particulier. À la fin du XVIIe siècle, les grands bouleversements de la révolution scientifique (Copernic, Galilée, Descartes…) commencent à pénétrer les esprits, mais nombre de notions modernes demeurent méconnues du public non spécialiste. Ainsi, l’héliocentrisme – l’idée que la Terre tourne autour du Soleil – n’est pas encore très répandu parmi les gens cultivés, qui en restent souvent aux anciens principes géocentriques de Ptolémée. Fontenelle lui-même note que ces théories nouvelles étaient « loin de commander l’assentiment universel » à l’époque. Dans le même temps, l’astronomie suscite un engouement croissant : le passage spectaculaire d’une comète en 1680-1681 avait mis « à la mode » l’observation du ciel, et la curiosité du public pour les mystères de l’Univers s’en trouve avivée. C’est à la confluence de ces tendances – persistence des modèles anciens et attrait pour les découvertes nouvelles – que naît l’entreprise des Entretiens.

La forme même des Entretiens reflète le climat culturel de l’époque. Sous le règne de Louis XIV, la bonne société se réunit dans les salons littéraires pour converser brillamment d’art, de science et de philosophie : l’art de la conversation y est roi. Fontenelle, qui fréquente ces cercles mondains, choisit donc de présenter l’astronomie sous la forme d’un dialogue galant entre un savant et une dame de qualité, ce qui correspond aux usages et au plaisir d’apprendre dans ce milieu. Le livre prend la forme de six soirées de conversation entre un philosophe et la marquise de G***, lors de promenades nocturnes propices à la contemplation du ciel. Ce scénario n’a rien d’invraisemblable : de grandes dames s’intéressaient réellement aux sciences et tenaient des salons où officiaient les savants. Le choix d’une interlocutrice féminine est d’ailleurs significatif – et audacieux pour l’époque. En mettant en scène une marquise curieuse et intelligente, Fontenelle reconnaît que les femmes peuvent elles aussi accéder aux connaissances scientifiques, alors même que l’institution académique leur en est fermée au XVII^e siècle. Il adopte dans ces dialogues un ton léger, vif et pédagogique, conforme à l’esprit galant alors en vogue, ce qui lui permet de transmettre des idées nouvelles sans ennuyer ni choquer. L’échange reste courtois, plein d’images et de métaphores accessibles, et exclut tout jargon technique pour privilégier la clarté et l’agrément.

Au moment où il rédige les Entretiens, Fontenelle est un jeune auteur de 29 ans, érudit mais sans position officielle – il n’entrera à l’Académie des sciences qu’une dizaine d’années plus tard. Cette situation lui offre une certaine liberté intellectuelle. Contrairement aux savants académiques qui écrivent en latin pour leurs pairs, Fontenelle ose écrire en français afin de diffuser le savoir au-delà des cercles spécialisés. Cette démarche de vulgarisation était novatrice et un peu risquée dans un pays encore très attaché aux autorités établies. Fontenelle doit en effet composer avec le contexte religieux de la France de Louis XIV, où toute affirmation scientifique contredisant la Bible peut attirer la censure. Prudent, il prend soin de présenter l’héliocentrisme et l’hypothèse de mondes habités comme des idées rationnelles discutées sereinement, sans attaque ouverte contre la doctrine chrétienne. Il envisage par exemple la pluralité des mondes de façon hypothétique et n’hésite pas à formuler lui-même des réserves face aux arguments qu’il avance. Ce scepticisme modéré et cette façon de poser les questions sans esprit de système constituent une habile stratégie pour éviter les foudres des dévots tout en faisant passer un message audacieux. En somme, Fontenelle bénéficie d’un contexte propice – une société avide de nouveautés scientifiques – qu’il exploite avec tact grâce à son talent littéraire et à son esprit conciliant. La publication des Entretiens en 1686 arrive ainsi à point nommé : l’ouvrage répond à la fois à la soif de connaissances du public et à la nécessité de présenter les théories nouvelles de manière claire, attrayante et acceptable pour les esprits encore réticents.


🔑 Les informations clés à savoir sur Les Entretiens sur la pluralité des mondes

  • Publication : Publié à Paris en 1686, Entretiens sur la pluralité des mondes a connu dès l’origine un grand succès. La première édition ne comportait que cinq “Soirs” (ou chapitres dialogués), mais Fontenelle ajouta un sixième Soir dès 1687 dans une édition revue et augmentée. L’auteur a continué à actualiser son texte tout au long de sa vie au gré des nouvelles découvertes scientifiques, si bien que 33 éditions virent le jour avant sa mort.

  • Genre et structure : L’ouvrage se présente comme un dialogue philosophique et scientifique. Fontenelle y met en scène un philosophe-narrateur et une marquise qui dialoguent librement sur l’astronomie au cours de six soirées consécutives. Chaque “soir” correspond à une leçon ou un entretien distinct où l’on aborde un aspect du cosmos. Le texte s’ouvre par une préface et une lettre dédicatoire (« À Monsieur L*** ») dans lesquelles Fontenelle explique sa démarche, puis se déroule en six chapitres dialogués qui mêlent explications scientifiques et échanges d’idées. Ce choix du dialogue confère à l’ensemble une structure vivante et didactique, rompant avec la forme du traité magistral : le lecteur apprend en même temps que la marquise, au fil des questions qu’elle pose et des images que le savant propose pour éclairer ses explications.

