1. Rôle de la chevalerie
  2. L’amour courtois
  3. Notions d’honneur et de transgression morale ou sociale
  4. Structure du récit
  5. Dimension symbolique
  6. Les personnages principaux
  7. 📕 Le résumé du livre

Au tournant des années 1170-1180, l’Europe médiévale voit s’épanouir une nouvelle littérature en langue vernaculaire, reflet de l’essor des cours princières et de la culture chevaleresque. Chrétien de Troyes s’inscrit dans ce mouvement littéraire : délaissant le latin des clercs, il compose en ancien français des « romans » en vers, destinés à un public courtois avide d’histoires d’aventure et d’amour. Le Chevalier de la charrette naît ainsi dans le contexte florissant des cours seigneuriales du Nord de la France à la fin du XIIe siècle. Plus précisément, l’œuvre est écrite à la cour de Marie de Champagne, une princesse lettrée réputée pour encourager les arts et la poésie courtoise. Fille d’Aliénor d’Aquitaine, grande mécène de la littérature d’amour, Marie impulse à Chrétien le sujet même du roman, centré sur un amour adultère et chevaleresque. Dans le prologue, l’auteur souligne explicitement cette commande aristocratique : « la matière et le sens lui sont donnés par la comtesse ». Chrétien se présente presque comme un vassal obéissant aux désirs de sa dame, en l’occurrence la comtesse, un écho ironique à la relation de Lancelot envers Guenièvre.

La fin du XIIe siècle est aussi l’époque où la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde connaît une popularité grandissante en Europe. Depuis la chronique de Geoffroy de Monmouth et son adaptation française par Wace, les histoires arthuriennes alimentent l’imaginaire des troubadours et trouvères. Chrétien de Troyes, avec des romans tels que Érec et Énide, Yvain ou le Chevalier au lion ou Perceval, enrichit cette matière de Bretagne de nouvelles quêtes empreintes de merveilleux et de subtilités psychologiques. Le Chevalier de la charrette s’inscrit dans ce vaste cycle légendaire, mais innove en introduisant pour la première fois Lancelot comme protagoniste et amant de la reine. Le choix d’exalter l’amour extraconjugal de Lancelot et Guenièvre n’est pas anodin dans le contexte courtois du XIIe siècle : il reflète l’idéologie de « l’amour courtois » prisée dans les milieux aristocratiques. À la cour de Champagne, on débat volontiers des lois de l’amour et l’on admire les exploits chevaleresques accomplis au nom d’une dame. Ce climat intellectuel et mondain permet à Chrétien de Troyes de traiter, sous couvert de fiction arthurienne, des thèmes audacieux pour l’époque, tels que la passion adultère ou le conflit entre amour et devoir, sans encourir la réprobation, car le récit demeure un divertissement raffiné destiné à une élite cultivée.

Le roi Arthur et les chevaliers de la table ronde

Le Chevalier de la charrette est le fruit d’un contexte historique précis : celui d’une société féodale où la classe noble cherche dans la littérature miroir ses propres idéaux. Le roman reflète l’esprit du temps en magnifiant la chevalerie et la courtoisie, tout en étant soutenu par une mécène de haut rang qui oriente son contenu. Par son inscription dans le dernier quart du XIIe siècle, l’œuvre est à la croisée de traditions celtiques plus anciennes et de l’esthétique nouvelle de la fin’amor médiévale. Comprendre ce contexte – la culture courtoise champenoise, l’essor des romans arthuriens et la codification des valeurs chevaleresques – éclaire la portée novatrice de l’histoire de Lancelot et de la reine Guenièvre telle que Chrétien la raconte.


Rôle de la chevalerie

Dans Le Chevalier de la charrette, l’idéal chevaleresque imprègne chaque page du récit. La chevalerie médiévale repose sur un ensemble de valeurs codifiées : bravoure au combat, loyauté envers son seigneur, protection des faibles, sens de l’honneur et courtoisie, que Chrétien de Troyes met en scène à travers ses personnages. Lancelot incarne le chevalier accompli par son courage et sa force extraordinaires : dès qu’il se lance à la poursuite de Méléagant pour sauver la reine, il affronte sans hésiter des adversaires supérieurs en nombre et multiplie les exploits. Par exemple, seul contre une centaine d’assaillants, il « frappe à dextre et à senestre » avec une ardeur telle que « huit hommes n’auraient pu faire plus ». La prouesse martiale de Lancelot, indissociable de sa motivation amoureuse, fait de lui un héros d’exception admiré de tous. Son nom n’est pourtant révélé qu’à la fin, car au début il n’est identifié que comme « le chevalier de la charrette » : ce choix narratif souligne que sa véritable noblesse se manifeste d’abord par ses actes chevaleresques plutôt que par son titre.

