Il fut un temps où l'eau dégoisait
le son d’une liberté fraîchement recouvrée
à travers le robinet porte-voix :
Et glou et glou et glou … !
Elle déversait ses milliers de notes
au beau milieu d'un champs de bataille
où s'amoncelait les vestiges de la veille,
un bric-à-brac en inox oxydé.
Le quartier général de la casserole
subissait l'assaut des fourchettes sales
tandis que les verres à vin agonisaient,
sur le flanc, aux côtés d'assiettes mortes.
Cette guerre de l'Évier dura des années
et fut le théâtre de scènes apocalyptiques
où les mains calleuses allaient au front,
récupérer la vaisselle en perdition.
Dès la nuit tombée, le son de l'or bleu
annonçait les hostilités et douchait
les espoirs de notre ennemi crasseux ;
nous étions tous deux en première ligne.
Tu t'occupais des missions d'exfiltration
et j'astiquais les tasses à l'anse meurtrie.
parfois, mes doigts venaient en renfort
caresser la douceur de ta nuque.
Ils s'aventuraient dans ta chevelure,
provoquant un indécent corps-à-corps
tandis que l'ultime écume de mousse
se faisait aspirer par le syphon nettoyé.
Le frisson qui parcourait ton corps
annonçait la fin de l'opération commando ;
tu m'offrais alors tes lèvres entrouvertes
que j'étanchais d'un baiser infini.
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