Qu’il est important l’art du haïku à une époque qui ne jure que par le bruit et l’artifice. Cette forme poétique héritée de la littérature classique japonaise est un produit de luxe puisqu’elle exige une ressource précieuse : Le temps. Celui qui nous permet d’apprécier la vie dans son plus simple appareil et de se reconnecter au monde. Loin des écrans de fumée qui s’agitent avec frénésie et des promesses miraculeuses, le haïku ne s’occupe que de l’essentiel. Il est l’antithèse de la modernité car il est indémodable.

Le recueil de Florence Issac : Guérir en haïkus (1) reprend cette tradition japonaise qui démêle le nœud des mots et le vacarme des phrases parasites afin de rendre la vérité d’un moment. Les haïkus de l’auteure vont droit au cœur. Ils disent la beauté d’un instant, la souffrance d’un autre. Ils croquent l’existence dans ce qu’elle a de plus authentique. Ces petits poèmes ont un pouvoir apaisant pour peu qu’on les laisse entrer en nous. Pour cela il faut juste arrêter de s’agiter et se laisser bercer par les mots.

 « Nature subtile

L’homme têtu ne peut comprendre

Il suffit d’aimer


Un ciel de plomb

De ce flux d’informations

Comment s’isoler ?


Trop de prétention

À vouloir tout connaître

Nous tuons le sacré » (2)

Florence Issac a écrit cette panoplie de haïkus durant les années 2020 et 2021. C’est-à-dire à un point de bascule entre le monde d’avant et notre désormais normalité. Une poignée de mois nous sépare de cette légère insouciance qui ne connaissait pas les pandémies et pourtant cela nous semble déjà si loin. L’avant coronavirus semble s’être déroulé il y a des décennies. C’est en lisant ces haïkus que l’on se rend compte qu’ils peuvent nous aider à prendre de la distance face aux événements que nous rencontrons. Ils sont cette bouffée d’oxygène face à l’accélération du progrès et l’auteure a su susciter l’émotion au fil des pages. Une émotion qui ne déborde pas mais qui se traduit par une recherche de sincérité. Telle est la vertu de certains haïkus.

J’aurais tort de conclure cette chronique sans parler des aquarelles de Catherine Morisseau qui accompagnent les petits poèmes de l’auteure. Des illustrations toujours à propos, laissant la place à l’imagination, et qui s’associent à sensibilité du texte.

À bientôt 😉


(1) ISSAC F., Guérir en haïkus – Éloge du sacré, Édition L’Échappée Belle, 2021.

(2) Ibid., P.35


Pour aller plus loin


6 réponses à « Guérir en haïkus | Florence Issac »

  1. J’aime Bien !!

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  2. « Guérir en haïkus »,
    toucher avec les yeux et le cœur
    écouter le silence
    embrasser la nuit
    par amour pour la lumière.
    Merci, Johan pour ce moment de bonne respiration, échappée belle !
    (Connais-tu Florence Issac ? Connaît-elle tes écrits ?)

    Aimé par 1 personne

  3. « Guérir en haïkus »
    toucher avec les yeux et le cœur
    écouter le silence
    embrasser la nuit
    par amour pour la lumière.
    Merci Johan pour cette bonne respiration, échappée belle !
    Diana

    Aimé par 1 personne

  4. je suis fan de Haikus alors je vais tenter la lecture immédiatement je trouve intéressant que les auteurs et poètes occidentaux s’emparent du genre

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