📑 TABLE DES MATIÈRES
- Le poème
- 🔎 L’analyse du poème
- Un Tartufe hypocrite démasqué dans les quatrains
- Le démasquage violent de Tartufe (deuxième quatrain)
- Le châtiment et la mise à nu de l’hypocrite dans les tercets
- Conclusion
Le poème
Tisonnant, tisonnant son cœur amoureux sous
Sa chaste robe noire, heureux, la main gantée,
Un jour qu’il s’en allait, effroyablement doux,
Jaune, bavant la foi de sa bouche édentée,Un jour qu’il s’en allait, » Oremus « , – un Méchant
Le prit rudement par son oreille benoîte
Et lui jeta des mots affreux, en arrachant
Sa chaste robe noire autour de sa peau moite !Châtiment !… Ses habits étaient déboutonnés,
Et le long chapelet des péchés pardonnés
S’égrenant dans son coeur, Saint Tartufe était pâle !…Donc, il se confessait, priait, avec un râle !
L’homme se contenta d’emporter ses rabats…
– Peuh ! Tartufe était nu du haut jusques en bas !
🔎 L’analyse du poème
En 1870, à seulement 16 ans, Rimbaud compose « Le Châtiment de Tartufe », un poème incisif qui s’inscrit dans le recueil des Cahiers de Douai. Ce sonnet en alexandrins témoigne de l’admiration de Rimbaud pour les formes classiques – il manie la structure du sonnet avec une étonnante maîtrise – tout en donnant libre cours à son esprit rebelle et satirique.
Le titre du poème annonce d’emblée son intention polémique : Tartufe, le célèbre hypocrite créé par Molière deux siècles plus tôt, devient ici la cible d’une punition exemplaire. Elevé dans une éducation catholique stricte par une mère fervente, Rimbaud nourrit une rancœur profonde envers l’hypocrisie religieuse. Profondément anticlérical, le jeune poète règle ses comptes avec les faux dévots en offrant un « portrait au vitriol » de Tartufe, symbole de toutes les tartufferies du clergé. Le poème dépeint avec ironie et virulence la double face d’un prétendu homme de foi – chaste en apparence mais corrompu dans son cœur – et imagine sa chute humiliante, mis à nu au sens propre comme au figuré.
Nous allons voir comment ce texte allégorique et satirique dénonce vigoureusement l’hypocrisie cléricale : d’abord en dressant, dans les quatrains, le portrait grinçant de « Saint Tartufe » au moment de son démasquage brutal, puis en décrivant, dans les tercets, le châtiment humiliant du faux dévot, entre confession arrachée et nudité révélatrice.
Un Tartufe hypocrite démasqué dans les quatrains
Dès les premiers vers, Rimbaud dresse un portrait au vitriol de son Tartufe. Le premier quatrain (vers 1 à 4) révèle d’emblée l’existence d’une passion coupable dissimulée sous l’apparence de la piété. Le vers inaugural s’ouvre sur une image de feu : « Tisonnant, tisonnant son cœur amoureux sous… ». La métaphore du brasier intérieur est introduite par le participe présent « tisonnant » répété deux fois, comme un tic obsédant. Ce procédé insistant suggère que le personnage attise constamment les braises de son désir caché. En effet, il porte « son cœur amoureux » – c’est-à-dire un cœur animé d’une ardeur amoureuse inavouable – sous son habit religieux. Le lecteur entrevoit ainsi, dès le début, le paradoxe fondamental du personnage : un prêtre en apparence austère, mais consumé intérieurement par une flamme profane. On peut penser ici au Tartuffe de Molière, dont le désir coupable pour Elmire était dissimulé sous le masque du dévot. Rimbaud reprend cette idée et la magnifie en une caricature : son Tartufe est littéralement consumé de désir sous sa soutane.
