🟥 Saviez-vous que Mikhaïl Boulgakov, l’auteur du célèbre roman Le Maître et Marguerite, était également médecin ?
Né le 15 mai 1891 à Kiev, Mikhaïl Afanassievitch Boulgakov grandit dans une famille d’intellectuels russes. En 1909, il intègre la faculté de médecine de l’université de Kiev, où il se distingue par son sérieux et sa passion pour l’apprentissage. Diplômé en 1916, en pleine Première Guerre mondiale, il est rapidement mobilisé et envoyé comme médecin de campagne dans des zones rurales reculées de la province de Smolensk. Cette période, marquée par des conditions de travail éprouvantes et un isolement profond, laisse une empreinte indélébile sur sa vie et sa carrière.
Les défis auxquels Boulgakov est confronté en tant que jeune médecin sont nombreux. Isolé dans un hôpital rural, il doit faire face à des situations médicales complexes avec des ressources limitées. Ses premiers patients sont des paysans souvent méfiants, peu éduqués, et les maladies qu’il rencontre, telles que la syphilis, sont exacerbées par l’ignorance et le manque d’hygiène. Ces expériences nourrissent sa réflexion sur la condition humaine et la société russe de l’époque.
En 1917, alors que la révolution russe bouleverse le pays, Boulgakov est témoin des ravages de la guerre civile. Ses responsabilités médicales l’amènent à traiter des blessés des deux camps, renforçant sa vision critique des conflits idéologiques. C’est également durant cette période qu’il contracte une allergie sévère à un sérum anti-diphtérique, qu’il tente de soulager par l’utilisation de morphine. Cette auto-médication conduit à une dépendance dont il réussira à se défaire, mais qui lui inspirera plus tard la nouvelle Morphine, explorant les affres de l’addiction.
En 1920, Boulgakov décide d’abandonner la médecine pour se consacrer entièrement à l’écriture. Il s’installe à Moscou, où il commence à publier des récits inspirés de ses expériences médicales. Parmi eux, le recueil Récits d’un jeune médecin offre une série de nouvelles dépeignant avec réalisme et une pointe d’humour les défis quotidiens d’un jeune médecin dans la Russie rurale. Ces récits mettent en lumière son sens aigu de l’observation, sa capacité à décrire les absurdités bureaucratiques et les superstitions locales, tout en reflétant ses propres doutes et angoisses face à la pratique médicale.
L’expérience médicale de Boulgakov ne se limite pas à ces récits. Son roman Cœur de chien, écrit en 1925, est une satire mordante de la société soviétique, où un chirurgien transforme un chien en être humain, soulevant des questions éthiques sur la science et la nature humaine. De même, dans Le Maître et Marguerite, bien que le thème médical soit moins central, son approche analytique et sa compréhension profonde de la psychologie humaine transparaissent, témoignant de l’influence durable de sa formation médicale sur son écriture.
Ainsi, la carrière médicale de Mikhaïl Boulgakov a non seulement façonné sa vision du monde, mais a également enrichi sa production littéraire, lui permettant de créer des œuvres d’une profondeur remarquable.

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