LES PETITES ANALYSES

💡 Vous pouvez d’ores et déjà retrouver les œuvres de Charlie sur son compte Instagram

Bonjour Charlie et bienvenue sur Les Petites Analyses ! Vous êtes la première à vous faire tirer le portrait pour ce nouveau rendez-vous baptisé Dans l’atelier où l’art et le processus créatif seront au cœur d’une interview, que nous espérons, sans concession ! Si vous êtes prête à passer sur le grill, déposez vos pinceaux et dites-nous : Qui êtes-vous Charlie ?

J’espère ne jamais vraiment le savoir! Je ne vous répondrai pas via ma catégorie socio-professionnelle alors je dirais que je suis une personne sensible et angoissée.
Mon angoisse est mon moteur dans la vie, et à défaut de l’annihiler, je m’en sers comme carburant pour créer.
Sinon, j’habite dans une maison en Ariège où je m’occupe de mes brebis et mes poules. Quand le soir arrive je m’enferme dans mon atelier pour peindre, cela m’aide à dormir.

Toujours en parlant de qui vous êtes, votre nom d’artiste Charlie Hanabi m’a directement interloqué. Est-ce qu’il y a une origine ou une histoire particulière derrière ce nom ?

J’ai regardé le film de Takeshi Kitano Hana-Bi durant une nuit du cinéma au Mirail quand j’étais à la fac, j’ai pris une claque ! Et ce feu qui éclate, c’est criant de poésie tout de même.
Pour Charlie je ne sais pas…

Remontons maintenant un peu dans le temps. Le dessin est l’une des activités préférées des enfants. Certains abandonnent cette occupation en grandissant tandis que pour d’autres, cela devient un élément constitutif de leur nature. Je ne pense pas me tromper en avançant que vous faites partie de la deuxième catégorie. Qu’est-ce qui vous poussait à dessiner quand vous étiez petite ? Et, est-ce que ce sont toujours les mêmes raisons maintenant que vous êtes adulte ?

Je ne savais pas comment sortir ce qui se mouvait en moi, comment le structurer pour trouver l’apaisement. J’avais bien essayé d’écrire des poèmes mais la matière n’était pas assez palpable, alors j’ai choisi la peinture. Elle laisse la place à l’errance et en même temps elle se produit dans l’urgence de vouloir dire quelque chose.

Je peins toujours pour les mêmes raisons, peut-être car je ne suis pas encore adulte, dieu merci.  

Quand je regarde vos œuvres, je vois que cela dépasse le cadre du dessin. Vous semblez utiliser différentes techniques mais aussi des matières variées pour créer vos tableaux. Quelles sont les matières, les supports et le matériel que vous aimez utiliser quand vous êtes en pleine création ? 

Je ne voulais pas commencer à rentrer dans une frénésie d’achat de produits et ustensiles de qualité. J’utilise les choses que j’ai sous la main, le papier cuisson, le sel, la colle liquide, la chaleur du soleil. Cela rend mes œuvres immortelles, elles suintent, elles bavent, … elles vivent!

D’ailleurs, vos compositions mettent souvent des corps et des visages en exergue mais l’art abstrait n’est jamais bien loin. En regardant de plus près, je me suis demandé ce qui nourrissait vos œuvres en premier, la forme humaine ou l’abstraction ?

Je ne sais jamais ce que je vais peindre quand je commence une toile, c’est vraiment très primaire, je dirais que c’est un mélange des deux ? On pourrait parler d’abstraction humaine.

Les formes me renvoient toujours à mon fil d’angoisse et de peur de tomber dans la folie.

Êtes-vous d’accord avec cette citation du styliste italien Nino Cerutti : « La liberté est la première source d’inspiration pour un créatif » ?

C’est une belle citation, mais elle ne correspond pas, je crois, à mon processus créatif. La liberté c’est, pour moi, avoir le temps et le choix. Pour être libre il faut en avoir les moyens culturels, matériel !

Ma création enfante plutôt dans la douleur, je ne me sens pas libre mais plutôt aliénée à ce cycle de création qui apaise temporairement mon angoisse.

De manière générale qu’est-ce qui vous inspire ?

Mes cauchemars, ma famille et mes rencontres. En général, ce sont les odeurs des gens ainsi que leur posture qui me restent en tête.

Comment décririez-vous votre processus de création ? D’où vous vient l’idée initiale quand vous commencez une œuvre ?

Je commence par créer un environnement en travaillant les couleurs et la matière, je mélange eau, colle, sel et acrylique et j’y appose du papier cuisson. J’attends quelques jours et en fonction du résultat je crée mon personnage.

Les personnes, comme moi, qui ne sont pas artistes ont, parfois, une vision romancée de la création artistique mais je suppose que tout n’est pas rose. Quels sont les obstacles que vous rencontrez quand vous créez ?

Parfois il y a une différence entre l’image projetée et celle qui apparaît sur la toile, la difficulté est aussi de savoir quand s’arrêter, quand une œuvre est-elle terminée ?  

Sinon le métier d’artiste est complexe. J’exècre jouer au jeu des réseaux mais si je compte sur les expositions pour donner à voir mes toiles je ne suis pas sortie du sable.

Une question directe : si votre dernier tableau pouvait parler, que pensez-vous qu’il dirait de vous ?

Laisse-moi m’éteindre !

Vous êtes aussi urbaniste avec une spécialisation dans l’économie circulaire. Est-ce que je me trompe si je vois un dénominateur commun (la réutilisation de matières) entre ce métier et vos créations artistiques ?

Non, du tout ! Comme dans mon métier je tente de ne pas créer de déchets et de ne pas utiliser trop de matière, il m’arrive aussi de réutiliser des œuvres pour en créer de nouvelles, cela permet aussi de désacraliser l’œuvre.

Pour en revenir à l’art de manière générale, la définition du mot n’a jamais trouvé de consensus et je remarque que nous avons toutes et tous une interprétation différente du mot « art ». Qu’est-ce que l’art signifie pour vous ?

Un bateau ivre…

Avez-vous des conseils à donner aux jeunes artistes ?

N’attendez pas l’équilibre économique si vous voulez être artiste, si vous souhaitez en faire votre métier il faudra devenir artisan.

Et aussi, préservez-vous du regard et du jugement des sachants !

Où pouvons-nous voir vos œuvres ?

Uniquement sur Instagram, à mon grand désarroi. J’informe sur ce réseau social les expositions que je réalise.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite de votre aventure artistique ?

De continuer à cheminer à travers la matière et de partager mon processus créatif avec les autres artistes.