Ce cœur ardent reste pourtant caché sous l’habit noir. Le vers 2 apporte en effet le complément attendu : « …sa chaste robe noire ». L’expression est judicieusement placée au début du vers suivant, séparée de la préposition « sous » qui la précédait, ce qui crée un enjambement significatif. Cette coupure met en lumière le contraste entre l’intériorité et l’extériorité du personnage. En isolant « sa chaste robe noire » au vers 2, Rimbaud souligne l’antithèse entre la robe ecclésiastique, symbole de pureté et de sobriété (« chaste », « noire » évoquant l’austérité religieuse), et le cœur « amoureux » et ardent qui bouillonne en dessous. La couleur noire de cet habit suggère d’ailleurs le secret et le mensonge : c’est un voile sombre qui cache la vérité du personnage.
Quelques détails renforcent la duplicité tranquille du faux dévot. Tartufe avance « heureux, la main gantée » (v.2). L’adjectif « heureux » paraît ironique : il savoure visiblement son double jeu, satisfait de son impunité et de ses plaisirs coupables dissimulés. Quant à sa « main gantée », elle évoque la retenue élégante, voire la prudence rusée de celui qui ne veut pas se salir ni laisser de traces. Les gants, en couvrant la peau, figurent une nouvelle fois la dissimulation : le personnage agit en secret, protégé par des apparences soignées.
Le vers 3 poursuit la description en poussant l’ironie jusqu’à l’oxymore : Tartufe est « effroyablement doux ». Cette association de termes contradictoires souligne à quel point la douceur affichée par l’hypocrite a quelque chose d’effrayant et de monstrueux. Sa fausse sainteté est un masque trompeur qui en devient terrifiant – telle un loup déguisé en agneau dont la bienveillance excessive cacherait des intentions sinistres. Rimbaud accentue le caractère dégénéré de son personnage par des détails physiologiques peu flatteurs : « Jaune, bavant la foi de sa bouche édentée » (v.4). Sous la douceur de façade transparaît la décadence physique et morale. Le teint « jaune » suggère la maladie ou la corruption, comme si le vice rongeait le faux dévot au point d’altérer sa carnation. Surtout, l’image de « bavant la foi » est d’une puissance satirique crue : Tartufe déborde littéralement de ferveur simulée, au point que la foi qu’il prétend professer lui coule de la bouche en une bave ridicule. Cette bave figure l’hypocrisie qui dégouline de ses prêches, vidant les paroles sacrées de leur substance. La « bouche édentée », quant à elle, achève de rendre le portrait grotesque : édenté, le personnage apparaît vieilli et repoussant, indigne de la sainteté qu’il affecte. Cette description très physique – presque bestiale – de Tartufe le ridiculise et suscite le dégoût.
Ainsi, par une série d’images frappantes et de notations ironiques, Rimbaud campe un Tartufe odieux et risible. Sous le vernis de la dévotion (robe chaste, main gantée, douceur affichée) perce toute la laideur morale du personnage (luxure brûlante, duplicité, décrépitude). Ce violent contraste entre l’apparence et la réalité met en scène le procès de l’hypocrisie : le lecteur perçoit déjà la fausseté de ce « saint homme » de pacotille avant même son châtiment.
Le démasquage violent de Tartufe (deuxième quatrain)
Le deuxième quatrain (vers 5 à 8) marque un tournant narratif : après la peinture statique du faux dévot, voici l’action brutale qui va le confondre. Rimbaud annonce une scène déterminante en reprenant la même formule qu’au vers 3 : « Un jour qu’il s’en allait… ». Cette répétition crée un effet d’attente, comme si le poète préparait une anecdote exemplaire. Tartufe est en plein exercice de sa piété ostensible, allant son chemin en murmurant « Oremus » – mot latin signifiant « prions ». L’insertion de ce terme de liturgie catholique au milieu de la narration ajoute une touche de réalisme moqueur : on imagine le faux saint homme psalmodiant ses prières latines en public pour parfaire son image. Mais cette mise en scène pieuse est brusquement interrompue. Un tiret surgit en plein milieu du vers 5, rompant net le cours paisible de la phrase. C’est une cassure soudaine, qui traduit à la fois grammaticalement et visuellement l’irruption d’un événement imprévu.