  • Thèmes scientifiques abordés : Fontenelle vulgarise dans les Entretiens les connaissances astronomiques de son temps. Le système copernicien y occupe une place centrale : dès le Premier Soir, le narrateur démontre que la Terre est une planète qui tourne sur elle-même et autour du Soleil, renversant la vision géocentrique traditionnelle. Par la suite, l’auteur développe l’idée que les autres astres pourraient être des mondes semblables au nôtre. Il affirme ainsi que la Lune est une terre possiblement habitée (Deuxième Soir) et que les planètes comme Vénus, Mars ou Jupiter peuvent elles aussi abriter des habitants (Troisième et Quatrième Soir). Il décrit les particularités de ces mondes hypothétiques en s’appuyant sur les connaissances de l’époque (par exemple, il imagine des formes de vie adaptées à la faible lumière sur Saturne). Au Cinquième Soir, il aborde l’immensité du cosmos en expliquant que les étoiles fixes sont elles-mêmes autant de soleils entourés de leurs propres planètes – suggérant une infinité de systèmes semblables au nôtre. Enfin, le Sixième Soir récapitule et apporte les « nouvelles découvertes » faites dans le ciel, renforçant les hypothèses précédentes. Le thème majeur qui se dégage est donc celui de la pluralité des mondes : Fontenelle amène son lecteur à concevoir un Univers infini peuplé d’innombrables mondes, et à accepter que la Terre n’occupe qu’une place modeste dans ce vaste ensemble.

  • Intentions de l’auteur : Avec cet ouvrage, Fontenelle poursuit un objectif novateur pour son temps : mettre la science à la portée de tous. Jusqu’alors, les traités savants étaient écrits en latin et réservés aux érudits, mais Fontenelle entend changer cet état de fait. Il choisit le français et la forme du dialogue afin de vulgariser les théories nouvelles auprès d’un public non spécialiste, en particulier les mondains et les dames curieuses fréquentant les salons. Dans sa préface, il précise d’ailleurs son double projet, déclarant qu’il n’a « point du tout prétendu [les] instruire [les lecteurs déjà versés en physique] mais seulement les divertir », tout en espérant « instruire et divertir tout ensemble » les lecteurs pour qui ces matières sont nouvelles. Autrement dit, son intention est de faire œuvre pédagogique sans ennui, de mêler le plaisir de la conversation à l’exactitude du savoir. Il veut démontrer que les idées de Copernic et consorts peuvent être expliquées simplement, sans formules austères, et qu’elles peuvent même divertir et faire rêver un public profane. Cette volonté didactique s’accompagne d’une démarche philosophique : Fontenelle cherche à éveiller l’esprit critique de son lecteur, à le faire raisonner par lui-même sur la place de l’homme dans l’univers, sans jamais imposer de dogme. Son projet est donc autant émancipateur (libérer le savoir des cercles fermés) que ludique (apprendre en se divertissant).

  • Style de l’œuvre : Le style des Entretiens est célèbre pour sa clarté élégante. Fontenelle écrit d’une plume légère, agile et imagée, ce qui rend des sujets scientifiques complexes agréables à lire. Le ton est celui d’une conversation aimable : le savant s’adapte au niveau de la marquise en usant de comparaisons simples, de métaphores frappantes et même d’un humour subtil. Par exemple, pour expliquer la rotation de la Terre, il prend l’image d’un carrosse en mouvement pour faire sentir l’inertie aux passagers – comparaison parlante pour son public. Ce style vif et limpide évite le jargon technique et la pédanterie. D’ailleurs, la critique de l’époque, qui reprochait à certaines œuvres purement littéraires de Fontenelle un raffinement un peu affecté, a reconnu dans ses écrits philosophiques comme les Entretiens une sobriété et une grâce naturelles bien plus appréciées : en bon pédagogue, il s’en tient à l’essentiel et s’appuie sur le concret, afin de ne jamais perdre son lecteur en route. Le résultat est un texte fluide, d’un esprit très français, qui allie le plaisir de la lecture à l’instruction – recette de son succès.