Le roman exalte ainsi la vaillance et l’esprit de sacrifice attendus d’un chevalier. Relever les défis les plus périlleux est pour Lancelot une seconde nature, qu’il s’agisse de livrer un duel, de traverser un pont tranchant comme une épée ou de braver des enchantements. Cette intrépidité exemplaire le place au premier rang des chevaliers du roi Arthur. D’ailleurs, des personnages comme le roi Baudemagu, malgré leur camp opposé, reconnaissent les mérites de Lancelot : Baudemagu se comporte en monarque courtois et fair-play, interrompant un combat lorsque son fils Méléagant est sur le point d’être vaincu, afin de ne pas léser un chevalier aussi valeureux que Lancelot par une mort expéditive. De même, à la cour d’Arthur, tous comprennent que nul n’égale Lancelot en prouesse : Kay le sénéchal, blessé après son échec face à Méléagant, salue avec humilité celui qui a réussi là où lui a failli, en l’appelant « le sire des chevaliers ». La camaraderie et le respect mutuel entre chevaliers traversent le récit : même s’ils sont parfois rivaux, les preux se doivent entraide et estime lorsque l’honneur de la chevalerie est en jeu.

Représentation de Chrétien de Troyes

Parallèlement, Chrétien de Troyes évoque les règles de conduite chevaleresques et leur poids dans la société féodale. L’épisode de la charrette, qui donne son titre au roman, illustre l’infamie attachée à la perte de l’honneur chez un chevalier : en temps normal, accepter de monter sur la charrette des criminels constitue une faute impensable pour un homme d’armes. Gauvain, parangon de la chevalerie classique, refuse catégoriquement cette honte en déclarant qu’il ne sera « Jamais je ne serai charretier ». Ce faisant, il se conforme aux codes établis, selon lesquels la dignité d’un chevalier compte plus que sa vie. De son côté, Lancelot n’ignore rien de cet interdit social : sa brève hésitation avant de monter montre son attachement initial aux valeurs d’honneur. Cependant, il les transgresse par amour, ce qui crée une tension inédite entre deux impératifs – le code chevaleresque et la passion courtoise. Ce conflit interne, nous y reviendrons, est au cœur de l’originalité du roman. Il n’en demeure pas moins que Lancelot, en acceptant l’humiliation pour une cause supérieure (sauver sa dame), accomplit à sa manière l’idéal chevaleresque de sacrifice et de dévouement.

Enfin, la chevalerie dans le roman se manifeste aussi par la courtoisie et la loyauté, dimensions essentielles du code. Lancelot, tout héroïque qu’il soit, reste humble et respectueux dans ses interactions : il s’adresse poliment même au nain qui le conduit, il honore ses engagements (par exemple en se soumettant au délai d’un an avant la revanche contre Méléagant, conformément aux conditions fixées). Sa loyauté, bien que détournée au profit de la reine plutôt que du roi, est absolue et rappelle le serment vassalique, transposé ici dans le registre de l’amour. À travers ce personnage, Chrétien de Troyes montre un chevalier prêt à tout pour tenir parole et protéger celle qu’il sert, fût-ce au mépris des conventions. En somme, Le Chevalier de la charrette propose une vision exaltée de la chevalerie, où la bravoure spectaculaire le dispute à un sens aigu de l’honneur et du service. Même si l’amour vient parfois bousculer les priorités chevaleresques, le roman demeure ancré dans l’admiration des codes d’honneur, de courage et de fidélité propres au monde arthurien.


L’amour courtois

L’amour courtois, ou fin’amor, est le cœur même du roman, orientant la psychologie des héros et le déroulement de l’intrigue. Dans la vision courtoise héritée des troubadours, aimer est une allégeance absolue qui ennoblit celui qui aime, au prix de grandes souffrances et de sacrifices. Chrétien de Troyes illustre parfaitement cet idéal en faisant de Lancelot un « amant-serviteur » totalement dévoué à sa dame. Lancelot n’agit que par et pour l’amour de Guenièvre : cette passion le transporte, le rend invincible et vulnérable à la fois. Invincible, car l’énergie que lui confère son désir lui permet de triompher d’épreuves surhumaines ; vulnérable, car le même amour le plonge dans un état de dépendance extrême vis-à-vis de la reine. Le héros vit chaque séparation, chaque obstacle, comme un supplice. Ainsi, lorsqu’il franchit le redoutable pont de l’Épée, le chevalier est grièvement blessé, mais il accepte la douleur avec exaltation, « songeant qu’à celui qu’Amour mène, souffrir lui est doux ». Cette phrase explicite le paradoxe de l’amour courtois : la souffrance endurée pour la bien-aimée est ressentie comme un plaisir supérieur, presque mystique.