L’agent de ce bouleversement apparaît alors de manière fracassante : « – un Méchant » (v.5). Le substantif, placé en fin de vers, désigne le nouveau sujet qui prend les choses en main. Le choix du mot « Méchant » est teinté d’ironie. Habituellement, ce terme évoque un personnage malfaisant dans les contes moraux ; ici, celui qui commet l’agression est ainsi qualifié, peut-être du point de vue de Tartufe lui-même ou de la bien-pensance. Mais aux yeux du lecteur et du narrateur, ce justicier anonyme n’a rien d’un monstre : c’est au contraire l’instrument de la vérité, celui qui ose châtier l’hypocrite. Rimbaud renverse donc les rôles traditionnels : le prétendu homme de Dieu devient la victime, et c’est « un Méchant » qui accomplit une œuvre de justice en le démasquant.
La violence de cette confrontation est soulignée par de nombreux indices. Le vers 6 indique que le mystérieux vengeur « le prit rudement par son oreille benoîte ». La brutalité de l’acte transparaît dans l’adverbe « rudement » et l’image même de l’oreille tirée, geste punitif qu’on applique d’ordinaire aux enfants pris en faute. Tartufe est traité sans ménagement, comme un garnement dont on expose le mensonge. L’adjectif « benoîte », qui signifie « saintement douce » ou empreinte de béatitude, est employé de façon sarcastique pour qualifier l’oreille du dévot : cette oreille habituée aux confessions et aux cantiques se voit soudain malmenée. Le contraste est risible : l’oreille pieuse de Tartufe est traînée sans cérémonie, image même de la fausse sainteté qu’on extirpe de sa bulle sacrée.
Le justicier ne se contente pas de malmener Tartufe physiquement : « il lui jeta des mots affreux » (v.7). Le poème ne précise pas ces paroles, mais on peut imaginer des insultes ou, mieux, des vérités cinglantes qui viennent percer à jour la duplicité du faux dévot. La rudesse du verbe « jeta » (au passé simple) suggère des mots lancés comme des projectiles, qui frappent Tartufe de plein fouet.
Surtout, l’action culmine avec le geste du dévoilement : « en arrachant / Sa chaste robe noire autour de sa peau moite ! » (v.7-8). Cet enjambement qui relie les vers 7 et 8 met en scène le dépouillement spectaculaire du personnage. On notera que Rimbaud répète ici mot pour mot l’expression « sa chaste robe noire » déjà lue au vers 2. Mais cette fois, l’habit ecclésiastique n’est plus qu’un déguisement qu’on arrache férocement. La sainteté feinte vole en éclats : le symbole de pureté est littéralement mis en pièces, dévoilé pour ce qu’il est – un simple tissu couvrant la turpitude. Le verbe « arrachant » exprime bien la force du châtiment : c’est un geste sans aucune délicatesse, qui ne laisse aucune chance au coupable de dissimuler ce qui va être révélé.
La fin du vers 8, avec l’image de la « peau moite » de Tartufe, achève de ridiculiser et de confondre ce dernier. En déchirant son habit, l’agresseur met à nu la chair faible et honteuse du faux dévot. Le qualificatif « moite » (humide de sueur) peut s’interpréter de deux façons complémentaires : il évoque à la fois la transpiration de peur du coupable pris sur le fait et la moiteur liée à ses ardeurs secrètes. Dans les deux cas, cette moiteur corporelle contraste avec la prétendue austérité du personnage. Elle est le signe tangible de son humanité pécheresse, de son trouble, là où il affichait jusqu’alors une maîtrise et une pureté de façade. Le lecteur, tout comme Rimbaud, assiste triomphalement à la révélation du véritable Tartufe : un homme en sueur et en panique, bien loin de l’image sacrée qu’il projetait.