  • Réception en 1686 : Les Entretiens rencontrent immédiatement un vif succès dans les cercles cultivés. L’ouvrage, publié sous le règne de Louis XIV, correspond parfaitement à la curiosité du public de l’époque et à son goût pour les savoirs présentés avec esprit. Le livre est lu dans les salons, discuté, commenté, et connaît de multiples réimpressions. Trente-trois éditions paraissent du vivant de Fontenelle – performance exceptionnelle témoignant de la popularité durable du texte. Des traductions en langues étrangères sont également réalisées dès la fin du XVII^e siècle : par exemple une traduction anglaise intitulée A Plurality of Worlds paraît en 1688, contribuant à faire connaître l’ouvrage au-delà de la France. Un diplomate russe, le prince Antioche Cantemir, entreprend de le traduire à son tour quelques décennies plus tard, même si la version russe sera censurée par l’Église orthodoxe en 1756. Globalement, la réception de l’œuvre est enthousiaste : Fontenelle est applaudi pour avoir su communiquer les idées de Copernic et de Descartes avec clarté et charme. On reconnaît qu’il a grandement contribué à faire accepter le système copernicien auprès du grand public cultivé – « ces dialogues charmants furent plus influents qu’aucun autre ouvrage pour faire admettre le système de Copernic », notera plus tard un historien des sciences. Si quelques esprits chagrins ont pu taxer Fontenelle de superficialité, ou craindre une audace irréligieuse, aucune condamnation officielle ne vient entacher la carrière de l’ouvrage en France. La prudence de l’auteur et le soutien des milieux éclairés lui assurent une réception favorable, qui assoit définitivement la renommée de Fontenelle comme homme de science et de lettres.

  • Postérité et influence : Entretiens sur la pluralité des mondes est aujourd’hui considéré comme un texte précurseur du siècle des Lumières. Nombre des idées qu’il contient, esquissées en 1686, se retrouveront au centre de la pensée au XVIII^e siècle. Fontenelle y exprime sa foi dans la méthode scientifique et le progrès de l’esprit humain, son scepticisme face aux explications surnaturelles et son refus de placer l’homme au centre de tout. Ces thèmes – relativité du point de vue humain, recherche du savoir rationnel, vulgarisation des connaissances – annoncent directement l’entreprise des Encyclopédistes et l’esprit philosophique des Lumières. D’Alembert, Condorcet et bien d’autres poursuivront au XVIII^e siècle la diffusion du savoir dans la lignée de Fontenelle. Voltaire lui-même s’inspire de Fontenelle : admiratif, il le surnomme « le berger de la science » et « l’esprit le plus universel » de son temps, tout en le pastichant affectueusement dans Micromégas (1752) – un conte où deux géants de l’espace discutent de la petitesse de l’homme, clin d’œil évident aux dialogues cosmiques des Entretiens. Au-delà du XVIII^e siècle, l’ouvrage de Fontenelle reste une référence emblématique de la littérature scientifique populaire. Il a contribué à légitimer en France le genre de la vulgarisation scientifique et à montrer que la science pouvait faire partie intégrante de la culture générale. Aujourd’hui encore, on le lit comme un classique alliant finesse littéraire et intuition scientifique, et on lui reconnaît une valeur à la fois historique et pédagogique indéniable.

  • Originalité et innovations : Les Entretiens de Fontenelle se distinguent par plusieurs innovations marquantes. D’abord, l’ouvrage constitue l’un des premiers essais scientifiques en langue française, brisant la tradition du latin académique pour s’adresser directement au grand public. Ensuite, Fontenelle emprunte une forme littéraire atypique pour un sujet scientifique : le dialogue galant. En faisant converser un philosophe et une marquise sous les étoiles, il introduit la science dans le registre de la conversation mondaine, ce qui était une idée neuve et efficace. Le choix d’une femme comme élève et partenaire de discussion est également audacieux et novateur : il souligne que la science peut intéresser tout le monde et pas seulement les érudits masculins – message en avance sur son temps en termes de diffusion du savoir. Enfin, sur le fond, Fontenelle propose une vision de l’univers infinie et peuplée, qui relativise radicalement la position centrale de la Terre et de l’humanité. Ce renversement de perspective – l’homme n’est plus au centre de la création – est une idée philosophique forte qui émerge dans l’ouvrage. Présentée avec prudence et esprit, elle constitue l’une des contributions les plus originales de Fontenelle, ouvrant la voie à une conception cosmologique moderne. En somme, par sa langue, par sa forme et par ses idées, les Entretiens sur la pluralité des mondes ont innové dans le paysage intellectuel de la fin du XVII^e siècle, en annonçant de façon brillante le rapprochement entre la science et la littérature que réalisera le siècle des Lumières.


Laisser un commentaire

2 réponses à « 1. Introduction – Entretiens sur la pluralité des mondes »

  1. Avatar de
    Anonyme

    Très bonne présentation, claire, qui va à l’essentiel, bravo ! Je trouve seulement dommage de ne pas avoir les légendes (sources) des images de l’article. Je me demande si vous les avez créées vous-même, car je ne les vois pas ailleurs, et je pense notamment à la « gravure » de Fontenelle à son bureau avec deux bustes près de lui, comme s’il rendait hommage à Homère (?) ou en tout cas des philosophes antiques. Ce serait un peu surprenant de la part d’un Moderne… J’aimerais beaucoup connaitre la source de cette image-ci !

    J’aime

    1. Avatar de Les Petites Analyses

      Bonjour,

      Je vous confirme que l’image évoquée est simplement une représentation de nos soins pour illustrer le paragraphe qui s’y rapporte. Je ne pense pas qu’il avait des bustes de philosophes antiques mais après tout il y a tellement peu de représentations officielles de Fontenelle que nous n’en savons rien. N.B. : Les autres images sont des représentations officielles (sauf les masques)

      J’aime