🟥 Saviez-vous que l’un des romans les plus emblématiques de la littérature est né d’un défi littéraire lancé lors d’un été cauchemardesque ?
En 1816, un phénomène météorologique exceptionnel, causé par l’éruption cataclysmique du volcan Tambora en Indonésie, plongea l’Europe dans un « été sans été ». Les températures anormalement froides et le mauvais temps persistent, contraignant de nombreuses personnes à rester cloîtrées chez elles. C’est dans ce contexte si particulier que Mary Godwin, future Mary Shelley, alors âgée de seulement 18 ans, se retrouva à la Villa Diodati, une somptueuse demeure située près du lac Léman en Suisse. Elle y séjourne avec son compagnon Percy Bysshe Shelley, le célèbre poète romantique, ainsi que Lord Byron, Claire Clairmont et le médecin John Polidori.
Les longues journées pluvieuses invitent le groupe à discuter de sujets aussi variés qu’intéressants : la philosophie, la poésie et surtout les récentes découvertes scientifiques, notamment les expériences de Luigi Galvani sur la « réanimation » de tissus morts à l’aide de l’électricité. Ces conversations, empreintes de mystère et de curiosité, nourrissent leur imagination. Pour échapper à l’ennui, Lord Byron propose un défi littéraire : chacun doit écrire une histoire effrayante, capable de terrifier le groupe.
Malgré l’enthousiasme général, Mary peine d’abord à trouver une idée à la hauteur de ses attentes. Cependant, une nuit, après avoir écouté des discussions sur les limites de la science et la possibilité de donner vie à l’inanimé, elle fait un rêve saisissant. Dans ce songe, elle voit un jeune scientifique, Victor Frankenstein, donner vie à une créature assemblée à partir de morceaux de cadavres, avant d’être horrifié par sa propre création. Ce rêve, d’une puissance visuelle et émotionnelle rare, devient la graine d’où germera son roman.
Mary se met alors à écrire frénétiquement. Sa vision ne se limite pas à une simple histoire d’horreur ; elle explore des thèmes complexes tels que les dangers de la quête effrénée de connaissance, la responsabilité du créateur envers sa création et l’isolement. Publié anonymement en 1818, sous le titre Frankenstein ou le Prométhée moderne, le roman ne tarde pas à captiver le public. Contrairement à ce que l’on croit parfois, ce n’est pas un simple récit gothique. C’est aussi une réflexion profonde sur la condition humaine, la solitude, et les limites de la science.
Le succès de Frankenstein est d’autant plus remarquable qu’il est écrit à une époque où les femmes sont rarement reconnues comme des auteurs sérieux. Pourtant, Mary Shelley, avec sa plume visionnaire, marquera l’histoire littéraire à jamais. Aujourd’hui encore, son œuvre inspire non seulement la littérature, mais aussi le cinéma, la philosophie et même la science.
Ainsi, ce qui aurait pu rester une soirée d’amusement entre amis dans une villa isolée est devenu l’un des chefs-d’œuvre les plus durables et influents de la littérature mondiale. Comme quoi, même les circonstances les plus sombres peuvent engendrer des créations lumineuses.
LES PETITES ANALYSES 
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