Au fil du récit, l’emprise de l’amour sur Lancelot est décrite avec une intensité remarquable. Chrétien montre le chevalier littéralement possédé par sa passion au point d’en oublier le monde autour de lui. Le motif du chevalier pensif, qui erre l’esprit absorbé par la pensée de l’être aimé, parcourt le roman. Des épisodes significatifs jalonnent cette fascination amoureuse : lorsque Lancelot trouve un peigne décoré d’or abandonné sur son chemin, il découvre qu’il s’agit du peigne de Guenièvre portant quelques-uns de ses cheveux. Le chevalier en perd presque connaissance tant l’émotion l’étreint. Il s’empare de cet objet avec ferveur et il les adore, et le récit précise qu’« il en est heureux, il en est riche, il les cache sur son cœur ». Ces reliques d’amour deviennent pour lui un trésor précieux qu’il embrasse et serre contre sa poitrine comme un saint sacrement. De même, à la simple vue de la reine dans le lointain, Lancelot manque de se jeter d’une fenêtre pour la rejoindre, oubliant tout instinct de survie. L’amour le tient en son pouvoir, le faisant tour à tour défaillir, rêver ou accomplir des actes insensés.

Le personnage de Guenièvre, dans ce cadre courtois, joue le rôle de la dame souveraine dont les volontés et les caprices gouvernent le sort de son amant. La reine, bien que captive pendant une partie du récit, conserve une forme de maîtrise dans la relation amoureuse : c’est elle qui dicte à Lancelot son attitude par ses réactions. Son fameux accueil glacial après la libération illustre l’exigence absolue de la dame courtoise : Guenièvre reproche à Lancelot les deux pas d’hésitation avant de monter dans la charrette, estimant que son amour aurait dû l’emporter instantanément sur toute considération d’honneur. Lancelot, anéanti par le chagrin, expie cette « faute » en redoublant d’exploits pour prouver son dévouement sans faille. Ce n’est qu’après avoir frôlé la mort pour elle (notamment sur le pont de l’Épée) et après avoir failli désespérer qu’il regagne enfin les bonnes grâces de sa bien-aimée. La réconciliation des amants, orchestrée par le roi Baudemagu qui favorise leur entrevue, donne lieu à l’une des scènes les plus emblématiques de l’amour courtois accompli : l’union charnelle secrète des deux héros. Chrétien narre avec pudeur mais exaltation cette nuit d’amour volée : les retrouvailles de Lancelot et Guenièvre sont empreintes d’une joie intense. Le narrateur souligne que « jamais le pareil ne fut éprouvé par personne », signe de cet accomplissement quasi spirituel de leur désir. Lancelot et la reine goûtent enfin le fruit de leur passion dans le silence nocturne, tandis que le reste du monde ignore cet instant parfait.

Illustration du fin’amor (l’amour courtois) dans le roman Lancelot ou le chevalier de la charrette

Cependant, conformément à l’esthétique courtoise, ce bonheur demeure fragile et sans lendemain. Les amants doivent se séparer avant l’aube pour ne pas être découverts, et la douleur de la séparation fait immédiatement suite à l’extase partagée. Chrétien insiste sur le déchirement intérieur de Lancelot au moment de quitter la reine : « ce fut un grand martyre pour lui : son corps partait, son âme demeura ». Cette hyperbole traduit l’idée que le véritable amour engage l’âme plus encore que le corps, et que la distance d’avec l’être aimé équivaut à une forme de mort intérieure. Ainsi, Le Chevalier de la charrette illustre toutes les facettes de l’amour courtois : à la fois source de la plus haute exaltation et cause des tourments les plus cruels. Lancelot apparaît comme l’amant par excellence, sublimé par sa fidélité passionnée, et le roman célèbre dans sa relation avec Guenièvre une forme d’idéal amoureux absolu, quoique en porte-à-faux avec la morale et les lois humaines.


Notions d’honneur et de transgression morale ou sociale

La quête de Lancelot met en lumière un choc entre l’honneur chevaleresque traditionnel et les exigences de l’amour courtois, générant des transgressions inédites dans le cadre arthurien. Le symbole majeur en est la fameuse charrette de l’infamie. En acceptant de monter sur ce véhicule réservé aux criminels, Lancelot commet un acte socialement scandaleux pour un chevalier. Comme le précise le narrateur, « nul chevalier n’y pouvait entrer sans perdre tout honneur ». Aux yeux de la société féodale, un tel geste le déchoit de son rang : sur le chemin, le héros essuie les quolibets et le mépris des gens du peuple, qui le prennent pour un forçat promené au pilori. Cette humiliation publique constitue une transgression des codes de l’honneur nobiliaire, dont Lancelot porte brièvement la honte. Le héros la ressent d’ailleurs intimement : sa réticence initiale à monter démontre qu’il mesure l’indignité de l’acte. Pourtant, ce même acte prend un sens opposé dans la logique de l’amour courtois, où il devient un sacrifice méritoire. La perte d’honneur conventionnel se mue en preuve de fidélité amoureuse. Lancelot renverse ainsi les valeurs établies : il choisit délibérément le déshonneur terrestre pour rester fidèle à son idéal supérieur (retrouver et servir sa dame). Le roman insiste sur ce paradoxe, créant un malaise fertile en enjeux dramatiques : le lecteur médiéval assiste à la volte-face d’un code qu’il respecte d’ordinaire, ici bravé au nom d’une autre loi tout aussi impérieuse, celle de l’amour.