Le châtiment et la mise à nu de l’hypocrite dans les tercets
La chute de Tartufe s’accomplit pleinement dans les deux tercets (vers 9 à 14), où Rimbaud dépeint sans pitié le châtiment du faux dévot. Le premier tercet (v. 9-11) montre un Tartufe en pleine déchéance, à la fois physiquement défait et intérieurement dévoilé. Le vers 9 s’ouvre sur l’exclamation triomphale « Châtiment !… ». Ce mot lancé comme un cri signale la jubilation du narrateur : enfin la punition tant méritée s’abat sur l’hypocrite. Après la violence du démasquage vient l’heure de la honte. Rimbaud décrit d’abord l’état pitoyable du personnage : « Ses habits étaient déboutonnés » (v.9). Les vêtements auparavant boutonnés jusqu’au cou, garants de sa décence apparente, pendent désormais ouverts. Tartufe, à demi-dévêtu, a perdu la superbe qu’il affichait ; son maintien soigné a fait place à un aspect piteux. Cette image de l’habit défait symbolise évidemment la mise à nu de l’hypocrite : les secrets ne sont plus tenus, tout est ouvert et visible, à commencer par son corps.
C’est alors que Rimbaud introduit une métaphore retentissante pour évoquer le dévoilement moral du personnage : « Et le long chapelet des péchés pardonnés / S’égrenant dans son cœur… » (v.10-11). L’image du « chapelet » (le rosaire aux multiples grains que l’on égrène en récitant des prières) est détournée de manière ironique. Au lieu d’énumérer des Ave ou des Pater, ce sont les « péchés pardonnés » de Tartufe qui défilent dans son cœur. Cette expression suggère que le faux dévot traîne derrière lui une longue liste de fautes dont il s’est fait absoudre sans scrupule. Chaque péché pardonné était pour lui l’occasion de maintenir son vernis de sainteté, mais voilà que ces fautes refont surface dans son for intérieur. Le verbe « s’égrenant » intensifie l’image : on imagine les péchés tomber un à un, comme les grains d’un chapelet qu’on laisse filer entre ses doigts. La structure du vers renforce cette idée de succession : la proposition est suspendue, comme si les péchés se déroulaient progressivement au grand jour du cœur.
On assiste ainsi à une sorte de confession involontaire. Dépossédé de son habit, Tartufe voit son intériorité exposée : ses transgressions, longtemps dissimulées et effacées par des pardons faciles, apparaissent désormais au grand jour. Ce phénomène est souligné par la réaction du personnage : « Saint Tartufe était pâle !… » (v.11). L’ironie mordante de Rimbaud transparaît dans l’emploi de « Saint » – un titre honorifique évidemment moqueur, à l’instant précis où Tartufe n’a jamais été si loin de la sainteté. Cette antiphrase (Saint Tartufe) ridiculise le personnage déchu. Quant à sa pâleur, elle trahit son effondrement : le sang se retire de son visage sous le coup de la honte et de la peur. Ce teint blafard succède au teint « jaune » du début, signe que toute arrogance ou feinte assurance a maintenant disparu pour laisser place à la panique du coupable démasqué. Tartufe est acculé, terrorisé par le spectacle de ses propres péchés qu’il ne peut plus nier.
Le dernier tercet (v. 12-14) achève le châtiment de Tartufe en décrivant l’ultime attitude du coupable et l’issue de la scène. « Donc, il se confessait, priait, avec un râle ! » (v.12). Le connecteur « Donc » indique que, sans surprise, Tartufe en vient à faire ce qu’il aurait dû faire sincèrement depuis longtemps : il se met à prier et à avouer tous ses torts. Sauf que cette confession n’a rien de glorieux ni de librement consentie – elle est arrachée par la terreur. Le détail « avec un râle » montre à quel point le personnage est en détresse : le voilà qui prie dans un souffle rauque, proche de l’évanouissement ou de l’agonie. Ce « râle » confère à la scène une tonalité quasi tragique (Tartufe gémit comme s’il rendait l’âme) tout en confirmant que son repentir n’est motivé que par l’affolement. Il n’y a là aucune noblesse, juste l’instinct de survie d’un homme aux abois.
