🟥 Saviez-vous que Les Trois Mousquetaires a été rédigé dans des circonstances particulièrement pressantes ?
Alexandre Dumas, auteur prolifique du XIXᵉ siècle, était réputé pour son imagination débordante et sa capacité à produire des œuvres monumentales. Cependant, derrière cette façade de succès littéraire se cachait une réalité financière tumultueuse. Dumas menait un train de vie fastueux, accumulant les dépenses somptuaires et les dettes conséquentes. Pour satisfaire ses créanciers et maintenir son style de vie, il se voyait contraint de produire rapidement des œuvres susceptibles de rencontrer un succès commercial immédiat.
C’est dans ce contexte qu’intervient Auguste Maquet, écrivain et historien de formation, qui devint le principal collaborateur de Dumas. Leur partenariat débuta en 1839, lorsque Maquet soumit à Dumas un manuscrit intitulé Le Bonhomme Buvat, que Dumas remania et publia sous le titre Le Chevalier d’Harmental, rencontrant un succès notable. Cette collaboration se renforça avec le temps, Maquet apportant des bases historiques solides et des ébauches de scénarios, tandis que Dumas insufflait son style flamboyant et ses dialogues vivants. Ensemble, ils produisirent des œuvres majeures telles que Le Comte de Monte-Cristo et La Reine Margot.

En 1844, Maquet proposa à Dumas une ébauche inspirée des Mémoires de Monsieur d’Artagnan de Gatien de Courtilz de Sandras. Reconnaissant le potentiel de cette histoire, Dumas s’attela à sa rédaction avec une énergie remarquable. La pression financière et les délais imposés par la publication en feuilleton dans le journal Le Siècle l’incitèrent à adopter un rythme d’écriture effréné. Il est rapporté que Dumas pouvait écrire jusqu’à quatorze heures par jour, dictant parfois à plusieurs secrétaires pour accélérer le processus. Cette cadence intense permit la publication du roman en feuilleton de mars à juillet 1844, captivant immédiatement les lecteurs par ses rebondissements et ses personnages charismatiques.
Cependant, cette collaboration fructueuse fut entachée par des tensions liées à la reconnaissance du travail de Maquet. Bien que son apport fût essentiel, son nom n’apparaissait pas aux côtés de celui de Dumas sur les publications, ce qui engendra des frustrations et des différends juridiques. Maquet intenta plusieurs procès pour obtenir la reconnaissance de sa co-paternité et une part des droits d’auteur. En 1857, la justice lui accorda 25 % des droits, tout en le considérant comme un simple créancier, sans reconnaissance officielle de sa qualité d’auteur. Malgré ces conflits, Maquet poursuivit sa carrière littéraire, publiant des œuvres sous son propre nom et obtenant une certaine reconnaissance, notamment en étant promu Chevalier de la Légion d’Honneur en 1861.

La genèse des Trois Mousquetaires illustre ainsi comment l’urgence financière et la collaboration entre deux esprits brillants ont donné naissance à un chef-d’œuvre intemporel. Ce roman, fruit d’une course contre la montre et d’une synergie créative, demeure une pierre angulaire de la littérature mondiale, démontrant que les contraintes peuvent parfois engendrer des œuvres d’une envergure exceptionnelle.

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