L’autre grande transgression au cœur du récit est d’ordre moral : il s’agit de l’adultère entre Lancelot et Guenièvre. Aux yeux de l’Église et de l’éthique chrétienne médiévale, la relation du chevalier avec la femme de son suzerain constitue un péché grave et une trahison. Néanmoins, dans le cadre romanesque courtois, cet amour interdit est présenté comme légitime et même sublime. Chrétien de Troyes ne porte aucun jugement moral explicite sur la liaison des deux amants, traitée comme un sentiment noble et irrésistible. Arthur, le mari trompé, reste en retrait et semble ignorer tout de cette infidélité, ce qui évite de confronter directement l’adultère aux sanctions habituelles. Le récit prend soin de préserver l’honneur apparent de la reine : Guenièvre demeure digne, et son dévouement discret à Lancelot n’entache pas son statut public. Par exemple, elle oppose un refus catégorique aux avances de Méléagant, sauvegardant son honneur conjugal face à ce faux-prétendant. La seule entorse qu’elle commet est dictée par l’amour et non par la faiblesse : le message implicite est que l’amour véritable, même adultère, dépasse en valeur les contraintes de la loi humaine. Pour le public courtois de l’époque, l’idéalisation de l’amour excuse en partie la transgression morale qu’il représente.

Il n’en demeure pas moins que cette transgression est lourde de sens. En filigrane, Le Chevalier de la charrette pose la question de la hiérarchie des loyautés : Lancelot est-il plus coupable de déloyauté envers son roi ou plus admirable de loyauté absolue envers sa dame ? Le roman ne tranche pas explicitement, mais en faisant triompher Lancelot et en comblant finalement les amants de bonheur (fût-il éphémère), Chrétien semble prendre le parti de l’amour. Cette prise de position implicite bouscule l’ordre moral sans le renverser frontalement. Le dénouement voit le coupable Méléagant puni de mort pour ses méfaits, rétablissant l’ordre et la justice, tandis que l’adultère de Lancelot et Guenièvre reste secret et impuni. L’honneur du roi Arthur est sauf en apparence, la reine est sauvée, et Lancelot a prouvé sa valeur. Ainsi, l’équilibre social est préservé de justesse, malgré les entorses majeures commises en coulisses. On peut lire là une forme de compromis narratif : la transgression morale et sociale est à la fois exaltée (sur le plan privé de l’amour) et contenue (sur le plan public de l’ordre établi). Cette ambivalence donne toute sa profondeur au roman, qui oscille entre subversion des normes et conservation d’un certain équilibre éthique. En définitive, l’honneur chevaleresque sort grandi, paradoxalement, de ces épreuves : Lancelot l’a perdu pour mieux le regagner, enrichi d’une dimension spirituelle de sacrifice et d’humilité qui le rapproche d’une figure quasi christique par son acceptation de l’abnégation pour autrui.


Structure du récit

Le roman de Lancelot présente une structure narrative relativement linéaire, rythmée par les épreuves successives du héros, tout en ménageant quelques alternances de point de vue et des éléments de surprise. L’intrigue s’ouvre in medias res à la cour du roi Arthur, sur un événement perturbateur dramatique : l’irruption de Méléagant pendant un jour de fête (l’Ascension) et l’enlèvement de la reine. Ce début inopiné plonge d’emblée le lecteur dans l’action et crée un enjeu clair – la quête pour récupérer Guenièvre – qui va structurer tout le récit. La première partie suit alors la poursuite menée par Lancelot et Gauvain. Ce choix d’envoyer deux chevaliers à la rescousse permet à Chrétien de Troyes de jouer sur la dualité et l’alternance : Lancelot et Gauvain empruntent des voies différentes (littéralement et figurativement) pour atteindre le royaume de Gorre où la reine est retenue. On assiste ainsi à deux itinéraires parallèles : celui de Lancelot, marqué par la fameuse montée dans la charrette puis par une série d’épreuves extraordinaires, et celui de Gauvain, plus conventionnel mais non moins semé d’embûches. Le romancier alterne les focalisations, montrant tantôt les exploits et les tourments de Lancelot, tantôt les progrès de Gauvain de son côté. Par exemple, alors que Lancelot choisit de traverser le périlleux pont de l’Épée, Gauvain opte pour un autre passage (le pont submergé « sous l’Eau ») qui le blesse gravement et l’écarte un temps de la quête. Ce dispositif narratif crée du suspense et de la variété, maintenant l’attention du public en haleine : quand Lancelot est prisonnier ou mis en difficulté, le récit peut temporiser en relatant les tentatives de Gauvain, et vice versa.