Face à cela, l’agresseur n’éprouve même pas le besoin d’ajouter davantage de violence. « L’homme se contenta d’emporter ses rabats… » (v.13). Le texte ne le nomme plus « le Méchant », mais « l’homme », signe que le point de vue n’est plus teinté de l’ironie de Tartufe. Ce justicier accomplit alors son acte final : il « emporte ses rabats », c’est-à-dire qu’il s’en va en emportant avec lui la bande de tissu blanche que les ecclésiastiques portent autour du cou. Ce détail vestimentaire, les rabats, est le dernier vestige de l’apparence cléricale de Tartufe. En s’en emparant, le vengeur achève de destituer le faux dévot de son statut : Tartufe est littéralement dépouillé de tout attribut de l’homme d’Église. Le verbe « se contenta » souligne par ailleurs que cela suffit amplement : nul besoin de le frapper davantage ou de le tuer, la vraie punition est là, dans l’abaissement et la dérision.
Le poème se conclut sur une image aussi comique que symboliquement forte : « – Peuh ! Tartufe était nu du haut jusques en bas ! » (v.14). L’interjection « Peuh ! » en tête de vers claque comme un soupir de dégoût ou un crachat de mépris. Rimbaud, par le truchement du narrateur, exprime son profond mépris pour le faux saint désormais à nu. L’allitération en [u] de « Peuh » et « nu » renforce cet effet de crachement, comme un son de répulsion. Quant à Tartufe, il apparaît complètement nu, « du haut jusques en bas », c’est-à-dire des pieds à la tête. Cette nudité totale est à comprendre à double sens. Littéralement, le personnage humilié ne porte plus un seul vêtement : il est exposé dans son plus simple appareil, ce qui constitue pour un religieux une indécence et une humiliation absolues. Allégoriquement, cette nudité renvoie à la vérité mise à nu : plus rien ne voile la véritable nature du faux dévot. Démasqué et dépouillé, il ne peut plus tromper personne sur son compte.
On notera également la tonalité railleuse du narrateur dans ce dernier vers. Après « Châtiment ! », voici « Peuh ! » : deux exclamations brèves qui encadrent la punition et en soulignent l’esprit sarcastique. Le narrateur savoure manifestement la déconfiture de Tartufe. En laissant le lecteur sur cette scène finale frappante, Rimbaud insiste sur la portée satirique et morale de son poème : la religion hypocrite est ridiculisée, et une justice immanente (fût-elle expéditive et violente) triomphe. Le faux dévot a perdu toute dignité et se retrouve objet de dérision.
Conclusion
« Le Châtiment de Tartufe » est une attaque frontale et acerbe contre l’hypocrisie religieuse incarnée par un faux dévot, dans laquelle Rimbaud allie la rigueur formelle du sonnet en alexandrins à une verve satirique cinglante. Il met en scène une véritable comédie tragique : celle d’un Tartufe grotesque, d’abord paré des oripeaux de la sainteté, puis impitoyablement démasqué et humilié.
Dans les quatrains, le poète brosse un portrait caricatural du faux dévot, multipliant les images frappantes et les effets ironiques pour mettre en évidence le contraste entre l’austérité affichée et la corruption intérieure du personnage. Le tournant survient lorsque le justicier anonyme fait tomber le masque de Tartufe en arrachant violemment sa robe.
Les tercets marquent l’aboutissement du châtiment moral : l’hypocrite dépouillé de son habit sacré voit rejaillir tous ses péchés et finit totalement nu – une image saisissante de la vérité dévoilée, soulignée par l’exultation du narrateur (« Peuh ! »).
Plus de deux siècles après Molière, Rimbaud ne se contente pas de dénoncer l’hypocrisie : il la châtie avec une férocité malicieuse propre à son jeune âge. En alliant la rigueur formelle héritée de la tradition et une audace irrévérencieuse, « Le Châtiment de Tartufe » offre une fable satirique mémorable où le vice démasqué est renvoyé à sa honte nue. Ce poème des Cahiers de Douai illustre de façon éclatante la révolte rimbaldienne contre les faux-semblants, et délivre un message toujours percutant sur la mise à nu nécessaire de la vérité.

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