La construction du roman suit globalement le schéma classique de la quête chevaleresque : après la mission initiale fixée (sauver la reine enlevée), le héros traverse une série d’épreuves croissantes en difficulté, jusqu’à un affrontement final avec l’antagoniste. Dans Le Chevalier de la charrette, les étapes marquantes sont aisément identifiables : la scène du défi à Camelot, le départ précipité des chevaliers sans leur monture (après la mort du cheval de Lancelot), l’épisode de la charrette infamante, l’hospitalité dans des châteaux où Lancelot affronte des énigmes (tel le lit périlleux qu’il doit occuper sans être précipité au sol), la découverte d’indices (comme le peigne de la reine) renforçant sa détermination, le passage des ponts (épreuves symboliques de dépassement), jusqu’à l’arrivée à la cour du roi Baudemagu. Le récit atteint un premier sommet lors du duel entre Lancelot et Méléagant dans le royaume de Gorre : Lancelot vainc son ennemi, mais le combat est interrompu avant la mise à mort, ce qui relance l’intrigue. En effet, Baudemagu impose une trêve et programme une seconde rencontre un an plus tard à la cour du roi Arthur. Ce délai introduit un rebondissement dans la structure : Lancelot est entre-temps retenu captif dans une tour par la ruse de Méléagant, et le récit connaît une ellipse. Pendant ce temps, d’autres péripéties se déroulent : Gauvain continue de chercher Lancelot, et des intrigues secondaires – comme l’intervention de la fée Morgane, ennemie de Guenièvre, envoyant de fausses nouvelles pour semer le trouble – viennent enrichir le récit. Finalement, la conclusion a lieu à la cour d’Arthur : Lancelot, libéré de sa prison grâce à l’aide de ses compagnons (le rôle de Bohort, son cousin, est parfois évoqué dans certaines versions), arrive juste à temps pour le duel final. Il occit Méléagant en champ clos, rétablissant l’honneur de la reine et parachevant sa quête victorieuse.

Chrétien de Troyes sait donc ménager les effets narratifs pour tenir son auditoire en haleine. Il utilise volontiers le suspense (Lancelot sera-t-il à l’heure pour le combat décisif ? Guenièvre va-t-elle lui pardonner ?), les quiproquos et les reconnaissances tardives. Par exemple, le nom de Lancelot n’est pas révélé immédiatement : dans la première moitié du roman, il reste un chevalier anonyme, identifié seulement par son acte scandaleux (« le chevalier de la charrette »). Ce n’est qu’après ses exploits à Gorre que son identité est confirmée et acclamée à la cour. Ce procédé d’occultation renforce l’aura du héros, en faisant de lui d’abord un symbole (le chevalier infamant prêt à tout par amour) avant de le rattacher à la figure légendaire de Lancelot du Lac bien connue du public. De même, la narration multiplie les changements de rythme, alternant scènes d’action intense, moments de doute introspectif (Lancelot plongé dans ses pensées) et épisodes de cour (dialogues de courtoisie), ce qui donne à l’ensemble une dynamique variée.

Sur le plan stylistique et narratif, Le Chevalier de la charrette témoigne de l’art maîtrisé du conteur médiéval. Écrit en vers octosyllabiques rimés, le récit devait être déclamé ou chanté devant un public, ce qui explique la vivacité des dialogues et des descriptions imagées. Chrétien de Troyes n’hésite pas à intervenir en tant que narrateur, que ce soit pour faire des commentaires humoristiques (comme au prologue où il feint de ne pas vouloir flatter la comtesse) ou pour souligner la portée d’un événement. Il insère aussi des motifs courtois bien connus de son auditoire (par exemple la figure du chevalier amoureux transi ou la présence de la fée Morgane, ennemie traditionnelle de la cour d’Arthur). Enfin, il convient de noter une particularité de la structure de ce roman : Chrétien de Troyes ne l’a pas achevé lui-même. Les manuscrits indiquent qu’il a laissé à un clerc nommé Godefroi de Leigni le soin de « parfaire » la fin de l’histoire. Ce relais d’écriture, tout en respectant l’esprit du récit, peut expliquer certaines digressions ou développements dans la dernière partie (tels que l’épisode des fausses lettres et la folie passagère de Lancelot dans certaines versions). Quoi qu’il en soit, la structure générale du conte demeure cohérente et puissamment évocatrice, offrant un équilibre réussi entre l’aventure épique, la dramaturgie amoureuse et la réflexion sur les valeurs.


Dimension symbolique

Au-delà de l’aventure courtoise, Le Chevalier de la charrette déploie une riche symbolique qui confère au récit une portée quasi spirituelle. De nombreux éléments du roman peuvent se lire à double niveau, réaliste et allégorique, comme s’il s’agissait d’une quête intérieure autant que d’une épopée chevaleresque. Lancelot, par exemple, traverse des épreuves dont la signification dépasse le simple exploit physique. En montant sur la charrette de l’infamie, il effectue une sorte d’abaissement de soi rappelant l’humilité prônée par la morale chrétienne : le chevalier orgueilleux accepte de s’anéantir symboliquement (socialement parlant) par amour. Cette humiliation volontaire peut être comparée à une pénitence, un chemin de croix métaphorique où Lancelot renonce à son honneur – c’est-à-dire à son ego – pour un idéal supérieur. De même, lorsqu’il rampe sur le pont d’épée coupante, blessé aux mains et aux pieds, beaucoup ont vu dans cette scène une imagerie christique. Lancelot y est figuré comme un martyr de l’amour, dont les plaies rappellent celles du Christ et qui, avant de s’engager sur la lame, se signe et invoque la Trinité. Il s’engage littéralement sur une voie étroite et douloureuse pour sauver une innocente captive, à l’image du rédempteur allant sauver des âmes. Bien sûr, le parallèle a ses limites – Lancelot agit par passion humaine et non par devoir divin – mais l’exaltation de vertus comme le sacrifice de soi, la fidélité absolue, ou le pardon (Guenièvre finit par absoudre son champion après son repentir) donne au récit une tonalité spirituelle indéniable.

Les objets et lieux du roman renforcent cette dimension symbolique. Le « royaume de Gorre », dont Méléagant est le prince maléfique, est aussi appelé le royaume d’où nul ne revient, évoquant un enfer terrestre ou un monde de l’au-delà. Y pénétrer et en revenir triomphalement avec la reine est pour Lancelot une sorte de descente aux enfers suivie d’une résurrection. On peut y voir une allégorie de la conquête du salut : le héros franchit les frontières de la mort symbolique (le royaume inconnu, les ponts dangereux, la prison obscure) pour ramener à la lumière celle qu’il aime. La reine Guenièvre, enlevée et comme morte aux yeux de la cour, revit grâce à Lancelot, telle une Eurydice ramenée des enfers par un Orphée chevaleresque. Par ailleurs, des épisodes comme le lit périlleux (où Lancelot doit prouver sa pureté de cœur pour ne pas être renversé par un enchantement) ou la visite d’un cimetière mystérieux suggèrent des épreuves initiatiques, où le chevalier affronte la peur, la tentation et la mort symbolique afin de se purifier et de s’affirmer digne.

La relation amoureuse elle-même est empreinte de spiritualité dans son traitement. Lancelot voue à Guenièvre un culte qui ressemble à une dévotion religieuse : il conserve une mèche de ses cheveux sur son cœur comme une relique, il pense à elle en tout temps comme à une divinité tutélaire. Son amour a toutes les caractéristiques d’une foi : élan de l’âme, abnégation, extase mystique lors de l’union, et souffrance rédemptrice lors de la séparation. En ce sens, l’amour courtois apparaît presque comme une religion alternative, avec ses règles (servir la Dame, mériter sa grâce par des épreuves) et ses récompenses (la « joie d’amour » assimilable au salut). Le fait que cet amour soit interdit (puisqu’adultère) renforce la notion de secret et de sacré : il évolue hors du monde ordinaire, dans une sphère intime inviolable. Lancelot et Guenièvre vivent leur passion comme un absolu qui transcende les lois humaines. C’est là une idée qui confine à la spiritualité lorsqu’on la détache du contexte concret. Ainsi, à travers les extrêmes de l’amour profane, Chrétien de Troyes fait également écho à des thèmes universels de la spiritualité : la quête de l’absolu, la rédemption par l’épreuve, la tension entre la chair et l’esprit.

Illustration imaginaire des symboles présents dans le roman

En définitive, la dimension symbolique et spirituelle du Chevalier de la charrette enrichit considérablement la lecture du roman. Elle permet de voir en Lancelot non seulement un preux chevalier épris, mais aussi un héros initiatique qui, par la voie de l’amour, atteint une forme d’accomplissement moral. Le roman courtois dépasse ainsi le simple divertissement : sous le voile de l’aventure exotique et romanesque, il propose une réflexion sur le sens du sacrifice, de la loyauté et de la grâce. Cette profondeur supplémentaire explique sans doute pourquoi l’histoire de Lancelot et Guenièvre a autant marqué les esprits, au point d’être reprise et amplifiée par la suite (notamment dans la quête du Graal où l’amour terrestre cède la place à une quête spirituelle explicite). Chrétien de Troyes, en alliant étroitement l’idéal chevaleresque, l’exaltation amoureuse et des résonances quasi mystiques, a donné à son roman une portée universelle qui continue d’intriguer et d’émouvoir les lecteurs des siècles plus tard.


Les personnages principaux

Lancelot est sans conteste le personnage central du roman, et Chrétien de Troyes le dépeint avec une richesse qui en a fait le modèle du chevalier courtois par excellence. Héros jeune, ardent et d’une beauté et bravoure incomparables, Lancelot représente l’idéal chevaleresque poussé à son comble, mais nuancé par une intense sensibilité amoureuse. Tout au long du récit, on le voit tour à tour triomphant et vulnérable, porté par un unique moteur : son amour absolu pour Guenièvre. Chrétien insiste sur son exceptionnelle vaillance (aucun adversaire ne lui résiste longtemps, et sa réputation de preux grandit à chaque exploit), mais aussi sur ses faiblesses humaines qui le rendent attachant. Lancelot peut faillir un instant (son hésitation initiale, source de remords), il peut souffrir et pleurer (lorsque la reine le repousse ou quand il croit la perdre), voire perdre toute raison sous l’emprise de la passion. Ces moments de doute et de détresse le distinguent d’un héros monolithique : il est un être de chair et de cœur, dont la grandeur vient précisément de ce qu’il surmonte ses faiblesses par l’amour. Par ailleurs, Lancelot est montré comme un chevalier d’une courtoisie exquise et d’une loyauté sans faille à sa dame, qualités qui le rendent profondément noble au-delà de la force brutale. En somme, Chrétien brosse un portrait complexe de Lancelot : à la fois guerrier invincible et amant transi, chevalier honoré par tous mais prêt à l’opprobre pour sa bien-aimée. Ce mélange d’héroïsme et de vulnérabilité amoureuse donne naissance à l’un des personnages les plus marquants de la littérature médiévale.

Guenièvre, la reine d’Arthur, occupe une place centrale en tant qu’objet de la quête et figure de l’amour souverain. Chrétien de Troyes la présente comme une femme de haute noblesse, belle et courtoise, mais également dotée d’une forte personnalité. Si Guenièvre apparaît d’abord passivement victime de l’enlèvement, son rôle évolue au fil du récit : elle devient le juge et le guide moral de Lancelot dans le cadre de leur relation courtoise. Exigeante jusqu’à la cruauté symbolique, elle n’hésite pas à punir son chevalier adoré pour la moindre défaillance (en lui refusant un regard lorsqu’il la sauve, afin de lui faire expier ses deux pas d’hésitation). Cette attitude, qui pourrait la faire passer pour ingrate, s’explique par les codes de l’amour courtois : Guenièvre se doit d’être « fière » et difficile à conquérir, pour éprouver la sincérité et la constance de son amant. Néanmoins, la reine n’est pas dépeinte comme insensible ou inhumaine. Chrétien montre aussi sa tendresse et son désespoir lorsqu’elle croit Lancelot mort, son soulagement immense quand il revient, et la profondeur de son affection lors de leurs retrouvailles nocturnes. Guenièvre est écartelée entre son devoir de reine (qu’elle remplit en demeurant digne, en protégeant l’honneur du roi autant que possible) et sa passion secrète. Au-delà de la fonction de « dame à sauver », elle incarne l’idéal féminin courtois avec ses paradoxes : souveraine autoritaire en amour, mais fidèle en son cœur ; vertueuse en public, mais prête à braver l’interdit pour celui qu’elle aime. Son personnage gagne ainsi en complexité et en autonomie par rapport à d’autres figures de reines plus effacées des romans du Moyen Âge.

Méléagant, l’antagoniste, est construit en contrepoint des héros positifs. Fils du roi Baudemagu, il apparaît d’emblée comme un chevalier félon et arrogant, semant le trouble à Camelot par défi. Tout en étant un guerrier redoutable, Méléagant se distingue par sa perfidie : il n’obéit pas aux lois de l’honneur chevaleresque. Lâche dans ses méthodes (il prend la fuite après avoir abattu le cheval de Lancelot, préfère les pièges et les traîtrises à un combat loyal), cruel envers les plus faibles (il maltraite le sénéchal Kay déjà blessé, humilie les prisonniers) et animé par une obsession de vaincre Lancelot par tous les moyens, ce personnage incarne le désordre et la malveillance. Chrétien ne lui accorde guère de qualités sympathiques, mais en fait un adversaire tenace qui rehausse par contraste la valeur du héros. Méléagant est aussi un fils indigne : son père Baudemagu, monarque bien plus honorable, désapprouve ses procédés malhonnêtes. Cette opposition familiale souligne par ailleurs le libre arbitre du méchant, qui choisit la voie de la violence injuste et de la transgression des règles chevaleresques. Jusqu’au bout, Méléagant reste fourbe : il va jusqu’à enfermer Lancelot pour l’empêcher de tenir son rendez-vous, ce qui rend sa défaite finale pleinement satisfaisante sur le plan moral. Il meurt comme il a vécu, frappé par la justice du meilleur chevalier. En tant que personnage, il remplit parfaitement son office de « méchant » du roman courtois : catalyseur de l’intrigue (par l’enlèvement initial) et repoussoir éthique (tout ce que Lancelot n’est pas). Sa noirceur sans nuances tranche avec la luminosité morale du héros et de l’héroïne.

Gauvain, chevalier de la Table Ronde et neveu du roi Arthur, joue dans Le Chevalier de la charrette un rôle de second protagoniste et de contrepoint à Lancelot. Réputé dans la littérature arthurienne pour sa courtoisie et sa bravoure, Gauvain est ici présenté comme un chevalier exemplaire, quoique moins « hors norme » que Lancelot. Il représente en quelque sorte la chevalerie dans sa sagesse et sa modération : lorsque Lancelot se précipite tête baissée guidé par l’amour, Gauvain apparaît plus rationnel et attaché aux convenances. Son refus de monter dans la charrette (qu’il juge une pure folie indigne) le montre attaché à l’honneur traditionnel. Tout au long de la quête, Gauvain se bat lui aussi courageusement (il ne démérite pas, franchissant le pont sous l’eau et continuant la recherche même blessé), mais son parcours reste dans l’ombre de celui de Lancelot. Chrétien de Troyes lui accorde toutefois un traitement respectueux : Gauvain n’est jamais tourné en ridicule, il demeure vaillant, loyal au roi et prêt à aider Lancelot dès qu’il le pourra. Simplement, l’aventure amoureuse extraordinaire de son compagnon le relègue au second plan et souligne par contraste la singularité de Lancelot. Gauvain incarne la figure du chevalier « classique », idéal également mais sans l’élément passionnel qui transcende Lancelot. En ce sens, son personnage est indispensable à l’équilibre du récit : il offre une référence constante au code d’honneur chevaleresque ordinaire, grâce à laquelle les écarts et exploits de Lancelot apparaissent d’autant plus remarquables. Au dénouement, Gauvain reconnaît d’ailleurs volontiers la supériorité de Lancelot, preuve de son humilité et de sa noblesse d’âme.

Personnages secondaires et figure du roi Arthur : Si Lancelot, Guenièvre, Méléagant et Gauvain dominent l’histoire, Chrétien de Troyes s’appuie aussi sur une galerie de personnages secondaires significatifs. Le roi Arthur lui-même est relégué à l’arrière-plan, décrit comme un souverain courtois mais passif : il laisse ses chevaliers relever les défis en son nom, et n’intervient concrètement qu’à la fin pour accueillir le duel judiciaire. Cette distance du roi (respectueuse de l’autonomie de ses chevaliers) permet à l’amour adultère de se déployer sans confrontation directe. On note également la présence du sénéchal Kay, dont l’audace initiale sert de déclencheur à l’intrigue (il demande à combattre Méléagant et échoue). Kay est ici fidèle à l’image que lui donnent les romans : vaillant mais imprudent, il paye cher son excès de confiance en étant vaincu et blessé, ce qui justifie l’intervention de Lancelot. Le roi Baudemagu, quant à lui, est dépeint comme un païen courtois et juste, respectueux des règles de l’hospitalité et de l’honneur : il contraste avec son fils Méléagant et gagne la sympathie du lecteur par sa sagesse (il protège Guenièvre des atteintes de son fils et veut la restituer selon l’accord). Ce personnage modère la noirceur du camp adverse et démontre que la chevalerie n’est pas l’apanage d’Arthur et de ses hommes. Enfin, en coulisse, la fée Morgane est évoquée comme ennemie malveillante (envoyant un faux message à la cour), ce qui annonce peut-être des développements dans d’autres branches du cycle arthurien. L’ensemble de ces figures, même secondaires, contribue à donner du relief au monde romanesque et à mettre en valeur les vertus des protagonistes principaux. En définitive, chaque personnage, du preux chevalier au traître, trouve sa place et son utilité dans l’économie du récit, rendant Le Chevalier de la charrette aussi vivant qu’équilibré dans sa galerie de portraits.

En conclusion, Le Chevalier de la charrette se présente comme une œuvre d’une grande richesse, mêlant l’aventure épique à l’exploration subtile des sentiments et des valeurs. Par son contexte de création novateur, son exaltation de la chevalerie et de l’amour courtois, ses audaces morales et sa profondeur symbolique, le roman de Chrétien de Troyes a marqué un tournant dans la littérature médiévale. L’histoire de Lancelot et Guenièvre, au-delà du simple récit d’un sauvetage, devient sous la plume de Chrétien le support d’une réflexion sur l’honneur, le sacrifice et la puissance rédemptrice de l’amour. L’intérêt durable que suscite cette aventure, plus de huit siècles après sa composition, témoigne de la réussite de l’auteur à créer un univers cohérent et émouvant, où l’humain – avec ses faiblesses, ses élans et ses idéaux – occupe la place centrale. Le Chevalier de la charrette demeure ainsi une pierre angulaire du mythe arthurien et de la tradition du roman courtois, un texte qui continue d’inspirer lectures et interprétations par sa modernité sous-jacente et son souffle poétique indéniable.


📕 Le résumé du livre



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